Aujourd’hui converti en salle de spectacles pour des concerts, du théâtre ou des soirées d’affaires, Le Silo a d’abord servi pendant plus de 50 ans comme silo à grains pour les activités portuaires et industrielles de la ville. Bâtiment phare du secteur Euroméditerranée, il attire l’œil et la curiosité de par son architecture si particulière.
C’est en 1927 que le silo ouvre ses portes à Marseille pour répondre à l’accroissement des volumes de céréales en transit sur le port et l’archaïsme de la manutention. Dès lors, il est décidé de doter la ville d’un silo à grande capacité. C’est l’entreprise Froment-Clavier de Paris qui a en charge la réalisation de l’ouvrage, commandité par la Compagnie des Docks et les Entrepôts de Marseille.
Le résultat fait du silo marseillais un symbole de modernité. Avec ses 16 000 m² de surface, c’est l’un des plus gros silos portuaires de l’époque. Construit sur pilotis, il se compose à l’intérieur de 57 fûts cylindriques verticaux hauts de 18,5 mètres où s’intercalent 42 petites cuves. Pour puiser le grain contenu dans les cales des navires accostés près du silo, des aspirateurs reliés au bâtiment étaient utilisés. Les céréales passaient par un circuit automatisé avant d’être réparties dans les cellules. Les camions étaient ensuite chargés sous les pilotis.
Cet équipement combiné à une desserte directe par voie ferrée et par axes routiers et sa connexion avec le port en fait un atout économique indéniable. Il restera en activité pendant plus de 50 ans sans interruption. Au cours des années 1980, le Silo commence à devenir inutile, lorsque l’activité du port de Marseille décroît en raison notamment de la décolonisation et de la mondialisation. Il cessera son activité en 1984.
Vers une reconversion plutôt qu’une destruction
S’en suivent alors une quinzaine d’années « d’errance » pour l’ancien silo à grains. Avec tout de même quelques frayeurs puisque, entre 1994 et 1999, suite aux réaménagements du port et l’opération de rénovation urbaine Euroméditerranée, la destruction du bâtiment est envisagée. Des voix s’élèvent alors pour la conservation de l’édifice et une reconversion plutôt qu’une démolition.
En 2000, la mairie lance alors un appel à projets dans ce sens, remporté par la Sogima (Société de gestion immobilière de la Ville de Marseille). Deux architectes ont en charge chacun une partie de la réhabilitation du silo : Roland Carta pour la salle de spectacle et Éric Castaldi, à qui l’on doit notamment la rénovation des Docks ou de la Station Alexandre, qui réalisera un espace bureau. Un restaurant en terrasse sur le toit avait été prévu mais n’a finalement pu être réalisé.
La labellisation du Silo comme « Patrimoine du 20e siècle », en 2004, a rendu obligatoire de garder l’architecture initiale du bâtiment dans sa réhabilitation. Les travaux démarrent en 2007 et dureront au total quatre ans, avant la réouverture de l’établissement le 21 septembre 2011. Au total, le coût de la réhabilitation du Silo s’est élevé à 30,1 millions d’euros.
L’émergence de la salle de spectacle
Concernant la partie accueillant la salle de spectacles, la transformation n’a pas été une mince affaire car il a fallu répondre à diverses problématiques au cours des travaux. Tout d’abord vider le bâtiment de ses fûts cylindriques de 18,5 mètres de haut organisés en nid d’abeilles. Pour éviter de fragiliser la structure, l’ensemble a été tronçonné, certaines cellules conservées pour soutenir les parois et des poutres transversales ont été placées en renfort.
Il a ensuite fallu trouver une solution sur la gestion du public et notamment leur circulation dans le bâtiment. Il a alors été décidé de les faire accéder à la salle de spectacle par la tour nord, celle où se trouve aujourd’hui les différents escaliers et escalators. Autre défi à ne pas rater : l’acoustique. Pour cela, les parois intérieures du silo ont été recouvertes d’un plaquage de lamelle de bois de différente densité pour absorber les éventuelles réverbérations.
Aujourd’hui, la salle de spectacle est polyvalente et modulable en fonction des événements qui s’y déroulent tels que des ballets, des concerts, des représentations de théâtre ou même des événements d’affaires. Son architecture avec ses trois balcons est comparable à l’Olympia parisien et peut accueillir jusqu’à 2 100 personnes. En moyenne, 80 spectacles ont ainsi lieu chaque année au Silo.
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Par Agathe Perrier