Dans le cadre du salon Rebel Rebel dédié au fanzine, publication indépendante et autoéditée, des jeunes du quartier de la Busserine (14e) ont participé à un chantier éducatif. Le but : réaliser une structure en bois où seront disposés les magazines pendant le salon. Une opération qui leur permet de se rapprocher du monde du travail et de la culture qui leur sont souvent inconnus.

Trois jeunes âgés de 16 à 18 ans ont ainsi monté, en cinq jours de travail, un module en bois conçu par les artistes Marc Roig Blesa et Rogier Delfos qui servira à exposer les fanzines lors du salon Rebel Rebel, les 14 et 15 octobre prochains au FRAC. Diverses parties constituent la structure dont certaines pourront même être utilisées pour s’asseoir ou s’allonger tout en feuilletant l’un des différents magazines imprimés.

, Un chantier éducatif pour rapprocher de jeunes Marseillais du monde du travail et de la culture, Made in Marseille
Trois jeunes Marseillais réalisent la structure en bois qui sera exposée lors de Rebel Rebel © AP

Dans le cadre de ce chantier éducatif, les trois jeunes ont été placés dans les conditions réelles de l’embauche : visite médicale, mise à jour administrative au niveau de la sécurité sociale, signature de contrat avec objectifs à atteindre… « Le but est de faire travailler les jeunes pendant quelques jours afin qu’ils gagnent de l’argent tout en les mettant dans de vraies conditions de travail », précise l’un des animateurs de l’ADDAP13, l’association départementale pour le développement des actions de prévention, en charge du chantier éducatif.

Si les trois jeunes de la Busserine qui participent au chantier éducatif des fanzines sont tous actuellement en formation dans divers domaines, ce n’est pas toujours le cas. Pour d’autres chantiers, certains sont en décrochage scolaire et le dispositif a aussi pour but de les orienter dans le choix d’un métier et de les rapprocher du monde du travail. Pour autant, les chantiers ne doivent pas être une fin en soi mais un tremplin pour l’avenir, un élément que ne cessent de rappeler les animateurs.

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Les chantiers éducatifs ont pour but d’orienter des jeunes en décrochages vers un métier ou de permettre à des jeunes en formation de gagner de l’argent © AP

Des jeunes motivés par le travail du bois

C’est en voyant d’autres jeunes de la Busserine travailler sur des chantiers éducatifs que Yahaya, Madi et Said ont découvert ce dispositif. Au départ un peu réfractaires, les trois garçons ont fini par accepter de participer eux aussi à un chantier, qui s’est révélé finalement plaisant à leurs yeux. « De base, je n’étais pas trop intéressé, mais finalement je prends plaisir à manier le bois », confie Said, en formation pour devenir moniteur éducateur. « Le travail manuel me plaît bien, et aussi le fait de travailler en groupe avec des gens que je connais », ajoute Yahaya, en formation de chauffeur routier.

L’aspect financier entre également en jeu pour ces jeunes. « Avant je ne pensais pas au travail, mais j’ai eu besoin d’argent et j’ai préféré faire un chantier plutôt qu’autre chose pour en gagner. Ça me fait bizarre le soir de rentrer tôt pour aller dormir car le lendemain matin je dois me lever pour travailler ! Mais j’aime bien ce rythme de vie et ça fait plaisir à ma mère, donc je suis content », raconte Madi qui prépare un bac pro en maintenance industrielle.

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Les jeunes Marseillais ont appris à travailler le bois, pour la première fois pour certains d’entre eux © AP

Installés au Fonds Régional d’Art Contemporain (FRAC), pendant les cinq jours de chantier, les trois jeunes ont pu découvrir quelques œuvres exposées et se rapprocher du domaine de la culture. Parfois une première pour eux. « C’est rare que des jeunes des quartiers sensibles fassent des choses pour les musées. Pour moi, c’est comme si je représentais le quartier en participant à ce chantier », explique Said.

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Des fanzines aussi réalisés par les jeunes

En plus de la structure en bois montée par Yahaya, Madi et Said, ce sont aussi des fanzines complets réalisés par des élèves du collège Édouard Manet (14e) qui seront exposés pendant le salon Rebel Rebel. Tout au long de l’année, des collégiens ont ainsi travaillé sur divers thèmes comme le football, la science ou la recherche au cours d’ateliers qui leur ont permis de créer huit publications différentes. En plus, un petit groupe d’élèves qui n’a pas la chance de partir en vacances cet été a participé à un autre atelier avec Marc Roig Blesa et Rogier Delfos qui a donné naissance à un autre fanzine sur le thème « travail et non-travail ».

« Le fanzinat est abordé à travers deux axes que sont l’écriture (poésie, entretien, écriture de soi) et la pratique artistique (graffiti, dessin ; photographie, sculpture). Des univers plutôt éloignés des préoccupations de ces jeunes mais l’intérêt est de les faire entrer de manière collective dans un projet de création artistique par le biais de ce nouveau médium, très libre, expérimental, qui accepte les erreurs et encourage la créativité et l’innovation », souligne Laura Morsch-Kihn, co-directrice artistique du projet et co-directrice du salon Rebel Rebel.

Toutes les publications seront ensuite présentées sur le module en bois et libre d’accès les 14 et 15 octobre 2017 pendant le salon Rebel Rebel qui aura lieu au FRAC PACA. L’occasion de découvrir la vision du travail de ces jeunes Marseillais, leur créativité et leur sens artistique au travers d’un objet original et personnel.


Ce chantier éducatif a été réalisé dans le cadre de la résidence Publication Rebel Rebel avec les artistes Marc Roig Blesa et Rogier Delfos et leur projet Ecole de photographie populaire Marseille autour des notions de travail et de non-travail.
Direction artistique : Laura Morsch-Kihn
Production : fondation Logirem
Co-production : FRAC PACA
Par Agathe Perrier

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