Le Marché d’Intérêt National (MIN) de Châteaurenard se modernise et devient le «MIN de Provence». La région PACA et le département des Bouches du Rhône se sont engagés pour le projet à hauteur respectivement de 20 et de de 28 millions d’euros, avec pour ambition de faire de ce MIN le «Rungis de Provence». Livraison définitive prévue en 2021.
C’était dans l’air du temps depuis de nombreuses années. L’actuel MIN de Châteaurenard va se redéployer, moderniser sa plateforme et devenir ainsi le MIN de Provence. Il sera construit sur une Zone d’Aménagement Concerté (ZAC) de 35 hectares à mi-chemin entre Châteaurenard, Noves et l’aéroport d’Avignon. «Le projet ne se concrétisera pas au détriment des terres agricoles», explique Jérémy Becciu, directeur du MIN, «pour chaque hectare pris par le projet, un hectare sera rendu à l’agriculture.»
Un territoire agricole
Martine Vassal, Présidente du Conseil départemental des Bouches-du-Rhône, s’est réjouie de la concrétisation de ce projet : «Cela permettra de dynamiser toute l’agriculture des Bouches-du-Rhône, déterminante pour l’emploi et la vitalité de l’économie du territoire.»
De son côté Christian Estrosi, alors toujours à la tête de la région, a déclaré : «Afin de faire de notre terre un territoire d’excellence dans le domaine de la naturalité et des produits agricoles de qualité, de générer du développement économique et de créer des emplois, nous avons besoin de projets de l’ampleur du projet de « Grand MIN de Provence ».
Dans le département, l’agriculture occupe une place de choix, c’est un secteur primordial de son économie puisque 148 000 hectares sont consacrés à cette activité, ce qui représente 4900 exploitations pour 18 000 emplois directs. Mais le secteur paraît de plus en plus nécrosé et fragilisé, notamment par la législation européenne. Pourtant, avec 2 millions d’habitants et encore plus de touristes, les consommateurs potentiels ne manquent pas, des consommateurs d’ailleurs de plus en plus sensibles au «consommer local», mais malgré cela, le nombre d’agriculteurs ne cesse de baisser.
Cette initiative pourrait donc permettre de restructurer cette filière en misant sur le durable et le local à travers la distribution en circuits courts et les produits biologiques notamment. Mais aussi de créer de l’emploi : le grand MIN de Provence devrait accueillir plus de 1500 salariés et, parmi eux, près de 900 emploi seront crées. Cela sans compter les emplois indirects induits par les travaux qui s’étaleront sur plusieurs années.
Diversification de l’offre
Ce nouveau MIN permettra également d’augmenter encore l’attractivité du territoire et d’investir le marché national voire international. «En quête d’approvisionnements de terroir et de qualité, Rungis manifeste aussi son intérêt, compte tenu des volumes de fruits et légumes que notre bassin peut fournir», explique Bernard Reynes, Président de Terre de Provence et député-maire de Châteaurenard. L’activité de ce nouveau MIN reposera essentiellement sur la vente de fruits et légumes, son cœur de métier historique, mais aussi sur les produits de l’agroalimentaire à destination du marché régional.
Si les travaux devraient s’étaler sur plusieurs années, un pôle bio sera mis en place dès 2018, avec l’arrivée annoncée de Biocoop via la création d’une plateforme de 25 000m2 sur le territoire de Noves, de quoi attirer dans son sillage de nombreux autres jeunes agriculteurs bio. Pour se faire, de nouvelles infrastructures seront construites spécialement pour la filière Bio. Une filière qui est en plein essor et pour laquelle la demande des consommateurs est de plus en plus forte.
Un autre pôle, logistique, devrait être livré courant 2019 et permettra de regrouper les acteurs disséminés un peu partout et réaliser, ainsi, des économies d’échelle. «Nous favorisons les optimisations pour que toute la filière en bénéficie», précise Jérémy Becciu, « Ils pourront mettre en oeuvre des solutions mutualisées, par exemple sur la gestion des déchets.»
Améliorer les infrastructures et l’accessibilité
Ce MIN nouvelle génération sera donc un véritable levier de croissance et d’emplois. Il permettra, en outre, d’améliorer le quotidien des habitants, car la situation du MIN actuel cause de nombreuses nuisances pour la ville. Cependant, la future réussite de ce marché ne pourrait être rendue possible que si des aménagements routiers conséquents étaient effectués afin de désenclaver la zone et de la rendre plus accessible aux visiteurs et salariés. Cette nouvelle zone de plusieurs dizaines d’hectares sera donc reliée aux grands axes routiers grâce au prolongement de la liaison Est-Ouest (LEO) et la requalification de la départementale RD570 entre Arles et Graveson. 17 millions d’euros seront injectés par le département des Bouches-du-Rhône afin de mener à bien ces travaux et s’assurer que le MIN de Provence sera correctement desservi.
D’ici quelques années, la région aura donc un marché d’intérêt national de premier plan qui devrait profiter à de multiples acteurs du territoire et au delà. Cela aura des répercussions positives également pour les autres MIN de la région qui disposent, eux, d’autres atouts et pourront donc travailler ensemble, en toute complémentarité et profiter ainsi des retombées économiques qui ne se limiteront pas à un seuls de ces marchés, ou une seule partie du territoire.