Les entreprises du Technopôle de Château Gombert (13e) lancent l’opération « Dégun sans stage ». L’objectif : proposer 100 stages aux 400 élèves de 3e de quatre collèges du 13e arrondissement, situés en zones prioritaires dit REP+ pour faire « tomber les barrières ».
Une mobilisation contre les préjugés
Aujourd’hui, tous les collégiens de 3e doivent effectuer un stage d’une semaine, dite « d’observation », entre décembre et janvier de l’année scolaire. Un stage d’observation qui peut révéler des vocations, conforter les jeunes dans leur projet professionnel ou encore… les décevoir.
C’est le constat dressé dans les collèges Rostand, Renoir, Mallarmé et Prévert, tous les quatre situés en REP+ (zone d’éducation prioritaire plus), dans le 13e arrondissement de Marseille. Gilles Blondel, Principal du collège Edmond Rostand, s’aperçoit depuis quelques années que de nombreux collégiens de son établissement réalisent leur stage dans les commerces de proximité, dans des épiceries ou encore des snacks. Au final, « tout le monde trouve un stage, mais pour la plupart, c’est par dépit », affirme Christophe Baralotto, président de l’entreprise Provepharm Solutions.
Avoir plaisir à aller travailler ? Une idée inconcevable pour la grande majorité des collégiens, constate Gilles Blondel, « j’ai vécu l’expérience personnelle d’une collégienne de mon établissement qui était en décrochage scolaire en 4e mais qui, après avoir effectué son stage a été surprise de voir que le personnel était content de venir travailler ». Une élève revenue transformée tant au niveau de son comportement à l’école que dans ses ambitions professionnelles. Le stage d’observation est un cap important selon le Principal du collège E. Rostand car il « booste l’envie de poursuivre des études et de faire le métier souhaité ». Une triste réalité où les jeunes issus des quartiers Nord s’imposent eux-mêmes une « autocensure » tant au niveau des études que des entreprises ciblées, poursuit-il.
Faire le ménage, ranger des cartons ou plier des vêtements
Une mère d’élève est venue assister à la présentation de l’opération « Dégun sans stage ». « Je saurai à qui m’adresser lorsque ma fille cherchera un stage, pour le moment elle est en 5e mais c’est important de savoir que cela existe », estime-t-elle. Venue accompagner ce jour-là deux collégiens en classe de 3e, elle déplore les nombreux refus catégoriques auxquels font face les enfants des quartiers.
À force de portes fermées, les collégiens se dirigent vers des stages qui ne correspondent pas du tout à leurs ambitions. Ce jour-là, Seifdine, un élève en 3e au collège Renoir est venu découvrir le projet « Dégun sans stage ». Lui, nous raconte avoir fait son stage en décembre 2016 dans une agence d’intérim. « Moi, je voulais faire un stage au centre de formation professionnelle de l’OM car je fais du foot, j’aime le sport et les métiers qui bougent. Mais dans cette agence, je me suis retrouvé assis derrière un écran toute la journée et à ranger des cartons, ça ne m’a pas plu ». Une expérience dont il a su malgré tout en tirer des bénéfices, « j’ai appris à présenter un CV et à comprendre qu’il est très important de multiplier les chances et ne pas s’arrêter à une seule entreprise ».
Objectif « Dégun sans stage »
L’opération « Dégun sans stage » est un défi collectif lancé à l’ensemble des acteurs du Technopôle de Château Gombert, entreprises et collèges du 13e arrondissement de Marseille. Le projet impulsé par l’entreprise Provepharm et soutenu par Marseille Solutions mobilise 170 entreprises du Technopôle de Château Gombert. Dans un premier temps, le collectif espère proposer 50 stages pour l’été 2017 et 50 autres pour la rentrée scolaire prochaine. À ce jour, l’opération « Dégun sans stage » totalise à son compteur 14 promesses de stage (un compteur en temps réel disponible sur le site www.degunsansstage.fr).
Une opération qui tombe à point
Le projet semble faire des ravis. Et ce n’est pas la Principale du collège Jacques Prévert qui dira le contraire, Madame Thomas. « C’est la première fois que des entreprises viennent à nous, il s’agit là d’une vraie main tendue aux collégiens », félicite-t-elle. Elle accueille le dispositif avec un engouement qu’elle ne cache pas. L’opération permettra aux élèves d’aller vers des structures « plus solides en termes d’image et de perspectives », car « beaucoup d’entre eux ne connaissent pas la plage, il y a une sorte de frontière à Frais Vallon ou Malpassé de laquelle ils ont du mal à en sortir ».
« On peut intégrer ces entreprises dont on ne voit que les façades », affirme Christophe Baralotto avant de céder sa place à Audrey Pic, Attachée territorial à la Direction de la compétitivité du territoire Marseille Provence Métropole. Elle illustre la situation de la manière suivante : « le Technopôle est comme un quartier, situé à la fois entre les cités des quartiers Nord et le petit village de Château Gombert, et l’objectif est de lier l’urbain d’un côté et le pôle technologique de l’autre ».
« Dégun sans stage c’est de l’énergie et de la mobilisation car collectivement on est toujours plus forts. Mais le plus gros du travail reste à venir : faire connaître le dispositif », conclut Christophe Baralotto.