Vendredi 10 février, trois députés européens de la circonscription du Sud-Est du Parlement européen ont répondu aux questions des habitants provençaux au cours d’un débat citoyen, avec pour objectif de dialoguer sur les enjeux qui galvanisent les médias : l’élection de Trump, le Brexit ou même le rôle de l’Europe dans le contexte politique international.

Parmi les thèmes abordés : faut-il tendre vers une Europe « plus sociale et solidaire » et quelles réponses peut donner l’Union européenne face aux changements liés aussi bien au Brexit qu’aux élections américaines de novembre dernier.

Ce débat citoyen intervient en milieu de mandature des eurodéputés, qui ont été élus en 2014 par suffrage universel pour une durée de cinq ans. Sur les 13 députés européens de la circonscription Sud-Est, trois ont répondu à l’appel de cet événement : Sylvie Goulard, du groupe Alliance des Démocrates et des Libéraux pour l’Europe (ALDE), Sylvie Guillaume, de l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates du Parlement européen (S&D) et Marie-Christine Vergiat, du groupe confédéral de la Gauche unitaire européenne/Gauche verte nordique (GUE/NGL).

Les deux thèmes choisis, « Vers une Europe plus sociale et solidaire ? » et « Quelle Europe pour les citoyens face aux changements ? », ont été sélectionnés en fonction des résultats du Parlemètre 2016 du Parlement européen réalisé dans les 28 États membres de l’Union européenne en octobre 2016. Un baromètre réalisé chaque année qui permet de connaître la perception qu’ont les différents Européens de leur Parlement.

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Les 13 députés de la circonscription Sud-Est du Parlement européen.

Vers une Europe plus sociale et solidaire ?

Selon l’enquête 2016, près d’un Français sur deux partage l’avis qu’un système de protection sociale harmonisé renforcerait leur sentiment d’être un citoyen européen. Faut-il alors mettre en place un système de sécurité sociale commun entre tous les pays de l’Union européenne ? « Je suis favorable à une harmonisation, mais la question est alors « sur quel modèle » ? Un système national que l’on pense meilleur qu’un autre ? », interpelle Sylvie Goulard. L’eurodéputée prend alors l’exemple du congé maternité dont la durée et la rémunération varient selon les pays : 16 semaines en France, en Autriche, en Espagne et aux Pays-Bas pour 100% de rémunération, mais par exemple 75 semaines en Suède pour le même salaire.

« Le vrai sujet est que l’on doit redéfinir avec nos partenaires un modèle qui soit durable. La question de la lutte contre les inégalités et les exclusions doit d’ailleurs être remise au cœur de ce système », ajoute-t-elle. Un avis partagé par les Français pour qui le Parlement européen devrait défendre en priorité la politique relative à la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, selon le Parlemètre 2016.

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D’après l’enquête 2016, les Français souhaitent que le Parlement européen défende en priorité la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale.

Le débat a aussi porté sur la question d’un revenu minimum européen. Aujourd’hui, sur les 28 pays de l’Union européen, 22 ont mis en place un salaire minimum légal avec des montants toutefois bien différents selon les pays : environ 1 900€ au Luxembourg, entre 1 400€ et 1 500€ aux Pays-Bas, Belgique, France ou Allemagne, et de l’ordre de 200€ en Bulgarie et Roumanie. « On ne peut pas mettre en place un revenu commun européen car les conditions dans les pays ne sont pas les mêmes. Cependant, nous devons travailler à cette hypothèse car c’est un moyen de mettre au point un système minimum national qui est disparate, très récent dans certains pays et inexistant dans d’autres », souligne Sylvie Guillaume.

Pour exemple, si la France a adopté son premier SMIC, à l’époque SMIG, en 1950, l’Allemagne l’a progressivement mis en place seulement depuis le 1er janvier 2015. En Europe, l’Italie, Chypre, l’Autriche, la Finlande et la Suède sont les seuls pays à ne pas avoir encore instauré de salaire minimum.

Quelle Europe pour les citoyens face aux changements ?

Le débat s’est ensuite axé sur les effets d’événements comme le Brexit, la volonté exprimée en juin 2016 par les citoyens du Royaume-Uni de quitter l’Union européenne, et les élections américaines de novembre 2016, sur l’Union européenne et les citoyens européens.

« On est beaucoup dans des questions de provocation du côté des Américains notamment avec la « démocratie du tweet » de Donald Trump. De plus, la manière dont le nouveau président se positionne sur les questions de migration, de droit des femmes ou d’économie par exemple doit servir à nos institutions pour repenser le cours de ce que l’on est en train de vivre », met en avant Sylvie Guillaume. « La meilleure réponse à Trump serait de prendre au sérieux des sujets de libertés publiques, comme le droit des femmes, et pas seulement de critiquer les positions américaines », ajoute Sylvie Goulard.

Quant au Brexit, Sylvie Goulard estime entre 50 et 60 milliards d’euros le coût de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne entre le paiement des retraites des députés européens britanniques, les fonds européens qui ont déjà été lancés, les garanties de la Banque européenne d’investissement, etc. « Un élément que les Britanniques ont tendance à oublier », souligne l’eurodéputée, et qui pourrait compliquer la situation entre le Royaume-Uni et l’Union européenne pour trouver un accord bénéfique aux deux parties. « Si vous connaissez des divorces heureux après que chacune des deux parties se soit écharpé sur les questions financières, signalez-le nous car moi je ne pense pas que cela soit possible », ajoute-t-elle.

Les deux députées sont d’accord sur le fait que l’Union européenne n’avait pas suffisamment pris au sérieux la possibilité que ces deux événements se produisent. Si aujourd’hui l’heure est à la réflexion sur ce « qui a été raté », elle l’est aussi et surtout sur le futur pour éviter un risque d’implosion de l’UE.

Par Agathe Perrier

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