La Banque Alimentaire des Bouches du Rhône vient de lancer une nouvelle plateforme baptisée ProxiDon pour permettre aux commerces de donner leurs invendus aux associations proches de chez eux plutôt que de les jeter. Objectif : atteindre les 200 tonnes de denrées échangées par an.
Chaque année, en France et dans les Bouches-du-Rhône, respectivement 10 millions de tonnes et 163 000 tonnes de nourriture sont jetées. Pour réduire ce gaspillage alimentaire, la Banque Alimentaire du département lance une nouvelle plateforme internet à destination des petites et moyennes surfaces de 200m² à 1 000m². Le but est simple : permettre aux commerçants de proximité de diminuer leurs quantités de denrées consommables gaspillées tout en permettant aux associations locales de compléter leurs approvisionnements.
« L’année dernière, en 2016, nous avons distribué 2 840 tonnes de denrées à 180 associations et organismes sociaux partenaires. Il nous faudrait au moins 1 500 tonnes supplémentaires pour répondre à tous les besoins. Pour cela, nous développons un panel d’actions différentes et, parmi elles, ProxiDon dont on espère retirer 200 tonnes sur l’année », met en avant Gérard Gros, président de la Banque Alimentaire des Bouches-du-Rhône.
Mettre en relation directe offre et demande
Le fonctionnement de la plateforme est simple : un commerçant constitue un panier de denrées et dépose une offre sur ProxiDon, comme sur un site d’annonces en ligne, en précisant les horaires pour venir chercher les biens. Une alerte est alors envoyée aux associations géolocalisées à proximité de son établissement, dans un rayon de cinq kilomètres. La plus rapide réserve l’offre et se rend ensuite chez le commerçant pour récupérer le panier.
« En plus du côté solidaire et environnemental, du fait de donner sa nourriture plutôt que de la jeter, les commerçants bénéficient d’une défiscalisation à hauteur de 60% de la valeur d’achat du don », tient à préciser Martine Vassal, présidente du Conseil départemental des Bouches-du-Rhône, qui a consacré 80 000€ pour la mise en œuvre de l’application sur le territoire. Pour cela, un formulaire CERFA est automatiquement généré par la plateforme lors de chaque transaction.
La plateforme ProxiDon permet à la banque alimentaire de régler en plus un de leur problème logistique : les dons de commerçants de proximité. « Tous les jours, on va récupérer dans les hypermarchés des produits alimentaires. Mais pour les dons des commerçants de proximité, nous n’avons pas les moyens adaptés, à savoir des petits camions », souligne Gérard Gros.
Avec ProxiDon, les associations vont elles-mêmes chercher la nourriture et la stocke directement dans leurs locaux, leur permettant ainsi de développer en qualité et en variété leurs stocks alimentaires. Si toutefois le panier excède les 200 kg, c’est la banque alimentaire qui le récupérera et le mettra au profit de ses associations partenaires.
Six mois de test avant un lancement à l’été
Pour le moment, ProxiDon est lancé à Marseille et Aix-en-Provence sous forme d’expérimentation auprès de 50 commerçants et 50 associations partenaires de la banque alimentaire. D’ici l’été 2017, le dispositif devrait être étendu à l’ensemble des commerces et associations partenaires et même, à terme, à des organismes non-adhérents mais répondant à la charte déontologique de la banque alimentaire.
Avant les Bouches-du-Rhône, la plateforme a déjà été testée pendant six mois dans le Rhône (69) par la banque alimentaire de ce département. Sur l’objectif de 32 tonnes de denrées échangées, seulement huit l’ont réellement été. « Nous avons fait face à des problèmes d’adaptation et de disponibilité pendant cette phase test. Surtout, toutes les associations ne sont pas venues : c’est aussi sur la visibilité qu’il faut nous améliorer », explique Gérard Mailleux, directeur du projet ProxiDon à la banque alimentaire du Rhône.
Pendant les six mois de test dans les Bouches-du-Rhône, l’objectif est que les 50 associations et 50 commerçants échangent 25 tonnes de nourriture. « La vitesse de croisière quand tout sera en place devrait être de 40 kilos échangés par semaine, soit 200 tonnes sur l’année. Ce n’est pas un chiffre ambitieux, mais normal », ajoute Gérard Mailleux.
Par Agathe Perrier