Avec un salaire brut de 17,5€ de l’heure, la région Paca se positionne en troisième position des régions françaises avec le salaire horaire le plus élevé, derrière l’Île-de-France et Rhône-Alpes. Paradoxalement, la région provençale est aussi la deuxième enregistrant le plus de très bas salaires de l’Hexagone.
L’Insee et Direccte Paca (la Direction régionale des entreprises de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi de Provence-Alpes-Côte d’Azur) viennent de publier une étude sur les salaires bruts versés par les entreprises du territoire aux travailleurs pour l’année 2012. Avec ses 17,5€ brut de l’heure, la région Paca fait partie des trois premières de France où le salaire horaire est le plus élevé. Pour autant, ce niveau est inférieur à la moyenne nationale fixée à 18,70€. « Cela s’explique par le fait que le niveau national est tiré vers le haut par la région Île-de-France qui représente à elle seule un quart des postes de travail de l’ensemble du pays », tient à préciser Frédéric Caste, co-auteur de l’étude.
En ne prenant pas en compte la région capitale dans le calcul, Paca dépasse légèrement la moyenne de Province et ses 17€ brut de l’heure. Avec la région Rhône-Alpes, ce sont les deux seuls territoires provinciaux à dépasser cette moyenne, le salaire horaire brut moyen des autres régions variant entre 15,60 et 17€.
Des salaires plus élevés pour les cadres, les hommes et les classes d’âge élevées
Si la région Paca enregistre un salaire horaire moyen relativement élevé par rapport à ses homologues, cela s’explique par la forte présence de cadres et de salariés de 60 ans et plus sur le territoire. Deux catégories socioprofessionnelles qui bénéficient d’un taux horaire supérieur aux autres. Les cadres gagnent ainsi 31,40€ brut de l’heure contre 13,30€ pour les employés et 14€ pour les ouvriers. Quant aux 60 ans et plus, ils touchent un salaire horaire brut de 22,20€ contre 14,30€ pour les 25-29 ans.
À cela s’ajoute que le territoire provençal compte des secteurs d’activité fortement rémunérateurs contrairement à d’autres régions. Parmi eux, les secteurs industriels (hors fabrication de denrées alimentaires), les activités financières et d’assurance et le domaine de l’information et de la communication.
C’est notamment ce qui explique pourquoi les salaires des postes des ouvriers sont, en moyenne, supérieurs à ceux des employés : c’est parce qu’ils sont plus souvent dans les secteurs rémunérateurs de l’industrie et de la construction. « À secteur identique, les postes d’employés sont mieux rémunérés que les postes d’ouvriers », ajoute Frédéric Caste.
Enfin, il ressort sans grande surprise de l’étude que le salaire horaire brut des hommes est supérieur à celui des femmes. Le premier touche ainsi 18,90€ brut de l’heure contre 15,50€ pour la deuxième, soit un écart de 21%. Une différence qui se retrouve à peu près à l’identique au niveau des autres régions françaises et qui est ramenée à 8% lorsque les postes occupés sont identiques.
Paca, deuxième région avec le plus de très bas salaires
Par rapport à la Province, la région Paca compte une part plus élevée de très bas salaire, à savoir des postes dont le niveau de rémunération avoisine le Smic. Le territoire compte ainsi 7,6% de très bas salaire, ce qui correspond à 123 000 postes, contre 6,4% pour la moyenne provinciale. Cette part élevée classe la région Paca à la deuxième position des régions française avec le plus de très bas salaires, derrière la Corse.
Cette situation s’explique par le fait que la région Paca compte davantage de postes dans des secteurs d’activité qui présentent de nombreux très bas salaires. C’est le cas notamment dans le commerce, les activités de services aux entreprises et les services aux particuliers. Ce dernier secteur est celui dans lequel la part de très bas salaires est le plus important aussi bien au niveau régional que national.
La nature des contrats de travail participe également à expliquer le taux de très bas salaires du territoire. Pour 2012, la part des contrats à durée déterminée (CDD) en Paca s’élève à 18,3% contre 15% en Province. Or les secteurs qui présentent les plus forts taux de bas salaires sont aussi ceux qui offrent le plus de CDD comme l’hébergement-restauration, le service aux particuliers ou le commerce. Ainsi, au total, un peu plus de 10% des CDD sont rémunérés au voisinage du Smic sur le territoire provençal.
Une étude utile pour mesurer l’impact des futures lois
D’après Rémi Belle, chef du service Études Statistiques Évaluation chez Direccte Paca, cette étude est la première abordée en région qui montre ce que les entreprises versent à leurs salariés, contrairement aux autres études qui sont réalisées sur les salaires nets. Si pour le moment elle a plus une valeur utile qu’opérationnelle, elle va se révéler forte intéressante dans quelques années.
« Puisqu’elle a été réalisée sur les données de l’année 2012, cette étude ne prend pas en compte les dernières lois entrée en vigueur depuis comme la loi pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes de 2014 ou la loi travail de 2016. Ces deux dernières nous laissent penser qu’il va y avoir des évolutions dans le futur et grâce à cette étude, on pourra mesurer leur impact », souligne Rémi Belle.
Par Agathe Perrier