La douane de Marseille a perquisitionné un conteneur dans lequel se cachaient des papillons rares « aux ailes d’oiseaux ». Cette collection sera exposée au Museum d’Avignon pour sensibiliser les visiteurs sur ces espèces protégées.
Une montagne de cigarettes Marlboro, des piles de contrefaçons Nike et Louis Vuitton, des litres de parfum, des pièces détachées de voiture… Ces trouvailles de la douane de Marseille sont plutôt habituelles.
Plus inédit, en 2024, sur le port de Marseille, les agents ont réquisitionné une soixantaine de papillons colorés, dont une quinzaine protégés, « aux ailes d’oiseaux » provenant d’Indonésie et de Papouasie-Nouvelle-Guinée. Ces ornithoptères étaient transportés dans le conteneur de déménagement d’un particulier américain.
Mais ce collectionneur s’est fait attraper « par méconnaissance des espèces protégées qu’il détenait », assure Michaël Lachaux, nouveau directeur régional des douanes de Marseille depuis le 1er février.

Un groupe d’assistance experts sur la protection des animaux
Cette méconnaissance de la convention de Washington, protégeant plus de 40 900 espèces animales et végétales depuis 1978, touche les particuliers mais aussi les professionnels. Au sein même des douanes.
Certains des 400 agents des Bouches-du-Rhône se sont ainsi formés en autodidactes. Le garde-côtes Fabrice Gayet a fabriqué son propre répertoire des papillons protégés, consultable par tous les agents. Son confrère a également agrémenté son catalogue des reptiles menacés.
Les collègues évoluent désormais au sein d’un groupe d’experts chargés de venir « en aide 24h sur 24 aux douaniers de la France entière » pour analyser rapidement les espèces réquisitionnées. Leur partenariat avec l’Office français de la biodiversité (OFB) leur permet aussi de s’améliorer et de former leurs camarades.
« Le troisième trafic le plus rémunérateur »
Fabrice Gayet s’est engagé dans cette voie par passion, conscient que « le trafic accélère le déclin des espèces ». D’autant que les conditions de transport des animaux peuvent être innommables : confinés en bouteille ou enroulés dans des vêtements. Si bien que beaucoup meurent avant la fin du voyage.
Mais quand bien même ces espèces arrivent saines et sauves dans le pays de destination : « le climat peut ne pas leur convenir ». Voire, leur présence peut « causer des hybridations avec les espèces endémiques », pointe le fils d’océanologue.
Or, le trafic d’animaux morts ou vifs « est le troisième trafic international le plus rémunérateur après le trafic d’êtres humains et le trafic de stupéfiants », rappelle Michaël Lachaux. Difficile donc de l’arrêter.
Les papillons exposés au Museum d’Avignon
Toutefois, pour sensibiliser les visiteurs sur ce commerce illégal, la direction régionale des douanes de Marseille a choisi de céder cette saisie inédite au Museum Requien, le musée d’histoire naturelle d’Avignon.
« C’était bien dommage qu’elle soit détruite », glisse le directeur en remettant un cadre symbolique au conservateur du musée, Joseph Jacquin-Porretaz, spécialiste des insectes.
Ces petites ailes colorées rejoindront donc le fonds avignonnais pour être étudiées par les scientifiques et le grand public. Une belle manière de dédouaner leur passage sur terre.