Avant l’été, Marseille va limiter à 90 jours par an la durée maximum pendant laquelle les résidences principales peuvent être louées aux touristes, contre 120 jours aujourd’hui. Airbnb dans le viseur.

La chasse aux Airbnb de la municipalité marseillaise se poursuit sur fond de crise du logement pour les habitants. Après avoir restreint la possibilité de louer les résidences secondaires en meublés de tourisme, la mairie a décidé de limiter également la location des résidences principales aux touristes.

Aujourd’hui, les propriétaires peuvent louer leur logement principal 120 jours par an via des plateformes dédiées. Mais ils vont subir une coupe nette d’un mois. La Ville va « limiter à 90 jours par an la durée maximum pendant laquelle les résidences principales peuvent être louées à des touristes », annonce-t-elle.

Une disposition que permet la loi dite « anti-Airbnb », datant de novembre dernier. Le Conseil municipal doit voter cette mesure au mois d’avril « pour l’appliquer avant l’été », précise Patrick Amico, adjoint au logement.

Cible numéro 1 : les résidences secondaires

Le maire Benoît Payan a fait de cette problématique son fer de lance politique en promettant à Marseille « la règlementation la plus stricte de France pour lutter contre Airbnb ». Après avoir resserré le cadre des locations de meublés de tourisme en 2023, l’équipe municipale a créé une brigade de contrôle de 10 agents dédiés au respect de la règlementation.

Puis, en 2024, la Ville a revu les règles. Les propriétaires qui souhaitent louer leur résidence secondaire en meublé de tourisme doivent désormais compenser en créant un autre logement à vocation familiale. De quoi sérieusement décourager cette pratique.

Il s’agissait alors de remettre sur le marché des logements longue durée pour les Marseillais en difficulté pour trouver un toit. Avec le boom des plateformes en ligne, près d’un logement sur 10 dans le centre-ville est en location pour du tourisme aujourd’hui.

Une mesure pour éviter les fausses résidences principales

« Notre cible numéro 1, ce sont toujours les résidences secondaires », répète Patrick Amico. Mais pourquoi alors s’attaquer désormais aux résidences principales ?

« On a constaté, ici comme à Paris, que beaucoup de propriétaires contournent la règlementation en faisant passer une résidence secondaire en résidence principale », assure l’adjoint au logement.

« On a de sérieux doutes sur le fait qu’on puisse louer sa résidence principale 120 jours par an, soit quatre mois », justifie l’élu. Ce sera donc 90 jours dès cet été. En cas de dépassement, le propriétaire encourra une amende civile de 15 000 euros.

Airbnb pointe la dimension « purement politique de cette mesure »

Reste que, du point de vue de la principale plateforme de location de meublés de tourisme, cette mesure n’aura que peu d’impact sur le logement. À Marseille, « près de 9 annonces sur 10 sont des chambres chez l’habitant ou des logements loués moins de 120 jours », estime Airbnb par communiqué*.

Pour le groupe, « le déficit de construction neuve et la vacance des logements sont les principales causes des tensions sur le logement à Marseille ». Selon ses propres chiffres, « les locations de courte durée dédiées représentent 0,3 % du parc de logements à Marseille ».

« Nous regrettons la dimension purement politique de cette mesure de diversion, réagit le directeur général de Airbnb France et Belgique. Limiter la fréquence à laquelle les Marseillais peuvent louer leur résidence principale ne résoudra pas la tension du logement ».

Par ailleurs, la plateforme estime qu’en 2023, 800 000 voyageurs ont séjourné dans des locations de courte durée à Marseille « générant ainsi 465 millions d’euros de retombées économiques ». Ainsi que des recettes fiscales pour la municipalité à hauteur « 4,2 millions d’euros de taxe de séjour » remis par Airbnb à la ville.

* : Mise à jour le 18/02/2025 à 12h30, après réception des éléments de réponse de la part de Airbnb.

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