En tant que 6e hub mondial du numérique et futur pôle de formation de techniciens et d’ingénieurs, Marseille « a une carte à jouer » pour se faire une place sur l’échiquier de l’IA, selon Kévin Polizzi, le patron d’Unitel group.
« La première des batailles, c’est investir, investir, investir », a martelé Emmanuel Macron, la veille du grand sommet de l’Intelligence artificielle, le 9 février, sur France 2. Sous la majestueuse verrière du Grand palais, le président de la République a annoncé 109 milliards d’euros d’investissement privé français et étrangers pour développer l’IA « d’ici les prochaines années ».
Ces annonces, précipitées par le plan américain Stargate de 500 milliards d’investissement dans l’IA, traduisent « la volonté de constituer un troisième bloc avec l’Inde et le Moyen-Orient, entre les États-Unis et la Chine », observe Kévin Polizzi, patron d’Unitel group qui a racheté The Camp en 2022.
Mais surtout, ces sommes colossales « ont fait comprendre à tout le monde qu’il fallait faire de l’IA », commente l’expert. Pour lui, l’enjeu de cette « 4e révolution industrielle » est de « maîtriser la connaissance » pour « ne pas être mis au banc des nations (…) et à Marseille on a une carte à jouer ».
Marseille en pôle position pour former à l’IA
En France, deux grands pôles du numérique se sont constitués ces dernières années : Paris Saclay et Marseille. Pour sa part, la cité phocéenne a un atout de taille par sa position géographique. En 10 ans, les câbles sous-marins ont afflué, entraînant la construction de six data centers, et bientôt sept.
La constitution de cet écosystème a permis de « créer de la confiance », assure Kévin Polizzi. Mais pas que. Durant une décennie, les entrepreneurs du numérique se sont aussi organisés « en sous-marin » pour construire « tout le cycle de formation nécessaire au développement de l’IA », dessine le patron.
Le site de l’Épopée pour les jeunes en reconvention. L’école du numérique La Plateforme pour les techniciens. Mais aussi The Camp qui forme les professionnels tout au long de leur vie.
Un maillon de la chaîne manquait toutefois : la formation des ingénieurs. Une case que doit venir cocher le futur campus Theodora du côté de Gèze – orchestré par Kévin Polizzi – dont les travaux doivent commencer en 2025.
Innover puis réguler ? Ou l’inverse ?
Si le tycoon reste positif et confiant pour mettre Marseille sur la carte de l’IA, il pointe « la nécessaire simplification des réglementations » en France et « la mise en cadence de l’administration ». Un enjeu que relève également la présidente de la Commission européenne, Ursula Von Der Leyen, analyse La Tribune.
En revanche, pour Emmanuel Macron, la stratégie est claire : avant de réguler, il faut innover pour créer des acteurs puissants, en partenariat avec le public et le privé, pour assurer notre souveraineté économique. À l’instar de Mistral IA qui vient de déployer son outil conversationnel Le Chat.
Dans ce sillage, Ursula Von Der Leyen a aussi annoncé mettre 50 milliards sur la table pour impulser la création de gigafactory européennes de l’IA. Bien qu’aucun financement européen n’ait été fléché en France pour l’instant, Kévin Polizzi ne démord pas de son objectif de créer, avec tout l’écosystème en place, 50 000 emplois dans le numérique à Marseille.