Un tiers-lieu de santé ouvre dans une bastide du boulevard Alphonse Allais (14e) au printemps 2025. Porté par un collectif de jeunes médecins et soutenu par la Ville de Marseille, ce nouveau lieu prône une approche globale du soin par l’alimentation, la nature et le sport.
À quelques pas de la gare de Sainte-Marthe (14e), entre l’école de police et le collège Louis Armand, la bastide Massenet attend sa deuxième jeunesse. En 2029, cette ancienne bâtisse bourgeoise lovée dans un parc verdoyant va se transformer en « Mareposa » : une maison ressource populaire en santé.
Mais le temps que ce futur papillon (mariposa en espagnol, ndlr) sorte de sa chrysalide, des préfabriqués de 400 m2 ouvriront au printemps prochain de l’autre côté du trottoir. « On veut proposer une offre de soin pour réduire les inégalités en santé », explique Yann Magot, jeune médecin généraliste.
Ce dernier a cofondé le collectif Enchanté avec six autres professionnels du soin en 2022 pour remédicaliser le nord de Marseille. Ils ont exposé ce projet de tiers-lieu à la Ville qui s’est rapidement engagée en finançant les installations temporaires et les travaux pour 7,6 millions d’euros.
Une approche globale de la santé
Trois médecins généralistes du collectif seront les premiers à pratiquer avec une sage-femme, une éducatrice spécialisée, une médiatrice en santé et la coordinatrice du projet. À terme, un infirmier, un orthophoniste, un psychologue et une assistance sociale rejoindront les rangs.
Le collectif prône ainsi une approche holistique de la santé « la plus complète possible », précise le Dr. Arnaud Boudet. « On voit l’explosion des maladies chroniques, le diabète, l’hypertension, les dépressions… Et on s’est rendu compte que la seule réponse par un médicament ne suffit pas. Il faut mieux manger, bouger, aller bien dans sa tête », commente Michèle Rubirola, première adjointe, déléguée à la santé.
À terme, un jardin partagé de 600 m2 poussera devant la bastide. La demeure accueillera ensuite le centre de santé et un accueil de jour appelé « lieu ressource » où les patients pourront suivre des ateliers. Le bureau municipal Saint-Joseph doit aussi y déménager, comme une antenne de la Maison Sport Santé, logée rue Louis Astruc (5e).
Résorber le désert médical du nord de la ville
« On veut créer un lien de confiance avec les habitants. Ils pourront autant venir boire un café que se faire ausculter, s’enthousiasme Léa Ducroz, éducatrice spécialisée. Mais aussi profiter du jardin car le nord de Marseille manque encore cruellement de verdure ». Une dizaine d’arbres seront replantés à côté des platanes centenaires.
Mais la Ville a surtout choisi le 14e arrondissement de Marseille. Car « il n’y a plus d’offre de santé, plus de services publics, pas d’offre culturelle, liste Michèle Rubirola. C’est un désert de tout ».
Ce serait, selon l’adjointe écologiste, la raison de la désertification des jeunes médecins. « Les anciens sont partis à la retraite et maintenant les jeunes ont peur de s’installer ici », regrette l’élue, elle-même soignante. Mais visiblement pas le collectif enchanté. Qui donnera peut-être de l’élan à ses confrères ?
