C’est un projet hors-normes et inédit : Med 2025. Durant huit mois, le trois-mâts Le Bel Espoir embarquera 200 jeunes de toutes nationalités et confessions. Objectif : bâtir des relations de paix sur les rives de la Méditerranée.
« Sur un bateau, on est obligés de se rencontrer. Qu’on le veuille ou non ». Voilà le leitmotiv de paix qui va mener à cette expérience hors du commun durant huit mois. Il s’agit d’embarquer sur un trois-mâts de 29 mètres, Le Bel Espoir, 200 jeunes de toutes nationalités, cultures et religions.
Ils sont originaires des cinq rives de la Méditerranée. De l’Afrique du Nord au Proche-Orient, de la mer Noire ou Egée aux Balkans et à l’Europe. Ces moussaillons vont faire le tour de cette mer que certains considèrent comme le berceau des civilisations, de mars à octobre 2025.
Attention, cette expédition, baptisée Med 2025, n’a rien à voir avec un stage d’insertion ou de formation aux métiers de la mer, comme on a pu le voir sur le Belem en amont des JO 2024. « C’est une formation à la paix », insiste Alexis Leproux, vicaire épiscopal pour les relations méditerranéennes au diocèse de Marseille.
Un vent de paix pour gonfler les voiles de la fraternité
Car le contexte est de plus en plus conflictuel autour de la Grande Bleue, avec souvent des dimensions religieuses. « En réunissant des jeunes de confessions différentes sur un même bateau, nous souhaitons montrer que la religion n’est pas un obstacle à la paix », poursuit-il.
Ainsi, les origines, les cultures et les croyances seront volontairement mélangées pour créer huit équipages de 25 jeunes de 20 à 35 ans. Chacun fera une des huit étapes de ce tour de la Méditerranée à la voile. Auxquelles s’ajoutent 30 escales dans des ports.
La dernière étape aboutira à Marseille où Le Bel Espoir s’amarrera dans le Vieux-Port, le 24 octobre 2025. « Nous préparons un grand festival solidaire sur deux jours avec de nombreux partenaires engagés. Un bel événement », promet le vicaire.
Former à la mer pour former contre la guerre
Ce sera aussi le cas pour chaque étape en amont. Elle donneront lieu à des colloques sur un sujet de société et des festivals pour la paix et la fraternité. La navigation permettra une mise en pratique concrète de ces concepts, en mer, autour d’une formation maritime.
« L’AJD est une association partenaire et propriétaire du Bel Espoir. Elle transforme l’expérience de la mer en pédagogie de la fraternité, explique Alexis Leproux. Former des marins, c’est former à la solidarité, à l’écoute, à la confiance. Une parabole de ce que l’on veut en Méditerranée ».
L’expérience doit aboutir au développement des partenariats sur toutes les rives. Et donner lieu à la création d’un think-tank méditerranéen pour la paix « rassemblant des compétences croisées dans les domaines économiques, religieux, éducatifs et associatifs ».
Du pape à Marseille jusqu’à la traversée du Bel Espoir
Le père, parmi les instigateurs de cette expérience, fait partie de l’association Mar Yam. Elle organise les « Rencontres Méditerranéennes » sur toutes les rives de la Grande Bleue pour favoriser le dialogue et la paix. Elles se tenaient en 2023 à Marseille, et avaient justifié la visite du pape François dans la cité phocéenne.
Alexis Leproux se souvient des mots du chef de l’Église, en faveur de la paix, la fraternité et l’accueil des migrants : « Soyez une mer de bien, pour faire face aux pauvretés d’aujourd’hui avec une synergie solidaire […] Soyez un phare de paix, pour anéantir, à travers la culture de la rencontre, les abîmes ténébreux de la violence et de la guerre ».
Un discours qui a malheureusement pris de la consistance depuis. « Les conflits politico-religieux, les disparités économiques et les bouleversements climatiques risquent de transformer des pays qui bordent la Méditerranée en déserts invivables, brûlés par la convoitise et la folie des hommes », déplore le vicaire marseillais.
La paix, « ce n’est pas qu’un rêve, c’est un processus concret »
Mais il n’entend pas se résigner. « Nous refusons que les arguments politiques et les concepts globalisants prennent le pas sur la rencontre entre les personnes, toujours particulières et uniques », lance-t-il pour justifier le projet Med 2025.
Pour lui, une paix durable ne viendra pas seulement des institutions. « Elle germera en chaque habitant de nos rives au fur et à mesure que grandira le sentiment d’appartenance à une même famille humaine ».
« Ce n’est pas qu’un rêve, c’est un processus concret, dans lequel des jeunes, de plus en plus nombreux, s’engagent avec énergie et talent. Le Bel Espoir va naviguer au souffle de l’espérance ! », conclut-il.
Les inscriptions sont ouvertes à tous les jeunes du pourtour méditerranéen entre 20 et 35 ans. Les candidatures sont à déposer en ligne ici.
Pour financer le projet, et parrainer un jeune, un appel aux dons est ouvert ici.