Lauréat de France 2030, le Marseille Immunology Biocluster (MIB) est officiellement lancé ce 13 novembre. De nombreuses promesses à la clé tant sur le plan scientifique qu’économique.
Lauréat du volet santé du plan France 2030 en mai 2023, Marseille Immunology Biocluster (MIB) est officiellement lancé ce 13 novembre en Préfecture grâce à la signature d’une convention avec l’Agence nationale de la recherche.
Doté d’un financement public de 96 millions d’euros sur 10 ans, le MIB doit renforcer la renommée mondiale d’un écosystème de recherche et d’innovations en immunologie, déjà riche à Marseille, pour accélérer la mise sur le marché de nouveaux médicaments.
« Nous ouvrons un nouveau chapitre pour Marseille, mais aussi pour l’immunologie à l’échelle mondiale », introduit Éric Berton, président de Aix-Marseille Université. Cette étape est avant tout opérationnelle pour créer des ponts entre la recherche publique, les industries et les start-up.
Mener de front recherche et économie
Concrètement, ce biocluster marseillais a une double visée. Au niveau scientifique, il doit permettre d’accélérer la recherche en immunologie (l’étude du système immunitaire) sur les anticorps spécifiquement fabriqués pour traiter une maladie, dits les anticorps « monoclaux », capables à la fois de détecter et de guérir une maladie.
L’un des grands défis sera d’ailleurs de faire émerger un « blockbuster ». C’est-à-dire un médicament réalisant plus d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires. Mais aussi de réussir à développer trois chaînes de production de biomédicaments à terme.
D’autre part, le MIB a une ambition de souveraineté économique pour la France et l’Europe dans le secteur de la santé. Pour se faire, il espère attirer des entreprises, des talents et des fonds : 30 nouvelles start-ups, 30 implantations d’entreprises, 2 000 emplois directs et pas moins de deux milliards d’euros de fonds levés… Et tout ça en une décennie.
Ces ambitions sont portées par Aix-Marseille-Université et ses 18 membres fondateurs publics-privés dont le CNRS, l’Inserm, l’Institut Paoli-Calmettes, l’AP-HM, Innate Pharma, ImCheck Therapeutics, Alderaan Biotechnology, Sanofi, le laboratoire Servier, ou encore le CHU de Brest.
Créer cinq plateformes de recherche
L’enjeu est d’installer les premières plateformes du MIB sur plusieurs sites pour « donner accès à une offre technologique de classe internationale de la phase de recherche fondamentale à la preuve de concept clinique », expliquent les porteurs du projet.
Dès le premier semestre 2025, deux premières plateformes seront installées sur 800 m2 du campus de Luminy (9e). « B-screen » sera dédiée au criblage d’anticorps permettant d’isoler les lymphocytes B, une composante essentielle du système immunitaire. Et « Cell Scale » doit s’ériger pour proposer un espace pour l’accueil de nouvelles Medtech et Biotech.
Mais le projet le plus conséquent sera certainement la plateforme d’essais cliniques précoces (phase 1 et 2) : « le C2IT ». Ce centre doit servir à tester et valider les médicaments candidats avant leur commercialisation. Il sera installé sur le foncier de l’hôpital Sainte-Marguerite en 2028 pour un coût d’aménagement estimé entre 50 et 60 millions d’euros.
Un biocluster riche de 40 ans d’expérience
Cette approche transversale doit adresser plusieurs maladies en même temps. Le biocluster se développera donc sur quatre « aires » thérapeutiques différentes. L’oncologie (cancers), l’infectiologie (Sida, rage…), les maladies auto-immunes (psoriasis, maladie de Crohn) et les maladies inflammatoires (qui touchent un organe).
La force de l’écosystème marseillais est aussi d’avoir constitué un réseau de chercheurs, médecins, industriels depuis 40 ans. C’est en 1976 qu’est né le Centre d’immunologie de Marseille-Luminy. Ses recherches ont ensuite mené à la création de « Immuno-tech » en 1982. Une biotech utilisant les anticorps monoclaux pour le diagnostic de maladies.
Depuis, d’autres initiatives ont complété la filière. Comme Innate Pharma, le cluster Eurobiomed, ou la pépite ImCheck qui a levé plus de 160 millions d’euros depuis 2015… Et bientôt une trentaine d’autres ?