Le chercheur Jérôme Bourjea a mis les daurades royales de Méditerranée sur écoute. Son étude révèle que le poisson migre de plusieurs centaines de kilomètres pour se reproduire dans les Calanques.
Jérôme Bourjea, chercheur à l’Ifremer, s’intéresse depuis plusieurs années au comportement des daurades royales. Quelles sont les habitudes de ce poisson ? Son cycle de vie ? Et surtout, ses déplacements ? Pour le savoir, il les a placées sur écoute.
Un espionnage fastidieux, dans le cadre du projet CONNECT-MED. Il a nécessité la collaboration de scientifiques, gestionnaires, pêcheurs professionnels et producteurs. En effet, il a fallu capturer plus de 400 spécimens dans plusieurs étangs de Méditerranée française. Jusqu’à l’étang de Salses-Leucate (Pyrénées-Orientales) en passant par l’étang de Thau (Hérault).
Après leur avoir posé des émetteurs sonores, il a pu « écouter » et donc déterminer leurs déplacements sur des centaines de kilomètres le long du littoral, jusqu’à Marseille. Et révéler les habitudes de migration et les comportements de l’espèce.
Les calanques, nid d’amour des daurades méditerranéennes
Cette étude a notamment permis de « percer une partie du mystère » entourant ce poisson, comme le décrit le Parc national des Calanques. D’abord concernant ses déplacements, lorsqu’il sort des étangs aux températures clémentes où il passe l’hiver.
Les premiers résultats scientifiques dévoilent que le principal voyage des daurades se fait vers les calanques marseillaises. Les données montrent également que l’espèce se rend dans les eaux de l’espace naturel pour s’y reproduire.
L’étude « met en évidence le rôle capital joué par le territoire du Parc national des Calanques dans la reproduction de la daurade », estime la directrice de la zone protégée, Gaëlle Berthaud. « C’est au large des Calanques que les daurades se retrouvent entre octobre et décembre et se reproduisent avant de continuer leur cycle de vie ».
Ces données ont un intérêt dans les actions engagées pour la préservation de l’espèce et la gestion de la ressource en poissons. Ces dernières doivent « se réfléchir en cohérence avec les territoires vers lesquels migrent ensuite la daurade », conclut la directrice du Parc national des Calanques.