L’enseigne marseillaise d’horlogerie et joaillerie Frojo célèbre ses 170 ans. La nouvelle génération entend réaffirmer son métier artisanal, les yeux rivés sur l’avenir.
Derrière un grand bar en bois massif, lumières tamisées, Edouard Frojo reçoit la presse pour fêter les 170 ans de l’entreprise familiale. À sa gauche, le long du mur, est accrochée une vieille publicité des années 20, quand la boutique d’horlogerie-joaillerie historique Charlet-Frojo était installée au 51 rue d’Aix, à Marseille.
L’entreprise a bien évolué depuis. Cinq générations se sont succédées. Les boutiques à Marseille aussi et leurs 80 salariés. Frojo possède aujourd’hui 15 adresses : une à Saint-Tropez, une à Val D’Isère, et treize dans la cité phocéenne.
Pour marquer le coup, Edouard Frojo, cinquième du nom, entend réaffirmer le savoir-faire local de l’enseigne avec un nouveau modèle de plongée « La Phocéa ». Cette montre technique revisite une création de Richard des années 70, un passionné de plongée qui garde un œil sur l’entreprise.
Ouverture à la revente de marques
Tout rappelle cet ancrage marseillais revendiqué dans un film proportionnel capté avec des plongeurs au Vieux-Port pour cette réédition. « On n’a jamais voulu aller à Paris. Déjà il y a beaucoup de concurrence. Et notre clientèle est fidèle, locale et issue du tourisme régional proche », explique Edouard Frojo.
Au fil du temps, l’enseigne s’est diversifiée dans la revente de montres de marques mondialement connues, comme Cartier, Chaumet ou Rolex. Frojo gère d’ailleurs la boutique Rolex en propre à Marseille, au 32 rue Grignan (6e).
Totalement rénové, ce « temple de l’horlogerie » rouvrira en novembre prochain sur plus de 300 m2. Et sera la première boutique en France à proposer un programme de revente de seconde main Rolex.
Revendiquer ce savoir-faire local
À deux pas, toujours rue Grignan, face à la maison mère, se trouvent les ateliers d’horlogerie et de joaillerie Frojo.
Munis de loupes, trois horlogers réparent les mécanismes avec des petites pinces. Ils remettent de l’huile dans les rouages et réajustent les cadrans. « C’est comme pour une voiture », s’amuse Richard au cours de la visite.
Côté joaillerie, les artisans façonnent les bijoux « Charlet », une marque lancée en 2013 par Edouard et sa femme Valérie. Inès, la cadette, de la 6e génération, poursuit des études de haute joaillerie à Paris pour concevoir le design et la fabrication de Frojo. « Je ne me suis jamais posée la question de faire autre chose », confie l’étudiante.
Sa grande sœur, Elisa, vient d’intégrer l’entreprise comme chargée de communication, au « grand réconfort » de ses aïeules. « Avec ma sœur, on ne fait pas du tout la même chose, et tant mieux. On sera complémentaires », assure Elisa qui se projette à la tête de l’entreprise d’ici quelques d’années. Tic Tac, Tic tac.