La startup Citiprofile utilise les données de géolocalisation des téléphones pour étudier les flux et la concentration des visiteurs. La solution intéresse autant les parcs naturels que les centres commerciaux.
On le répète d’année en année, le Parc national des Calanques est surfréquenté. Les estimations : trois millions de visiteurs annuels. Mais ces chiffres sont-ils précis ? Et où vont exactement ces visiteurs, quels sont leurs déplacements au sein du parc naturel, et combien sont-ils au même endroit au même moment ?
Des données importantes quand on veut répondre de façon pertinente à l’impact humain sur la biodiversité. Et ces observations sont encore plus difficiles en mer. Comment cibler précisément des zones de mouillage de plaisanciers qui impactent la posidonie ?
« Notre solution utilise tout simplement les données de localisation des téléphones portables que presque tout le monde possède », explique Arnaud Trousset, co-fondateur de la startup toulonnaise Citiprofile.
Après avoir travaillé avec le Parc national de Port-Cros et d’autres parcs naturels, la société dit être « en discussions avec le Parc des Calanques » afin d’affiner ses données de fréquentation. Mais pour l’heure, rien n’est engagé. Il faudra convaincre l’institution de la pertinence, ou non, de faire appel à cette technologie.
« Détourner la technologie des pubs pour faire de la sociologie »
Ce lundi 7 octobre, Arnaud Trousset présentait son projet lors du forum international Science4Action, organisé par l’Institut de recherche et développement (IRD) au palais du Pharo.
« Le Bon Coin, votre appli météo, vos jeux mobiles… La majorité des applications de téléphones récoltent régulièrement des données de localisation », rappelle le co-fondateur. « Nous leur rachetons pour les utiliser. Mais elles sont anonymes », insiste-t-il.
Car l’intérêt ne réside pas dans l’identité des visiteurs, mais leurs trajets, leurs flux, leur nombre. « On détourne une technologie pensée pour le ciblage commercial, les pubs, pour faire de la sociologie », vante le startupeur. Selon lui, « les données mobiles sont plus efficaces et précises que des comptages humains ou satellites ».
Déterminer les zones de frictions entre l’humain et la nature
En 2022, ce géographe spécialisé dans les données spatiales s’est associé à un chercheur en propagation des particules, des virus « et maintenant des personnes », sourit Arnaud Trousset.
Parmi les différents objectifs dans la gestion d’un site naturel : « Déterminer des périmètres de ‘frictions‘. Là où on constate une forte présence humaine et animale ou végétale ».
Comme les zones humides pour les oiseaux, les fonds de calanques, jusqu’aux champs sous-marins de posidonie… Les gestionnaires peuvent ainsi s’appuyer sur des données fines pour se projeter sur des mesures pertinentes.
C’est d’ailleurs avec le Parc national de Port-Cros que les Varois ont naturellement commencé à travailler. « On leur a permis d’optimiser les ressources, humaines et techniques. Pour cibler les moments et les zones à contrôler pour les agents par exemple. Ou pour placer des capteurs au bons endroits. Et encore, cibler des zones potentiellement impactées pour enclencher des mesures de restauration ».
Des parc naturels aux grands centres commerciaux
Aujourd’hui, cette solution a permis d’effectuer des études sur les grands parcs naturels de la région, le parc naturel de Camargue, la fréquentation touristique à Cassis… Mais la technologie intéresse aussi d’autres acteurs que les défenseurs de la nature.
À Marseille, par exemple, Citiprofile a réalisé des études pour les grands centres commerciaux, qui souhaitent mieux comprendre les flux et les comportements des clients. Les villes s’intéressent également à cette technologie, pour analyser les mouvements touristiques, la fréquentation et optimiser leur mobilité… Grâce aux mobiles.