Les travaux s’intensifient pour transformer l’ancienne caserne d’Aurelle en collège de 720 places au pied du fort Saint-Nicolas. Un chantier à 40 millions d’euros, entre réhabilitation patrimoniale et constructions neuves.
Depuis 1863, la Caserne d’Aurelle trône au pied du fort d’Entrecasteaux, partie haute du fort Saint-Nicolas, en surplomb du Vieux-Port de Marseille. Le long de l’avenue de la Corse (7e), sa vocation militaire a disparu depuis bien longtemps.
Après avoir accueilli un temps une base logistique pour le cinéma, le site se transforme désormais en collège pour 720 futurs élèves. Il portera le nom « Gaston-Deferre ». En effet, il accueillera en 2026 les 510 collégiens de l’actuel établissement du même nom, à quelques rues de là.
C’est ce que promet le Département des Bouches-du-Rhône, qui a récupéré ce site municipal pour bâtir le futur collège chiffré à 39,5 millions d’euros. La collectivité prend en charge la quasi-totalité de l’enveloppe, avec une aide de 2,5 millions d’euros du Fonds européen de développement régional (Feder).
« Travaillez bien dedans, pour rentabiliser les sous investis ! », a lancé la présidente Martine Vassal aux élèves de 6e et 5e de l’actuel collège, lors de la pose de la première pierre ce lundi 30 septembre.
Chantier en contexte hautement historique
Si le coût de ce collège est aussi élevé, c’est que le chantier est complexe dans ce contexte hautement historique. La caserne est un bâti remarquable du patrimoine marseillais. Le fort qui la surplombe est classé monument historique, comme l’abbaye Saint-Victor voisine.
Entre réhabilitation du bâti historique et constructions modernes, le projet est entre les mains des agences Leteissier-Corriol architectures & urbanisme, Bajolle & Gianni architectes et les bureaux d’études Etamine, BERIM, Ingecor et Thermibel.
Il s’agit ici d’un double chantier. D’abord, réhabiliter 6 000 m2 de l’ancienne caserne pour les futures salles de classe, la cantine et la vie scolaire. « Le projet conserve la composition, maintient l’intégrité des façades, toitures, ordonnancement, modénatures », défendent les architectes.
Un gymnase semi-enterré avec toiture végétale
L’ancienne grande place d’armes deviendra une cour de récréation complétée d’un terrain multisports. Avec au centre, l’implantation d’un gymnase neuf et d’une salle polyvalente. Ce bâti neuf sera semi-enterré pour altérer le moins possible les perspectives sur le fort et la caserne, et sa toiture sera végétale.
Si le projet n’a obtenu aucun label environnemental, la présidente du Département insiste sur « l’écoresponsabilité » du projet. Elle met en avant des matériaux bio-sourcés pour la construction. Ainsi qu’une approche de la gestion thermique peu énergivore avec brise-soleil pour l’été et chaudière à granulés pour le chauffage.
L’architecte Jean-Luc Corriol, quant à lui, rappelle que « préserver un bâti existant au lieu de détruire et reconstruire, c’est l’approche la moins impactante ».
Des dizaines d’arbres plantés
Les maîtres d’œuvre prévoient également « d’exploiter le potentiel paysager du site dans son rapport au fort Saint-Nicolas ». Cependant, le chantier a entrainé la coupe de certains arbres. Dont certains centenaires, au grand désarroi de riverains et associations, comme le rapportait La Provence.
Mais le Département insiste sur une re-végétalisation plus importante du site. Avec la plantation de 16 marronniers, 7 tilleuls, un chêne vert et un cerisier. Ainsi que « 2 000 petites plantations d’essences méditerranéennes sur 2 000 m² de pleine terre ».
Quel avenir pour l’ancien collège ?
La maire de secteur (1-7) Sophie Camard (DVG) a participé à la pose de la première pierre. Elle s’est réjouie de la création de ce nouvel établissement « pour redynamiser l’offre d’éducation publique » dans cet arrondissement qui ne compte aujourd’hui qu’un petit collège.
Mais que deviendra-t-il lorsque les élèves auront rejoint le nouveau ? Le bâtiment actuel, bien que vieillissant, offre un foncier précieux dans ce secteur dense. Propriété de la Ville, la maire de secteur assure que « rien n’est acté pour l’instant. Cela va faire l’objet d’un débat public ».
Elle estime toutefois que « la priorité sera donnée pour des projets publics scolaires ou de formation s’il y a des demandes ou des besoins. Nous prendrons le temps de la réflexion, avec les habitants, sans précipitation », promet-elle. À suivre.