Le Marché d’intérêt national (M.I.N) de Marseille, qui gère le port de Saumaty, va créer une coopérative pour attirer les pêcheurs et rebâtir une filière de la pêche locale.

« Saumaty ou jamais pour sauver la pêche en Provence », lance Jean-Gérald Lubrano sur la 99e Foire de Marseille. Sous le regard des pêcheurs de la coopérative Op du Levant et du directeur du marché d’intérêt national (M.I.N) Didier Ostré, il annonce la création de « la première coopérative d’avitaillement » dans le port de pêche de Saumaty.

À proximité de l’Estaque (16e), le site de quatre hectares de bassins et de quatre hectares de terre-pleins, n’accueille aujourd’hui qu’une flottille de pêche « d’une trentaine d’embarcations ».

Sa gestion a changé de main le 1er janvier 2024, en passant de la Somimar – société créée lors au lancement du MIN des Arnavaux – à la Société publique locale MIN Marché Marseille Méditerranée (SPL MIN MMM et Saumaty) dont le capital est détenu par la Métropole Aix-Marseille-Provence et la Ville de Marseille.

Ce projet de coopérative est « un outil imparable » qui doit permettre de mutualiser l’achat de matériel, comme les filets ou le gasoil, et de stocker la marchandise, poursuit le jeune spécialiste de la pêche au thon rouge, qui vient de réaliser le film « Pêcheurs 2.0 » sur l’avenir de sa profession avec son frère Martial.

pêche, Vers l’Estaque, un nouveau projet « pour sauver la pêche » sur le port de Saumaty, Made in Marseille
Christophe Madrolle, Jean-Gérald Lubrano et Didier Ostré.

Relancer une Criée à Saumaty

Le projet sur Saumaty est plus global que la coopérative. Il comprend aussi la relance de la vente à la Criée, sur les conseils avisés du Comité régional des pêches maritimes et des élevages marins. En effet, à Marseille, il n’y a pas de Criée depuis la délocalisation de l’emblématique marché du Vieux-Port, quai des Belges, en 1976, vers le port de Saumaty.

Les pêcheurs marseillais sont ainsi « dépendants des mareyeurs », c’est-à-dire des revendeurs de gros « qui tirent les prix vers le bas », explique Christine Poncharreau, présidente du comité régional des pêches. Relancer une Criée permettrait donc aux artisans des mers de vendre leurs produits en direct pour en obtenir un meilleur prix.

Didier Ostré souhaite aussi trouver d’autres débouchés pour la pêche locale comme la restauration collective. L’ancien directeur général des services de Marseille entend saisir l’opportunité du nouvel appel d’offres des cantines scolaires marseillaises en 2025. Dans ce sillage, il souhaite « renouer » avec les grandes surfaces, comme Intermarché qui, fut un temps, était un partenaire de Saumaty.

Un projet à deux, trois ans

En plus de maintenir l’activité de pêche qui souffre, l’idée est de développer d’autres projets pour « recréer une filière de pêche », affirme Christophe Madrolle, président de la commission biodiversité, mer et littoral à la Région Sud, afin de vendre et consommer local.

À Saumaty, les pêcheurs doivent pouvoir ramener la pêche du jour, la vendre sur place, mais aussi la transformer en cas de surproduction, pour la congeler ou la conditionner en bocaux.

Le MIN travaille donc sur le rachat de bâtiments afin d’y installer des ateliers de transformation. « La Métropole nous mandate début octobre pour commencer les discussions avec le propriétaire du bâtiment qui aurait dû servir autrefois au thon rouge avant la mise en place des quotas », rappelle Didier Ostré.

Il se pourrait que le nouveau projet accueille des formations aux métiers de la mer. Mais pas avant deux ou trois ans. Il est d’abord nécessaire de sécuriser le port presque abandonné, et donc la marchandise, pour réunir in fine les quelques 200 pêcheurs marseillais espérés.

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