Du 27 au 29 septembre, 600 artistes professionnels et amateurs sans-abri se réuniront dans les rues d’Avignon pour présenter leurs créations au festival « C’est pas du luxe ! ».
« Ce n’est pas parce qu’une personne est en situation de précarité qu’elle n’a pas des choses à exprimer. Bien au contraire », estime Elise Dansette. Depuis son bureau marseillais, la responsable du projet s’active pour mettre sur pied le festival « C’est pas du luxe ! » qui, du 27 au 29 septembre, dévoilera 70 œuvres protéiformes de personnes sans domicile fixe, hébergées en structures.
Une trentaine de lieux avignonnais seront investis : des théâtres, des musées et des places. Le célèbre festival de théâtre de la ville prêtera aussi une grande partie du matériel. La maire, Cécile Helle, a accueilli le projet en 2018 « avec un enthousiasme fou », insiste Elise Dansette, contrairement aux villages Le Thor et d’Apt (Luberon) qui n’ont pas renouvelé l’expérience.
C’est la Fondation Abbé Pierre, l’association La Garance, et Le Village (Emmaüs) qui portent cette biennale pas comme les autres depuis 12 ans. Elle rassemble plus de 600 artistes professionnels et amateurs pour « changer le regard sur la précarité » au moyen de la culture parfois « déconnectée » des enjeux de société.
Son concept est le suivant : l’artiste professionnel qui chapeaute le projet ne doit pas faire du documentaire témoignant de « ce qui se passe chez les pauvres du coin ». Mais il doit, en collaboration avec les amateurs, rechercher de la fantaisie, faire un pas de côté, dans les créations issues d’un travail au long cours, en moyenne deux ans.
Du karaoké, des expos, du théâtre…
Parmi les temps fort de cette sixième édition, la biennale proposera l’exposition le « grand tour » programmée à la Collection Lambert, le musée d’art contemporain d’Avignon. Les artistes ont voyagé à Athènes, Barcelone et Bruxelles pour y ramener des matériaux afin de créer leur chorégraphie originale.
On peut aussi noter l’exposition photo de Christophe Loiseau qui a revisité des peintures clair-obscur du Caravage. Le théâtre de Nîmes a d’ailleurs réalisé tout un travail d’audiodescription, comme des scènes avec des participants grandeur nature que les personnes mal voyantes pourront sentir au toucher.
Le samedi 28 au soir, le festival organisera sa grande fête à « La Fabrika » sous forme d’un « karaoké marionnettique » pour que chacun puisse chanter vêtu d’une marionnette géante. Dans un coin, ceux qui le souhaitent pourront s’installer dans le salon des « cœurs brisés » pour écouter des chansons tristes. Deux salles, deux ambiances.
Une dizaine d’ateliers
Tout cela à prix non défini, au choix, selon les moyens de chacun. Si les ressources de la billetterie sont anecdotiques, l’événement tourne grâce aux subventions de ses partenaires (Fondation Abbé Pierre, La Garance, le Ministère de la Culture, Emmaüs, la Sacem, la Ville d’Avignon…) qui animeront des conférences sur place.
Dans un esprit de partage des connaissances et d’amélioration, ce festival inédit en France accueillera une délégation brésilienne et espagnole, deux pays qui ont créé un événement similaire.
Durant ces trois jours, les visiteurs pourront aussi se prendre au jeu en participant aux ateliers de chant, de danse ou encore d’art plastique pour reproduire l’affiche du festival, dont l’identité graphique haute en couleur tente de (re)mettre des paillettes dans la vie de chacun.