Ce jeudi, à l’occasion du conseil de la Métropole, le groupe d’opposition marseillais a présenté ses recommandations pour améliorer la collecte des déchets, suite à la réorganisation des services.
Début 2024, la Métropole Aix-Marseille-Provence lançait la réorganisation de la collecte des déchets sur son territoire, avec des changements de jours et d’horaires de passage pour les agents qui ramassent les poubelles, et la mise en place de tournées en journée.
À la suite de ces changements, le groupe d’opposition de la gauche marseillaise « Pour une Métropole du bien commun » a demandé, en avril dernier, l’ouverture d’une mission d’information sur la collecte des déchets. La présidente de la Métropole, Martine Vassal (DVD), a accepté en leur accordant un mois pour mener à bien cette enquête.
Malgré ce délai jugé « très court », Christine Juste (EELV) a présidé la commission et rassemblé une vingtaine d’élus de tous bords : des représentants de gauche, Sophie Camard (GRS), maire des 1er et 7e arrondissements, et Gaby Charroux (PCF), maire de Martigues, mais aussi de la droite et du centre comme Roland Mouren, vice-président de la Métropole délégué à la propreté, Lionel de Cala (DVD), maire d’Allauch, Jean-Yves Sayag (DVD), conseiller métropolitain délégué à la propreté, ou Bruno Gilles (DVD).
Les élus ont ainsi sillonné différentes communes et accompagné les agents pendant leurs tournées, avec pour objectif de pointer les dysfonctionnements et les pistes d’amélioration à mettre en place. Les participants ont tous souligné « un temps d’échange de qualité » sans posture politique. Ce jeudi, Christine Juste a présenté les conclusions dans l’hémicycle du conseil métropolitain.
Le difficile contexte marseillais
À Marseille, les camions bennes passent une fois par jour (7j/7) pour enlever les déchets ménagers (poubelle noire ou marron), alors qu’ils passent deux fois plus à Aix-en-Provence, Aubagne, Martigues et Marignane, selon le rapport.
Sur ce point, Roland Mouren, vice-président délégué à la propreté de la Métropole, justifie que les équipes interviennent aussi plusieurs fois par jour « si nécessaire » à Marseille. « La rue Thubaneau, c’est trois fois par jour, Noailles, c’est cinq fois. C’est nécessaire, mais ce n’est pas normal par rapport à d’autres villes du territoire. On comble les carences de déchets jetés n’importe où, n’importe comment ».
Pour Sophie Camard, ce n’est pas suffisant. L’élue demande de mettre en place « des collectes plus régulières à Marseille ». D’autant plus que les contribuables marseillais sont ceux qui payent le plus cher leur taxe d’enlèvement des ordures ménagères (TEOM) à hauteur 18,1%, contre environ 14% pour les 91 autres communes du territoire métropolitain. Le taux moyen en France est de 9,37% en 2022 selon le cabinet FSL. Pour les deux grandes villes Paris et Lyon, il est respectivement de 6,21% et 4,93% (ndlr).
La mission menée par les 21 élus de la Métropole pointe, de fait, la nécessité d’harmoniser cette taxe avant 2026, ce qui est d’ailleurs une obligation légale. Pour Didier Khelfa, vice-président délégué aux Finances de la Métropole : « Il y a un objectif d’harmonisation de la taxe sur l’ensemble du territoire métropolitain ». Celle des plus petites communes pourrait être réévaluée à la hausse, tandis que celle de Marseille pourrait être revue à la baisse. « En l’absence de décision, c’est un taux moyen pondéré qui s’appliquera à date à 15,78% », précise la synthèse.
Une hausse des dépenses à contrôler
La TEOM alimente à 91% le budget total des déchets de la Métropole. Mais cela ne suffira pas pour assouvir les dépenses projetées en 2026, souligne Sophie Camard qui relève « un dérapage énorme sur le plan financier ».
En cinq ans, entre 2021 et 2026, les dépenses ont augmenté de 100 millions d’euros, pointe le rapport. En 2026, les dépenses devraient donc s’établir à 485 millions d’euros. Selon la maire de secteur, cette hausse devrait mener à un « effet ciseau » en 2026 : c’est à dire que les dépenses pourraient dépasser les recettes.
Cette envolée budgétaire viendrait de « la montée des prix » sur les marchés publics. C’est-à-dire, des entreprises privées qui fixent des prix de plus en plus haut. À noter par exemple que la collecte de la poubelle jaune est réalisée à 100% par des prestataires privés à Marseille.
Didier Khelfa admet cette hausse des dépenses qu’il faut contrôler. Mais, selon lui, cette tendance est également la conséquence de la fermeture de certains exutoires, qui a induit le rallongement des trajets augmentent et l’augmentation des coûts.
Accélérer le tri des déchets et des biodéchets
Le rapport s’attarde aussi sur la lente diminution du volume de déchets produit par chaque habitant. Les 1,9 million d’habitants de la Métropole génèrent 1,18 million de tonnes de déchets ménagers et assimilés, soit 621 kilos par an et par personne. Le schéma métropolitain des déchets ménagers, voté en octobre 2017, visait à réduire cette masse de 10% (soit de 62 kilos). Or, en 2022, la baisse effective enregistrée n’était que de 20 kilos.
Au-delà de la réduction des déchets, le tri sélectif reste encore un enjeu majeur pour la transition écologique, et assez peu appliqué à Marseille. La mission relève ainsi l’urgence de programmer la construction de deux centres de tri sur le territoire. Une demande à laquelle Martine Vassal répond avoir « espoir que ce soit fait pour 2025 ».
Concernant les biodéchets, 21,6% des foyers métropolitains sont équipés de composts individuels. Néanmoins, le groupe de travail met plutôt en avant l’urgence de mettre à disposition des bacs biodéchets collectifs, surtout dans le centre-ville de Marseille. « Il est urgent de se rapprocher des mairies de secteur pour réussir ce dispositif », soutient Sophie Camard.
Poursuivre la mission
Malgré la réalisation de cette enquête en un temps record, Sophie Camard admet une certaine frustration et assure vouloir poursuivre ces échanges, au même titre que Christine Juste qui a demandé de programmer deux réunions par an pour poursuivre sa mission.
De son côté, Martine Vassal a félicité les élues : « Vous savez travailler vite et bien », a-t-elle déclaré dans l’hémicycle, sans confirmer la poursuite de la mission. La collecte des déchets « est une problématique qui n’est ni de droite ni de gauche. Cela nous a permis de voir que ce n’est pas un problème aussi facile que cela, sinon il aurait été solutionné depuis longtemps, mais on est sur la bonne voie » a conclu la présidente de la Métropole.