À Marseille, l’opposition municipale revient à la charge sur l’insécurité montante à Noailles (1er). Malgré des réponses apportées par la Ville depuis novembre, le quartier reste fragilisé.
« Je suis fortement sollicitée par les habitants qui ont du mal à vivre dans Noailles tellement l’insécurité a pris le pas. Je vous parle de l’insécurité de proximité. Celle que font régner les vendeurs à la sauvette assis partout par terre devant les pieds d’immeubles. Je vous parle des rixes et de l’agressivité permanente, soutient Sabine Bernasconi (LR), l’ancienne maire des 1er et 7e arrondissement, lors d’un point presse organisé le 6 juin, en bas du marché des Capucins. Aujourd’hui nous avons passé un cap ».
Si l’élue d’opposition au Printemps marseillais salue le travail permanent de la police nationale sur les réseaux dans le quartier, et les rondes journalières de la police municipale, « ça ne suffit pas », souffle-t-elle, reprochant notamment à Sophie Camard (GRS), l’actuelle maire de secteur, d’avoir porté plainte contre X il y a six mois. « Comme si en tant que pouvoir public, il n’y avait aucun autre moyen ».
Après être plusieurs fois montée au créneau, Sabine Bernasconi en appelle donc au maire de Marseille, Benoît Payan (DVG), pour « encadrer le travail de la police municipale par un arrêté » afin d’interdire « l’occupation prolongée de l’espace public ».
Pour la Ville, la réponse est « globale »
Interrogé sur ce sujet, le cabinet de Sophie Camard (GRS) assure « ne pas lâcher Noailles » insistant sur « un travail avec la police ». La mairie de secteur revendique également « une réponse plus globale » avec le réaménagement des logements insalubres par la Spla-in, et le projet de patio méditerranéen avec un jardin partagé en lieu et place des immeubles effondrés de la rue d’Aubagne qui devrait voir le jour avant novembre 2025.
En septembre dernier, la maire de secteur détaillait sa stratégie à la fois judiciaire et socio-économique pour transformer une zone tampon en pôle attractif, pour apaiser Marseille tout entière.
Par ailleurs, l’adjoint à la sécurité et à la tranquillité publique, Yannick Ohanessian (PS) rétorque que trois arrêtés ont déjà été déposés en 2020, avec tacite reconduction : « un arrêté sur le protoxyde d’azote, un autre sur l’interdiction de la vente d’alcool après 22 heures et un dernier contre les vendeurs à la sauvette », énumère-t-il.
L’élu socialiste rappelle également que les effectifs de la police municipale de nuit « ont triplé » et que, plus globalement, les rangs policiers ont été renforcés par 150 agents depuis 2020 avant d’espérer atteindre 800 agents au total en 2026. L’adjoint insiste aussi sur le travail de collaboration avec la police nationale, qui a renforcé ses rangs d’une soixantaine de CRS.
Pour amorcer la réorganisation des agents par secteur, un poste de la police municipale doit aussi ouvrir dans les prochains jours à proximité de Noailles. Les 14 premières recrues dédiées à ce site de l’hypercentre, à deux pas du commissariat de la police nationale, circuleront à pied, en vélo, ou segway pour tenter d’apaiser l’espace public.
Un apaisement relatif pour les commerçants
Interrogés en marge de ce point presse, les commerçants assurent « du mieux en journée » avec des « passages réguliers » de la police municipale et nationale. « Mais dès 18h-18h30, ça change de visage. Le soir, il n’y a pas que des vendeurs à la sauvette. Il y a aussi des gens qui prennent des opiacés. Ils peuvent être entre 50 et 70… sans que la police n’intervienne », regrette un restaurateur.
Ce changement est perceptible, notamment vers 20h, alors que les commerçants ont baissé le rideau. « J’aimerais ouvrir le soir, mais dans l’état actuel des choses je sais que ce n’est pas possible », regrette l’un d’eux.
Ce dernier – qui souhaite rester anonyme – pointe également « un grand problème sanitaire avec le marché à ciel ouvert de Noailles (…) car la Métropole a enlevé le local poubelles ». Sabine Bernasconi, également représentante de l’intercommunalité, assure pourtant « se tenir à disposition » des commerçants et de la Ville de Marseille pour fournir des bennes.
Vidéosurveillance : suspension de 8 policiers municipaux
En mai 2024, BFM a diffusé des images de vidéosurveillance montrant des policiers municipaux de Marseille frappant un homme ivre en mai 2023. Sébastien Florenti, un agent du centre de supervision urbain (CSU), a dénoncé ces violences et d’autres comportements inappropriés de ses collègues. La mairie a lancé des enquêtes administratives et judiciaires. Sept agents ont été suspendus, et des plaintes ont été déposées contre eux ainsi que contre Florenti pour diffusion d’images confidentielles.