Face à la victoire du RN aux européennes, Emmanuel Macron a dissous l’Assemblée nationale. Un acte permis par l’article 12 de la Constitution, qui fixe les conditions de cette mesure exceptionnelle. Retour sur les règles et précédents depuis 1958.
En réaction à une défaite cuisante face au Rassemblement National (RN) lors des élections européennes, Emmanuel Macron a pris la décision de dissoudre l’Assemblée nationale. Le RN, mené par Jordan Bardella, a obtenu 31,47 % des voix contre 14,56 % pour la liste Renaissance de Valérie Hayer et la liste PS-Place publique de Raphaël Glucksmann avec 13,8 % des voix, provoquant un séisme politique en France.
La victoire du RN aux élections européennes a été perçue comme un signal fort du mécontentement populaire vis-à-vis de la politique actuelle. Marine Le Pen n’a pas tardé à réagir à l’annonce de la dissolution, affirmant que son parti était prêt à « exercer le pouvoir si les Français lui font confiance ».
Cette dissolution marque une réponse à une crise politique immédiate mais aussi un remaniement potentiel de l’équilibre du pouvoir en France pour les années à venir, conduisant à des élections législatives anticipées prévues entre 20 et 40 jours après la dissolution.
Emmanuel Macron a opté pour le délai le plus court, fixant le premier tour le 30 juin, soit 21 jours après la dissolution, suivi du second tour le 7 juillet. Cette période éclair de trois semaines entre la dissolution et le premier tour constitue une situation inédite dans l’histoire de la Vème République, même lors de la dissolution de l’Assemblée en 1968 sous le Général De Gaulle.
Le cadre constitutionnel de la dissolution
Depuis la création de la Cinquième République en 1958, la dissolution de l’Assemblée nationale est un acte réservé au président de la République, comme le stipule l’article 12 de la Constitution. Cet article précise que le président peut dissoudre l’Assemblée après consultation du Premier ministre et des présidents des deux chambres parlementaires.
La dissolution de l’Assemblée nationale n’est pas une première en France. Depuis 1958, cinq dissolutions ont eu lieu : en 1962, 1968, 1981, 1988 et 1997. La dissolution de 1997, décidée par Jacques Chirac, avait abouti à une cohabitation avec le socialiste Lionel Jospin, en tant que Premier ministre. Un scénario que Macron espère éviter.
Les nouvelles élections législatives
Les nouvelles élections législatives, prévues pour le 30 juin (premier tour) et le 7 juillet (second tour), se dérouleront dans un contexte chargé, juste avant les Jeux olympiques de Paris. Selon la Constitution, aucune nouvelle dissolution ne pourra avoir lieu avant un an après cette date.
Tous les députés sortants ont le droit de se représenter, et de nouveaux candidats peuvent être investis par les partis. Le calendrier serré pourrait influencer la dynamique de la campagne électorale. Les tractations entre les différentes forces politiques sont déjà en cours, en vue d’éventuelles fusions. Les candidats auront donc peu de temps pour se déclarer, avec des réunions et des prises de parole prévues dans les jours à venir en vue des investitures des partis.
Les députés nouvellement élus devront se réunir le deuxième jeudi suivant le second tour, soit le 11 juillet. Un nouveau gouvernement sera formé en fonction des résultats de ces élections, reflétant les nouveaux équilibres politiques.
La campagne officielle débutera le 17 juin
La dissolution ouvre la voie à une réévaluation des alliances et des stratégies politiques, dans un contexte de mécontentement et de colère des citoyens. Depuis hier soir, les appels à l’union et au rassemblement se multiplient, à gauche et au centre-droit, face à l’urgence d’une réponse concertée face à la montée de l’extrême droite.
La campagne officielle débutera le 17 juin, deux semaines avant les élections, conformément au délai légal prévu. Les candidats ont du mercredi 12 au dimanche 16 juin à 18 heures, dernier délai, pour faire acte de candidature.
Durant cette période, les travaux parlementaires sont suspendus, interrompant ainsi l’examen de tous les textes en cours. Le gouvernement actuel gère les affaires courantes en attendant la nomination des 577 nouveaux députés et, par conséquent, de nouveaux ministres.