L’aqueduc de Roquefavour a fait l’objet d’un chantier exceptionnel de près de 44 mois pour stopper sa dégradation naturelle et sécuriser l’édifice. Datant de 1841, il achemine l’eau à Marseille et 36 communes depuis presque deux siècles.
C’est la fin d’un chantier d’exception pour un édifice qui l’est tout autant. Situé à cheval sur les communes de Ventabren et d’Aix-en-Provence, l’aqueduc de Roquefavour renaît comme en l’an 1841, date de sa construction.
Culminant à une hauteur de 82 mètres et s’étendant sur près de 400 mètres, l’aqueduc de Roquefavour est le plus grand du monde en pierre de taille et fascine par son caractère imposant. Classé monument historique, cet ouvrage d’art témoigne de l’ingéniosité humaine et de l’histoire du génie civil.
Depuis juin 2020, il était au coeur d’un chantier colossal qui s’est achevé il y a peu. Pesant jusqu’à 1800 tonnes, l’échafaudage monumental – le deuxième de France après celui de la cathédrale Notre-Dame de Paris – a permis de restaurer chaque pierre de ce joyau provençal.
Chantier colossal et travail de précision
Les travaux de rénovation de l’aqueduc de Roquefavour ont été initiés par la Métropole Aix-Marseille-Provence pour enrayer la dégradation progressive de la structure due à l’érosion naturelle et à l’usure du temps. Les désordres observés sur l’aqueduc menaçaient non seulement son fonctionnement, mais également la stabilité des ouvrages hydrauliques situés sur les tabliers supérieurs.
De plus, les chutes de pierres représentaient un danger pour la route départementale et la voie ferrée voisines, nécessitant des interventions régulières pour garantir la sécurité des usagers.
Une entreprise titanesque mobilisant des équipes d’experts et des moyens considérables. Pendant près de 44 mois, des travaux minutieux ont été réalisés pour restaurer et renforcer la structure de l’aqueduc. Parmi les principales interventions effectuées : le remplacement de certains blocs de pierre trop abîmés, le traitement de ceux encore en assez bon état, ainsi que le renforcement de l’étanchéité des tabliers.
Ces travaux ont impliqué l’utilisation de pierres de substitution extraites de carrières soigneusement sélectionnées pour leur durabilité et leur résistance aux conditions climatiques extrêmes. Chaque bloc, pesant environ six tonnes, a été taillé à la main par des artisans spécialisés, pour préserver l’authenticité et l’histoire de l’ouvrage. Une logistique impressionnante a été mise en place pour acheminer les matériaux des carrières de Massangis (Yonne) et Ampilly-le-Sec (Côte-d’Or) jusqu’au site de l’aqueduc.
L’eau coule depuis deux siècles
Le projet s’élève à un coût total de 16,8 millions d’euros (HT). Son financement est assuré par une subvention de 2,9 millions d’euros de l’État (Direction régionale des Affaires culturelles) au titre des monuments historiques, un apport de 3,5 millions d’euros de l’Agence de l’eau, et les 10,4 millions d’euros restants sont pris en charge par le budget annexe de l’eau de la Métropole Aix-Marseille-Provence.
Justement, outre son caractère historique, l’aqueduc de Roquefavour constitue un élément majeur de l’infrastructure hydraulique de la région. Géré par la Société Eau de Marseille Métropole pour le compte de la Métropole Aix-Marseille-Provence, cet ouvrage approvisionne en eau potable Marseille et 36 communes alentours.
Plus de 180 millions de mètres cubes d’eau de la Durance transitent chaque année dans le canal de Marseille, dont une partie est acheminée à travers l’aqueduc de Roquefavour, vers un bassin de plus d’un million d’habitant.
Raison pour laquelle son accès est strictement réglementé pour préserver sa sécurité et son intégrité. Par ailleurs, l’aqueduc apporte l’eau nécessaire à la défense incendie.
Roquefavour s’intègre dans un patrimoine qui comprend 23 aqueducs qui, pour l’essentiel, sont en pierre de taille : Jacourelle, Valbonnette, Valmousse…
Des dimensions qui donnent le vertige
> Plus haut aqueduc du monde en pierre de taille, classé monument historique en 2005
> Toujours en service après 177 ans d’activité
> 80 arches réparties sur 3 tabliers et 375 mètres de long, 83 mètres de haut, soit près de deux fois la hauteur du pont du Gard
> 5 000 ouvriers mobilisés pour sa construction dont 300 tailleurs de pierre
> 160 000 pierres pouvant peser de 6 à 15 tonnes chacune