Avec l’exposition « Marseille au cœur maritime », la CCI et le musée Regards de Provence retracent l’histoire du port de Marseille, ses bateaux, ses quais et ses acteurs jusqu’au 2 octobre.

Du Vieux-Port aux quais de la Joliette, des tartanes* aux porte-conteneurs, le musée Regards de Provence retrace l’histoire du port de Marseille dans l’exposition « Marseille au cœur maritime » jusqu’au 2 octobre. Plutôt méconnue, cette histoire est conservée dans l’immense collection (120 000 peintures, objets, affiches…) de l’ancien musée de la marine fermé en 2018.

Son propriétaire, la Chambre de commerce et d’industrie Aix-Marseille-Provence, a donc souhaité « remettre en lumière les trésors culturels qui croupissaient dans nos sous-sols depuis des années », assure le président Jean-Luc Chauvin, pointé en mars 2022 par la presse pour avoir envisagé la vente aux enchères d’une partie des œuvres.

C’est l’ancien conservateur des collections de la CCI, membre de l’Académie de Marseille, Patrick Boulanger, qui a finement sélectionné les 90 œuvres de ce patrimoine pour mettre en musique l’accrochage. « Nous avons essayé de jouer avec les formats et de nous attacher aux quais et aux édifices », précise le passionné.

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Patrick Boulanger devant la toile de Marcel Poggliolo.

L’expansion du Vieux-Port

La preuve en est : l’œuvre introductrice de l’exposition est un grand format de Marcel Poggliolo mettant en scène des échevins (magistrats municipaux) qui parlent de diplomatie sur le port au XVIIIe siècle. Car oui, la CCI AMP, construite en 1599 est la plus ancienne du monde. « A l’époque elle était une véritable annexe du ministère des affaires étrangères », souligne Patrick Boulanger.

Disposées d’une part et d’autre de la toile, deux figures de poupe dorées « semblent saluer cette rencontre entre le commerce et la Méditerranée », poursuit l’expert. À cette époque, les voiliers débarquaient leurs marchandises sur le Vieux-Port. Tandis que les bateaux à vapeur accostaient un peu plus haut, sur les bassins de la Joliette.

Ces bassins Est du port ont été construits entre 1844 et 1850 pour absorber le développement de l’activité portuaire. Le musée Regards de Provence surplombe ce paysage mouvant qui accueille désormais le Mucem, la villa Méditerranée ou encore les Terrasses du Port.

Des trois-mâts aux dockers…

À ce moment de l’histoire, les peintres se passionnaient pour les trois-mâts. Le Pilote, le Jean Baptiste ou encore le Saint-Louis… des navires majestueux à l’image du Belem qui est entré le 8 mai dernier dans le Vieux-Port pour célébrer l’arrivée de la flamme olympique.

La peinture de Camille Bourget met aussi en lumière le travail des portefaix, anciens dockers, qui déchargeaient les marchandises sur leurs dos en 1905. Le « peintre prolétarien » Albert Boussion signe également une œuvre importante de l’exposition qui illustre le dur labeur de ces Marseillais sur les deux anciens docks de la ville. Aujourd’hui il n’en reste plus qu’un.

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Débarquement des blés, circa 1930 par Albert Boussion.

Les artistes témoins de l’histoire

Les artistes témoignent également d’édifices disparus, comme l’ascenseur qui menait jusqu’à la Bonne Mère. Ou, plus impressionnant, le transbordeur : ce pont métallique qui assurait la jonction entre les deux quais du Vieux-Port.

« C’est quand on voyait le pont transbordeur que l’on savait qu’on était à Marseille. Notre-Dame de la garde c’est celle qui protège les Marseillais. Le pont transbordeur, c’était la porte de France », raconte Patrick Boulanger avec ferveur.

Mais les nazis ont détruit cet édifice en 1944 pendant la guerre. Au même titre qu’une bonne partie du Panier en 1943. Ces ravages sont documentés au niveau du fort Saint-Jean par Jonathan Zutter. « L’artiste a osé montrer l’ampleur des destructions de la ville », reprend le commissaire.

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Le Fort Saint-Jean après la Guerre, de Jonathan Zutter.

Des affiches encore bien connues

Dans la deuxième partie de l’exposition, le commissaire expose l’évolution des bateaux. Une maquette du paquebot Charles-Roux de la compagnie Transatlantique, le premier bateau à turbines, introduit cette transformation avant le porte-conteneurs de la CMA CGM. L’armateur marseillais est d’ailleurs l’un des principaux mécènes de l’exposition.

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Patrick Boulanger devant le paquebot de la CMA (maintenant CMA CGM).

En 1933, la compagnie Transat a d’ailleurs commandé à Sandy-Hook une affiche pour ses croisières entre Marseille et l’Afrique du Nord. Elle n’est pas la seule à avoir plébiscité ce moyen de communication artistique. La Compagnie de navigation mixte, les Messageries maritimes, ou encore l’Office du tourisme l’ont également fait.

Plusieurs de ces affiches sont encore célèbres aujourd’hui (voir ci-dessous). On peut facilement les retrouver sur les présentoirs des boutiques de souvenirs du Vieux-Port. La transmission s’est donc opérée. Du moins en partie. Reste à trouver une solution durable pour faire connaître les joyaux du musée de la marine aux Marseillais !

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Musée Regards de Provence
Allées Regards de Provence
Avenue Vaudoyer, Marseille (2e)
Lien de l’exposition


*bateaux à voile caractéristiques de la Méditerranée

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