L’association Neede lance (re)generations, un dispositif inédit pour accompagner les collectivités dans leurs transitions écologiques et (ré)inventer la ville de demain dans une approche participative.
Afin d’accompagner les collectivités, les acteurs économiques et les populations méditerranéennes dans leurs transitions écologiques, Neede a créé (re)generations. L’association marseillaise, co-fondée par Cyprien Fonvielle, Dinesh Teeluck et Françoise Nyssen, a imaginé un dispositif inédit et « unique au monde », pour impulser le changement et (re)inventer le monde d’après.
Il vise à agir au plus près des citoyens en impulsant une dynamique participative et collective à l’échelle locale. Puis d’offrir à chacun des grilles de lecture et des clés de compréhension des grands enjeux liés aux impacts du dérèglement climatique sur son territoire.
Biodiversité, eau, alimentation, énergie, déchets, mobilité, attractivité… « pour embarquer les citoyens sur ces questions-là, il est urgent de les initier, de les former à tout ce que peut donner la science…, précise Françoise Nyssen, présidente de l’association. La mission de Neede, c’est d’opérer ce travail de médiation scientifique, de sensibilisation, de formation et mobiliser le plus grand nombre grâce notamment à la création de lieux d’éducation et de médiation scientifique sur le bassin méditerranéen ».
À l’instar d’Odysseo, le premier projet phare de (re)generations, qui verra le jour dès 2024 à Marseille. « Il n’existe pas de lieu de ce genre, poursuit l’ancienne ministre de la Culture. En France, il y a la Cité des Sciences, depuis peu une Cité internationale de langue française, mais pour incarner ces questions des transitions, il était vraiment important d’avoir un lieu dédié ».
Écrire un récit positif commun
L’autre enjeu de Neede est d’appuyer et stimuler les initiatives déjà portées par les collectivités. « Le partage de connaissances s’incarne d’abord par des actions territoriales », ajoute Cyprien Fonvielle, directeur général de Neede.
En ce sens, – et là est l’innovation – Neede propose d’accompagner, sur un an, les collectivités territoriales dans leur stratégie de transition en faisant participer les agents, les citoyens, les acteurs économiques et la société civile… « On est persuadés que pour ‘faire transition’ au rythme effréné, où elle nous est imposée par le dérèglement climatique et la chute de la biodiversité, nous n’avons pas d’autre choix que d’écrire la stratégie collectivement et plus globalement écrire un récit positif commun sur chacun des territoires », reprend le co-fondateur.
Le Var constitue le premier territoire d’expérimentation sur lequel Neede va continuer à « semer ». À Draguignan, la démarche va d’ailleurs plus loin avec l’accompagnement d’un établissement scolaire. « Cela nous paraît important d’accélérer les transitions des territoires à partir des écoles et des lieux d’éducation, parce que cette jeunesse doit pouvoir s’exprimer et envisager ces sujets autrement qu’à travers l’éco-anxiété », ajoute Cyprien Fonvielle.
Pour ce faire, Neede mobilise les enseignants, les élèves et leurs parents, les acteurs éducatifs, fonctionnaires territoriaux et prestataires de service… Ils interviennent tous ensemble dans la réalisation d’un diagnostic et l’écriture d’une feuille de route pour la transition de l’établissement.
Des partenariats pour des solutions les plus adaptées aux territoires
Cette méthode répond à un « besoin important » de la part des collectivités, observe l’équipe de Neede, d’autant que ces dernières disposent de plus de 80% des leviers d’actions en France. D’autres communes ont déjà sollicité l’expertise de Neede comme Gignac La Nerthe pour construire son plan climat municipal. Draguignan, La Farlède, Solliès Toucas, Ollioules, Nice… D’ici à la fin de l’année une dizaine devrait être accompagnée.
Un projet se monte actuellement avec le Département des Alpes-de-Haute-Provence, qui souhaite impliquer les collégiens dans la définition de ses objectifs. Pour le directeur général de Neede, il est aussi essentiel « de trouver des solutions pour des communes de moins de 5000 habitants et c’est tout l’enjeu des partenariats que l’on tisse et qui nous permettent de nous adapter le plus finement au territoire ».
Il y a quelques jours, le groupe Suez, fort de 2500 collaborateurs en région Sud, a décidé de rejoindre le dispositif. « Nos défis, c’est aussi d’apporter des solutions ancrées sur le territoire pour répondre à la vision de nos collectivités, de nos clients… d’être un acteur de la transition et un accélérateur de la régénération de nos territoires », souligne Laurence Perez, directrice générale de Suez Eau Provence, citant en exemple, les compteurs connectés « qui aident les citoyens à la préservation de la ressource en eau ».
Outre les moyens financiers, cet acteur majeur dans la gestion de l’eau et des déchets va contribuer à l’élaboration de modules de formation dédiés à la transition environnementale en lien avec ses différents métiers (économie circulaire, revalorisation des déchets…) et les adapter aux spécificités de chaque territoire.
Le groupe Suez mobilisera, par ailleurs, des experts dans ses domaines d’activités (eau et déchets) et participera aux actions de proximité menées dans le cadre de (re)generations en y apportant ses compétences et ses expertises.
Pour assurer le suivi du déroulé des actions mises en œuvre par Neede et en identifier de nouvelles, un comité de pilotage semestriel va être constitué. Il est composé de représentants de l’ensemble des partenaires du dispositif [voir encadré]*. En complément, un comité trimestriel sera créé pour assurer un suivi plus opérationnel des étapes des projets en cours.
Au-delà des frontières
(re)génération compte aujourd’hui 150 partenaires, parmi lesquels l’État, une dizaine de collectivités, des entreprises et universités (AMU…), des instituts de recherche, associations et ONG… D’ici fin 2024, elle aura formé 400 élus et agents territoriaux et sensibilisé plus de 120 000 personnes via différents leviers.
Les actions menées s’intègrent dans la Chaire Unesco « Éducation à la transition environnementale en Méditerranée », co-portée par Aix-Marseille Université et Neede.
L’ambition à l’horizon 2027 est d’atteindre 500 000 personnes, 50 collectivités, 2000 élus et agents et dépasser les frontières territoriales pour être présent sur 3 continents et 14 pays. « Il est indispensable de créer des coalitions internationales afin de partager les expériences et solutions pour mieux répondre aux problématiques et attentes liées aux transitions écologiques », assure Dinesh Teeluck, co-fondateur de Neede et directeur de la stratégie, du Plaidoyer et de l’Engagement.
Neede travaille déjà sur la réplication de ce dispositif sur d’autres territoires. À Bonifacio, l’équipe planche sur la création d’un lieu similaire à Odysseo au sein de la caserne de Montlaur.
Au Maroc, des actions de formations, de recherche et des projets de terrain sont lancés en particulier dans l’agro-agriculture. Des déploiements sont envisagés dans les pays du Moyen-Orient avec la MENA 2050 qui œuvre pour la paix et la coopération des peuples dans la région Moyen-Orient Afrique du Nord, en collaboration avec les ONG locales.
« (re)generations peut être perçu comme une goutte d’eau face à l’immensité de la tâche qui nous attend. Mais quitte à être une goutte d’eau, autant être celle qui fera déborder le vase. Le vase du savoir et de la connaissance, de l’action individuelle et collective mais surtout de l’espoir. Tout reste encore possible. Nous avons encore notre avenir en main. À condition d’agir maintenant ! » espère Dinesh Teeluck.
*Les partenaires du comité de pilotage : l’Etat avec différents ministères, la Région Sud, Métropole Aix-Marseille-Provence, Département des Bouches-du-Rhône, Ville de Marseille, CMA CGM, ainsi que des mécènes (Agences Exprimer, Sunmade, Banque Rothschild Martin Maurel, Groupe Altéor, CF Media, Mediagir).
