Une institutrice a rejoint les rangs du Parc national des Calanques. Ce dispositif exceptionnel s’inscrit dans un nouveau partenariat avec l’université et l’Éducation nationale pour intensifier la pédagogie environnementale auprès des plus jeunes.
Dans le football, on appellerait ça un prêt. Un joueur sous contrat avec un club qui part jouer temporairement avec une autre équipe. Ici, le mercato est plus inhabituel : une institutrice de l’académie Aix-Marseille vient d’intégrer l’équipe du Parc national des Calanques.
« L’objectif, c’est que mon expertise d’enseignante serve à développer les projets éducatifs du Parc », explique Camille Schmidt. La professeure des écoles porte aujourd’hui le gilet floqué des agents des Calanques. « Mon expérience m’a permis de constater que les petits Marseillais connaissent très peu l’environnement local. J’essaie de trouver des moyens de les toucher ».
Sa mission concernera également les enseignants du territoire. « Je dois créer des liens entre eux et le Parc. Car on a déjà des ressources pédagogiques, des outils, des kits d’éducation à l’environnement. Le but est que je les fasse connaître pour les diffuser au maximum », explique-t-elle.
Le Parc des Calanques s’allie avec les institutions éducatives
En effet, voilà déjà des années que le Parc des Calanques travaille sur l’éducation environnementale des plus jeunes, comme le rappelle sa directrice, Gaëlle Berthaud : « C’est une de nos missions. Et c’est encore plus important dans ce parc particulier, au cœur d’une très grande agglomération, et donc en contact direct avec des dizaines de milliers d’enfants ».
Interventions dans les écoles, sorties éducatives, outils pédagogiques, ateliers… « Nous intervenons directement auprès de 700 élèves chaque année », poursuit la directrice. Mais il s’agit de voir plus large, en touchant « 4 000 élèves par an. Et travailler dans la continuité, après le primaire, au collège et au lycée ».
Pour atteindre cet objectif, ce jeudi 21 décembre, le Parc national a signé une convention avec l’université d’Aix-Marseille (AMU), l’académie Aix-Marseille et l’Institut national supérieur du professorat et de l’éducation (Inspé). C’est dans ce cadre que l’Éducation nationale met à disposition une professeure, à sa charge, pour une durée d’un an, dans un premier temps.
Former les enseignants à l’éducation environnementale, multiplier les interventions dans les établissements scolaires, parfaire les outils pédagogiques… La convention vise à sceller les échanges entre le Parc des Calanques et la jeunesse du territoire, grâce à tous les acteurs éducatifs.
« Les enfants deviennent des cracks en biodiversité »
Si l’objectif est de développer de nombreux dispositifs pédagogiques, l’un d’eux semble avoir fait ses preuves auprès des plus jeunes. Il s’agit des aires marines éducatives (AME). « Le principe, c’est qu’une école adopte une zone naturelle, une plage, une calanque…», explique Juliette Grossmith, agente du Parc, chargée de mission éducative.
« Là, ils ont choisi la plage Saint-Estève sur l’archipel du Frioul », précise-t-elle, dans la classe de CM2 de l’école des Accoules au Panier, qui ressemble désormais un muséum d’histoire naturelle. « Les élèves l’étudient avec l’aide de chercheurs, viennent l’observer en sortie, poursuit Juliette. Puis, on réunit un conseil d’enfants qui décide de projets à mettre en place ».
Pour cette aire marine éducative, les écoliers ont créé des panneaux de sensibilisation sur la faune et la flore qu’ils ont installé autour de la plage. « C’est vraiment très intéressant, les enfants deviennent des cracks en biodiversité », se réjouit-elle.
Aujourd’hui, Marseille compterait six aires marines éducatives : le Bain des Dames (8e), l’Anse de la Fausse Monnaie à Malmousque (7e), la Calanque de Sormiou (9e), la plage du Fortin (16e), la plage Sainte-Estève et l’anse du Grand Soufre au Frioul.
Mais l’objectif est de décupler ces dispositifs, à l’échelle locale comme nationale. « La France compte 1 000 AME aujourd’hui, indique Gaëlle Berthaud. L’État souhaite atteindre au moins 18 000 d’ici 2030 », conclut la directrice du Parc national des Calanques.