Le Département des Bouches-du-Rhône organise une première réunion avec le CIQ Arenc-Villette et la Ville de Marseille pour réfléchir à l’avenir de l’église d’Arenc.
Des immenses tours modernes du quartier d’affaires de Marseille en passant par les projets du Grand port maritime sur la façade littorale, et le grand renouvellement urbain d’Euroméditerranée… Au milieu des chantiers et bâtiments neufs, l’Église d’Arenc fait office de dernier vestige historique des quartiers Arenc-Villette.
« C’est le seul petit bout de patrimoine qu’il nous reste », commente Antoine Cacioppo, vice-président du comité d’intérêt de quartier (CIQ), alors que l’avenir de l’édifice est toujours très incertain.
Depuis que le Département des Bouches-du Rhône a racheté l’église désacralisée en 2018, il faut s’accrocher pour comprendre ce qu’il souhaite en faire. Il s’agissait d’abord d’y créer un espace de coworking et d’exposition. Avant de décider de vendre le bâtiment en 2022. Pour revenir finalement sur cette décision en 2023.
Des diagnostics divergents pour une Église fragile
Ce clocher ressemble à une épine dans le pied de la collectivité. Et pour cause, « il est fragilisé, il bouge, il penche », décrit Laure-Agnès Caradec, vice-présidente du conseil départemental (et présidente d’Euroméditerranée). Cet exemple, parmi d’autres, témoigne de « désordres et pathologies sérieuses du bâti, qui souffre d’instabilité depuis très longtemps ».
Il faudrait avant tout stabiliser l’édifice, avec notamment des centaines de micro pieux jusqu’à 20 mètres de profondeur. Une opération que Laure-Agnès Caradec estime à « 4 millions d’euros. Et à peu près l’équivalent pour la restauration du bâtiment, sans compter de potentiels aménagements ». Soit, à la louche, une dizaine de millions d’euros pour redonner vie au site. C’est cette facture qui semble bloquer le Département.
Du côté du CIQ Arenc-Villette, Antoine Cacioppo juge que ces chiffres sont au-dessus de la réalité. « En 1998, c’était 800 000 euros, c’est passé à 1,2 million en 2004, puis 2,3 millions en 2016. Aujourd’hui, on doit être autour de 3 millions d’euros ».
Le citoyen, engagé pour son quartier, semble bien renseigné. Mais le Conseil départemental ne lui a toujours pas fourni la dernière étude officielle. Et ce, malgré ses demandes répétées, et « validées par la Commission d’accès aux documents administratifs (Cada) ».
Une réunion pour ouvrir le dialogue
Alors que les opinions divergent, le Département a décidé de « tout remettre à plat, de manière transparente », assure Laure-Agnès Caradec. Comment ? En organisant une réunion avec le CIQ, la Ville de Marseille et la mairie de secteur (2-3), le 17 janvier, et présenter « toutes les études techniques, les bilans sanitaires, les études patrimoniales ».
Un premier pas pour rouvrir le dialogue, y voir un peu plus clair. Et tenter de « résoudre une équation compliquée, financièrement et techniquement » pour restaurer l’église d’Arenc et lui trouver une nouvelle vocation. La solution pourrait venir de partenaires privés, évoque la vice-présidente.
Pour Antoine Cacioppo, la priorité « est que le Département fasse les travaux de sécurisation et de consolidation du site. Ensuite, on aura le temps de trouver des projets, des financements, des partenaires. Et ce sera plus engageant pour un porteur de projet avec un édifice en bon état ».
Si le CIQ se réjouit d’être consulté et d’entamer une phase de dialogue, il insiste pour recevoir les documents techniques avant la réunion afin d’avoir le temps de les étudier. En espérant que l’année 2024 soit celle où l’église d’Arenc se projette enfin vers une nouvelle vie.