Récits-photos « Expéditions scientifiques en terres inconnues ». C’est le nom de la conférence qui se tient, ce dimanche, place Bargemon à Marseille. L’océanographe marseillaise, Marianne Quéméneur, vous plongera dans les profondeurs extrêmes pour découvrir son travail.

À l’occasion de la Fête de la science, l’Institut de recherche pour le développement (IRD) organise deux temps forts, dimanche 15 octobre, place Bargemon à Marseille. Après la rencontre-débat intitulée « Le milieu du sport court-il toujours après l’égalité ? » – en fin de matinée -, une volcanologue, un paléoclimatologue et une océanographe viendront ensuite partager leurs “expéditions scientifiques en terres inconnues”, à travers un récit-photos.

Marianne Quéméneur, océanographe à l’Institut méditerranéen d’Océanologie à Luminy, interviendra à cette occasion. Microbiologiste de formation, cette chercheuse à l’IRD est spécialisée dans l’étude des micro-organismes dans l’environnement marin extrême, notamment les micro-organismes anaérobies (qui ne peuvent pas se multiplier en présence d’oxygène) et leur utilisation dans certaines approches biotechnologiques de dépollution ou en bio-énergie.

expéditions, Les scientifiques de l’IRD racontent leurs expéditions scientifiques en terres inconnues, Made in Marseille

Vous intervenez lors d’une conférence, plus exactement un récit-photos autour du thème « Expéditions scientifiques en terres inconnues”. En quoi consiste exactement votre travail ?

Je travaille sur les organismes invisibles à l’œil nu, de l’ordre du micron, qui vivent au fond des océans dans des conditions extrêmes, avec des températures très élevées, soit un milieu tout à fait inhospitalier pour nous. Je m’intéresse donc aux micro-organismes qui vivent sans oxygène, au fond des océans.

L’objectif de la conférence de dimanche sera de présenter des sources hydrothermales uniques, que l’on trouve à faible profondeur, dans le lagon sud de Nouvelle-Calédonie, et sur lesquelles je travaille depuis mon recrutement à l’IRD. Je m’intéresse aussi aux environnements plus profonds, à ce qui se passe sous le plancher océanique, donc sous la mer, dans les sédiments, dans les roches.

Aujourd’hui, on considère que cet ensemble constitue le plus grand écosystème de micro-organismes et de biomasse sur terre. Je reviendrai également sur ma participation à une expédition réalisée au milieu de l’Atlantique, qui visait à observer et à échantillonner des micro-organismes à plus de 1 000 mètres de profondeur avec un bateau qui permet de forer sous le plancher de l’océan.

Comment se déroulent vos observations et comment collectez-vous vos échantillons à plus de 1 000 mètres de profondeur ?

Ce type d’expéditions dure près de deux mois. Le bateau est équipé de foreuses qui sont mises à l’eau. Il y a des tubes cylindriques qu’on appelle des carottiers qui vont être enfoncés à la verticale au fond de l’océan et qui vont nous permettre de faire remonter à la surface des “carottes” de roche.

Tout le travail est ensuite réalisé sur le bateau : on va découper ces carottes, faire les photos et les observations, puis lancer des expériences avant de revenir en laboratoire. En fonction des campagnes scientifiques, nous pouvons réaliser plusieurs puits de forage de faible profondeur ou aller jusqu’à 1 500 mètres sous la mer, dans le plancher océanique rocheux. C’est assez exceptionnel.

Les micro-organismes peuvent être utilisés dans différentes approches. Lesquelles par exemple ?

Les micro-organismes extrêmophiles sont beaucoup étudiés pour leur utilisation, par exemple en biologie moléculaire, dans les lessives comme dans les industries de détergents. Dans notre laboratoire marseillais, on fait plutôt de la recherche fondamentale appliquée sur les aspects de bio-dépollution et de la recherche de bio-énergie, avec l’utilisation de micro-organismes comme bio-carburants, au travers de la recherche de micro-algues.

Vous menez plusieurs programmes de recherche sur l’utilisation de ces micro-organismes pour produire de l’hydrogène. En quoi consistent vos travaux ?

L’étude de l’hydrogène naturel est assez récent. Le problème avec l’hydrogène, c’est qu’il est actuellement produit à partir d’énergies fossiles. En laboratoire, on travaille sur l’hydrogène vert. Nous avons des programmes pour tester différents types de déchets et regarder comment on peut mieux les dégrader, améliorer les rendements de production d’hydrogène. On est aussi en train de développer des programmes sur la recherche d’hydrogène naturel, que l’on appelle également de l’hydrogène blanc ou natif, naturellement produit dans certaines zones sur terre.

Dans quelles zones par exemple ?

On est dans une phase exploratoire. Il faut imaginer l’époque où l’on a commencé à explorer les zones pour la production de pétrole. On se trouve à un stade similaire. Notre travail consiste à répertorier ces zones. Par exemple, les sources de Nouvelle-Calédonie que j’étudie produisent cet hydrogène en grande quantité. Nous étudions ainsi les mécanismes de production, afin de trouver comment les reproduire. À terme, cela nous permettrait de développer des technologies bio-inspirées pour produire cet hydrogène, ce qui n’est pas encore le cas.

Infos pratiques

Rencontre-débat « Le milieu du sport court-il toujours après l’égalité ? »
Dimanche 15 octobre, 11h – Place Bargemon

Récits-photos « Expéditions scientifiques en terres inconnues » – Dimanche 15 octobre, 14h – Place Bargemon

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