Condamnés à être totalement réenfouis, les vestiges de la carrière antique de la Corderie seront finalement partiellement préservés. Ils seront mis en valeur sous une ombrière et accessibles au grand public deux fois par an.

À l’issue de discussions « âpres et longues, et grâce à la mobilisation des citoyens et associations, nous avons trouvé un accord pour préserver l’essentiel » des vestiges de la carrière antique de la Corderie, nous confirme Perrine Prigent, adjointe au maire en charge du Patrimoine.

Un énième rebondissement dans la saga de cette découverte archéologique mise au jour en 2017, témoin de la fondation le la cité phocéenne il y a 26 siècles.

Après le classement au titre des monuments historiques de 635 m2 du site (sur 4 200 m2) en 2018, l’État avait finalement décidé de réenfouir les vestiges plutôt que de les mettre en valeur pour le public. Il justifiait ce choix par leur meilleure conservation à long terme.

Une décision attaquée en mai 2023 par des associations, comme le documentait La Marseillaise.

Contexte

Découverts par le grand public lors du lancement d’un projet immobilier de Vinci en 2017, un conflit est né autour de la préservation de ces vestiges, témoins de la fondation de la cité grecque. De nombreux citoyens, militants et politiques se sont battus pour les conserver entièrement et les mettre en valeur.

Une ombrière de protection et une scénographie muséale

Ainsi, après de longues négociations, 160 m2 de vestiges en zone centrale du site resteront en surface. Ils seront « mis en valeur », visibles et protégés de l’érosion par « une grande ombrière ».

« Un compromis difficile à obtenir », raconte l’élue. La majorité municipale, engagée depuis le début de l’affaire pour la préservation de ce patrimoine, a dû « chercher des solutions avec l’État, les architectes des Bâtiments de France, la Conservation régionale des monuments historiques, pour faire évoluer leur position ».

Une victoire en demi-teinte. « Ce n’est pas parfait, ce n’est pas la réouverture totale du site. Mais nous préservons l’essentiel », insiste Perrine Prigent. Pour le reste, soit environ 470 m2 de vestiges, l’État les réenfouira pour les protéger. « Nous ferons une végétalisation qualitative en surface » décrit l’adjointe.

Pour les vestiges qui resteront visibles, l’élue dépeint « un accompagnement muséal et pédagogique pour retracer l’histoire de la carrière. Une scénographie, du matériel archéologique, des moulages…».

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corderie, Une partie de la carrière antique de la Corderie sera finalement préservée et valorisée, Made in Marseille

Ouverture au grand public deux fois par an

Toutefois, seules des visites scolaires sont prévues sur le site tout au long de l’année. La population marseillaise ou les visiteurs devront se contenter de « deux ouvertures ponctuelles par an, précise l’élue. Lors des Journées du patrimoine [septembre] et des Journées de l’archéologie [juin] ».

Perrine Prigent annonce également que le musée d’Histoire de Marseille consacrera une partie de son parcours à la Carrière antique de la Corderie.

Vers un aménagement des alentours des vestiges

De son côté, la maire de secteur des 1er et 7e arrondissements de Marseille, Sophie Camard, ne cache pas son soulagement de voir enfin le dénouement du sujet. « Cela va nous permettre de déclencher enfin tout l’aménagement autour ».

Car l’enlisement du dossier des vestiges de la Corderie empêchait le réaménagement des espaces publics voisins. Ces derniers se détériorent, note l’élue, comme le jardin Saint-Nicolas, en partie squatté. « Nous rencontrons aussi beaucoup de problèmes d’incivisme, de propreté, de gestion urbaine », énumère la maire des 1-7.

« Nous allons enfin pouvoir relancer le projet d’aménagement dans les tuyaux depuis des années, déposé par l’ancienne municipalité. Il va consister à reprendre le jardin Saint-Nicolas, le plateau au-dessus également, tout le pourtour des vestiges ». La carrière antique ne sera donc pas la seule à bénéficier d’une remise en valeur.

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