Alors que les dérèglements climatiques menacent les ressources en eau dans l’arc méditerranéen, la Région Sud se mobilise pour mettre en oeuvre des solutions innovantes.
Des aqueducs romains de Provence aux glaciers du Mercantour, l’eau est omniprésente en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Mais dans un contexte de changements climatiques qui s’intensifient, cette ressource risque de se raréfier. Une situation qui pousse les acteurs du territoire à changer de regard et imaginer de nouvelles solutions.
Le défi de l’eau sera d’ailleurs au coeur des échanges de Méditerranée du Futur. L’événement, devenu un incontournable de la rentrée à Marseille, se tiendra cette année le 22 septembre dans l’auditorium de Cosquer Méditerranée. Les dérèglements, encore plus accentués dans notre zone géographique, en font « un laboratoire des solutions à mettre en place », estime la Région Sud qui réunira à l’occasion de cette 6e édition des acteurs publics et privés de l’arc méditerranéen pour tracer les perspectives d’un avenir plus durable.
Sobriété, solidarité et innovation
Avec la hausse des températures, plusieurs phénomènes affectent désormais le sud de la France. La neige se raréfie sur les sommets des Alpes en hiver, amenuisant le stockage de l’eau, tandis qu’en été l’évaporation naturelle s’accentue. Les pluies se font quant à elles plus rares, mais tombent de manière plus violente.
« Face à ces évolutions, il nous faut sécuriser notre ressource en eau », met en garde Bénédicte Martin, vice-présidente de la Région Sud en charge de l’agriculture, de la viticulture, de la ruralité et du terroir. Pour y parvenir, elle détaille la stratégie établie par la collectivité : « sobriété, solidarité et innovation ».
Afin d’encourager habitants et touristes à limiter leur utilisation de l’eau, la Région Sud lance une grande campagne de sensibilisation sous le slogan « Chaque goutte compte, l’eau c’est la vie ». « Mais nous devons aussi réduire les fuites d’eau potable dans les réseaux », souligne la conseillère régionale.
Selon les données de l’Observatoire National des Services Publics d’Eau et d’Assainissement, environ 1 litre d’eau potable sur 5 se perdrait dans les réseaux de distribution nationaux, soit 1 milliard de m3 par an à l’échelle nationale. « Au niveau du Canal de Provence, nous n’avons que 10% de perte, ce qui n’est pas si mal en comparaison », souligne-t-elle.
« Une question de survie pour notre agriculture »
Dans les réflexions en cours sur la gestion de l’eau en Provence-Alpes-Côte d’Azur, l’agriculture a une place particulière. Elle représente aujourd’hui 60% de la consommation d’eau dans la région, contre 30% pour l’usage de l’eau potable et 10% pour les usages économiques et industriels.
« Il y a 102 000 hectares irrigués sur tout le territoire, nous indique Bénédicte Martin. Il faudrait passer à 150 000, c’est une question de survie pour notre agriculture méditerranéenne ». Un véritable défi, alors que l’heure est à la sobriété. « 126 millions de m3 d’eau pourront être économisés d’ici 2038 si on modernise notre système d’irrigation agricole. Ce sont 900 millions d’euros qui vont devoir être investis ».
Avec un budget de 50 millions d’euros sur la période 2023-2027, la Région Sud entend déjà améliorer son système d’irrigation ces prochaines années. Parmi les solutions envisagées, elle évoque les retenues collinaires qui permettent en hiver de stocker l’eau pour la saison estivale.
« Il faut aussi travailler sur la recherche variétale, aller vers des plantes qui ont un stress hydrique moins important, recommande la conseillère régionale en charge de l’agriculture. On a par exemple des filières émergentes qui sont moins consommatrices d’eau. La production des amandes, que l’on importe beaucoup de Californie, en nécessite cinq fois moins que les pêches ». L’utilisation d’ombrières pour protéger les cultures apparait également comme une solution d’avenir.
Réutilisation des eaux usées et production d’eau potable
Alors que seulement 0,26% des eaux usées du territoire est aujourd’hui réutilisée, la Région Sud fait part de son ambition dans ce domaine : « passer à 10 % de réutilisation » en lançant « la plus grande expérimentation de France ». Les stations d’épuration du littoral et les zones les plus en tension devraient être ciblées en priorité, avec un premier projet annoncé dans les Alpilles pour irriguer des champs d’amandiers et d’oliviers. L’arrosage et le nettoyage dans les villes font partie des différents usages envisagés.
La récupération des eaux de pluie est citée comme une solution complémentaire. La Région souhaite en effet installer des récupérateurs dans l’ensemble des lycée d’ici 2025 et accompagner les particuliers dans cette démarche à partir de janvier prochain.
Une autre innovation devrait voir le jour avec la création début 2024 d’une « unité mobile de production d’eau potable ». Trois générateurs d’eau itinérants, appelés « tulipes », seront utilisés pour transformer l’atmosphère en eau. Ils fonctionneront avec des panneaux solaires et pourront produire jusqu’à 800 litres d’eau par jour. « Une réponse localisée » pour les zones qui perdraient l’accès à l’eau potable.
Si les initiatives se multiplient, la rénovation du Canal de Provence reste le plus gros investissement de la Région, avec 400 millions d’euros engagés d’ici 2027 pour moderniser le réseau et sécuriser les réserves en eau de 130 communes. Un chantier titanesque à la hauteur du défi climatique. Ce 22 septembre, à l’occasion de Méditerranée du Futur, les acteurs publics et privés des deux rives de la Méditerranée seront réunis à Marseille pour le relever en partageant leurs expériences et en mettant en commun leurs solutions.
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