Atmosud a développé Simpac, un outil de surveillance et de prédiction de l’évolution des incendies. Ces derniers devraient se multiplier avec le réchauffement climatique, et auront des conséquences pour l’air et la santé.
Cet été, les « mégafeux » ont éclaté du Canada à la Grèce. Ils sont appelés à se multiplier selon les experts, à cause du réchauffement climatique, lui-même alimenté par les émissions de CO2 des incendies*.
« Nos capteurs dans les Hautes-Alpes ont détecté la pollution des feux du Canada », pose Dominique Robin, le directeur de l’agence régionale de surveillance de la qualité de l’air, Atmosud. Une donnée qui illustre la capacité de pollution des panaches de fumées. « Ils montent très haut à cause de la chaleur, et voyagent très loin ».
Pour la composition, on trouve des oxydes d’azote, monoxydes de carbone, hydrocarbures, dioxines et furanes, et des particules fines et ultrafines. Un cocktail peu recommandable pour la santé. « Assimilable à celui d’un pic de pollution intense » selon l’Agence régionale de Santé (ARS) Nouvelle-Aquitaine. Lors de l’incendie de Gironde en 2022, elle a communiqué des recommandations de protection à la population.
Les effets sur la santé peuvent à court terme impacter l’appareil respiratoire, comme à long terme le système cardiovasculaires avec les particules ultrafines. C’est ce que détaille un rapport de l’Anses, l’agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail.
* Atmosud estime que l’incendie de Gonfaron (Var), en 2021, a émis autant de CO2 que la ville d’Avignon durant un an, toutes sources d’émissions confondues (transport, chauffage, industrie…).
Une innovation face aux flammes et aux fumées
Les populations proches des incendies sont évidemment les plus exposées à cette pollution. C’est pourquoi Atmosud assure, depuis des années, un suivi de la qualité de l’air lors des feux de forêts. L’agence a ainsi développé une expertise dans la surveillance en temps réel comme dans la prédiction.
Sur cette base, et avec la participation du SDIS 13, d’ARIA Technologies, et le financement de la Région, elle vient de développer un nouvel outil de surveillance et d’aide à la prise de décision lors des incendies.
Baptisé Simpac Feux, il permet de connaître en temps réel l’évolution des fronts de flammes, des masses d’air polluées et de prédire grâce à des modèles les zones potentiellement impactées par les incendies.
« Pour les pompiers, c’est un outil intéressant pour la stratégie de lutte contre les flammes, décrit Dominique Robin. Mais il sert aussi à anticiper les trajectoires des fumées et déclencher des mesures de protection des populations face à la pollution ».
Vers un « réseau méditerranéen de l’air »
L’outil pourra être partagé en France et ailleurs. Comme en Méditerranée, « touchée par deux incendies sur trois dans le monde », estime Victor-Hugo Espinosa. Il est le fondateur de la fédération l’Air et Moi, partenaire d’Atmosud dans la sensibilisation et la pédagogie.
C’est pourquoi il a décidé de lancer le développement du « Réseau méditerranéen de l’air. Pour répondre aux enjeux de l’air, de la santé et du climat face aux risques incendies ». Une initiative soutenue financièrement par la Région Sud à hauteur de 28 000 euros.
Il s’agit de mobiliser et faire coopérer des acteurs de terrain, pour beaucoup de citoyens et d’associatifs. « Du Liban au Maroc, en passant par la Tunisie, l’Italie ou l’Espagne », précise Victor-Hugo Espinosa. Atmosud et l’Air et Moi ont développé des outils citoyens, comme les capteurs d’air portatifs, ainsi que des outils pédagogiques.
« Nous souhaitons les diffuser au maximum, reprend Victor-Hugo Espinosa. D’abord pour sensibiliser les populations, car 9 incendies sur 10 sont d’origine humaine. Mais aussi former les élus et décideurs, afin de développer des politiques efficaces et cohérentes entre les pays du « réseau méditerranéen de l’air » ».