La Fondation 1 Ocean et l’Unesco organisent une nouvelle mission d’exploration scientifique du 3 au 17 avril 2023 en Méditerranée, entre Saint-Raphaël et Marseille.
Du 3 au 17 avril, la Fondation 1 Ocean et l’Unesco partent explorer les profondeurs de la côte méditerranéenne entre Saint-Raphaël et Marseille. Il s’agit de la deuxième mission du programme scientifique « l’Arche de Noé des profondeurs, un avenir pour la biodiversité ? ».
L’objectif de cette nouvelle expédition est de comprendre comment, dans les profondeurs, les gorgones et leur écosystème pourraient survivre face au réchauffement climatique. « Nous nous rendrons notamment sur un site d’exception où l’on trouve les plus grandes gorgones de Méditerranée. Avec le chercheur Lorenzo Bramanti, nous effectuerons des prélèvements avec pour objectif d’établir une carte génétique, une équipe de cinéma accompagnera cette mission », précise un responsable de la Fondation.
Les gorgones rouges
Les gorgones rouges (Paramuricea clavata) sont des animaux endémiques et emblématiques de la Méditerranée. Elles sont de proches parents des coraux de récifs, mais à leur différence, elles peuvent vivre à de grandes profondeurs. À la manière d’arbres sous-marins, les gorgones forment de véritables forêts animales. Leur structure en trois dimensions confère à ces organismes sessiles un rôle de garde-manger, de nurserie et d’habitat protecteur dont dépendent de nombreuses espèces.
Les profondeurs de la Méditerranée : nouveaux refuges climatiques ?
Au cours de l’été 2022, les gorgones du bassin méditerranéen occidental ont connu un épisode de mortalité massif lié à des températures anormalement élevées. Sur certains sites, le constat est alarmant : entre 0 et 30 mètres de profondeur, la quasi-totalité des gorgones sont mortes en seulement quelques jours.
« La situation des gorgones en Méditerranée est à l’image de ce qu’il se passe sur l’ensemble de notre planète. À l’instar de la forêt amazonienne, les forêts animales sous-marines disparaissent peu à peu, avec des conséquences tout aussi dramatiques. Pour des milliers d’êtres vivants, ces forêts sont à la fois un habitat protecteur et un garde-manger et leur disparition conduit inévitablement à une perte de biodiversité », témoigne Alexis Rosenfeld, explorateur et photographe des missions 1 Ocean.
« Si l’on en croit les projections climatiques, ces perturbations thermiques devraient devenir de plus en plus fréquentes. À court terme, les populations de gorgones de Méditerranée pourraient être gravement menacées et avec elles, tout l’écosystème associé, souligne la Fondation 1 Ocean. Toutefois, au-delà d’une certaine profondeur, les gorgones semblent préservées, comme si elles avaient été protégées dans une capsule thermique. Pour les scientifiques, ce constat est un véritable motif d’espoir : moins impactées par les anomalies de températures, les profondeurs pourraient peut-être devenir de véritables refuges climatiques pour les forêts animales ».