Emmanuel Macron était à Serre-Ponçon ce jeudi 30 mars. Il a présenté son « Plan eau » destiné à améliorer la gestion de cette ressource menacée par les changements climatiques.

Le timing n’a pas été choisi par hasard, alors que la France vient de traverser un hiver particulièrement sec, avec un record de 32 jours sans pluie qui n’a pas permis de reconstituer les nappes phréatiques, pour 80% en-dessous des normales au 1er mars, et cinq jours après la manifestation contre la méga-bassine de Sainte-Soline.

Le lieu non plus. C’est depuis Savines-le-Lac dans les Hautes-Alpes que le président de la République effectue son premier déplacement en région depuis deux mois, en pleine période de mobilisation contre la réforme des retraites. Entouré de ses ministres Christophe Béchu, à la Transition écologique, et Marc Fesneau, à l’Agriculture, ainsi que de Renaud Muselier, président de la Région Sud, il a présenté aujourd’hui son « Plan eau ».

Emmanuel Macron, À Serre-Ponçon, Emmanuel Macron présente son « Plan eau » contre la sécheresse, Made in Marseille
Emmanuel Macron a dévoilé son « Plan eau » à Savines-le-Lac, dans les Hautes-Alpes, le 30 mars 2023 aux côtés de ses ministres et de Renaud Muselier © DR

La petite commune alpine est en effet située à côté du lac de Serre-Ponçon, plus grande réserve d’eau douce d’Europe de l’ouest, avec 1,27 milliard de m3 d’eau, sur une superficie de 2800 hectares pour 20 km de long et 3 kilomètres de large à son niveau maximum. Cette étendue d’eau monumentale concentre aujourd’hui toutes les problématiques. C’est d’abord un réservoir d’eau potable pour les habitants, mais aussi pour les agriculteurs et les activités industrielles du territoire. Elle représente aussi une vraie manne financière pour les acteurs touristiques grâce à sa base de loisirs.

Vers une tarification progressive du prix de l’eau

Emmanuel Macron a annoncé une cinquantaine de mesures, dont un volet sur la réutilisation des eaux usées, la lutte contre les fuites d’eau, mais également des mesures concernant le prix de l’eau ou encore l’utilisation agricole, première consommatrice d’eau via l’irrigation en France.

« La sécheresse de 2022 ne sera pas exceptionnelle par rapport à ce que l’on va connaître. On doit préparer l’été prochain. Les premiers arrêtés ont été pris. Une dizaine de départements sont en alerte ou alerte renforcée » a souligné le président face à la presse, avant de décliner ses mesures. Les experts du climat prévoient une diminution de 10 % à 40 % de la ressource en eau dans les prochaines décennies. L’objectif du chef de l’État est de faire « 10% d’économie d’eau dans tous les secteurs » d’ici 2030. Dans l’immédiat, le président veut débloquer 180 millions d’euros « pour traiter en priorité les 2000 communes identifiées comme fragiles ».

Son « Plan eau » suivra le modèle de ce qui a été fait cet hiver pour économiser l’énergie avec l’outil éco-watt. Dans chaque territoire, « en fonction des ressources disponibles, les préfets vont fixer des règles de partage de l’eau pour que chacun puisse connaître les gestes à adopter et voir l’évolution de la situation » précise le chef de l’État. Il souhaite aussi mettre en place une tarification progressive de l’eau en France, « au-delà d’un certain niveau, le prix du m3 sera plus élevé pour les consommations de confort, pour inciter à plus de sobriété ».

10% de réutilisation des eaux usées en France d’ici 2030

Ce plan pour la sobriété de l’eau va se décliner dans chaque secteur : tourisme, industrie, agriculture… Pour l’agriculture, l’Etat va investir 30 millions d’euros pour passer à des modèles d’irrigation plus vertueux, comme le goutte à goutte, et 500 millions supplémentaires pour financer les actions contre les conséquences du réchauffement climatique, notamment la réutilisation des eaux usées pour irriguer les parcelles agricoles.

Pour l’énergie, Emmanuel Macron a annoncé un programme d’investissement permettant aux centrales nucléaires, qui ont besoin de volumes considérables d’eau pour se refroidir, de fonctionner beaucoup plus en circuit fermé. « Environ 12% de l’eau consommée en France l’est par les centrales » a-t-il souligné.

L’objectif pour l’État est aussi de « faire évoluer la logique de stockage de l’eau » dans le pays. « Cela passe d’abord par des sols en meilleure santé qui favorisent la recharge des nappes phréatiques ». En réaction aux récentes polémiques et oppositions sur les bassines comme celle de Sainte-Soline, le président a assuré qu’il « ne s’agit pas de privatiser l’eau ou de permettre à certains de se l’accaparer ».

Emmanuel Macron veut passer à 10% de réutilisation des eaux usées en France d’ici 2030, contre moins de 1% aujourd’hui. « Pour cela, nous avons décidé de lancer 1000 projets en 5 ans pour recycler et réutiliser l’eau (…) Nous voulons réutiliser 300 millions de m3, soit 3500 bouteilles d’eau par Français et par an ».

La Région Sud veut devenir une collectivité pilote

De son côté, Renaud Muselier a annoncé vouloir aller encore plus loin dans son Plan or bleu pour la Région Sud, avec 10 millions d’euros supplémentaires engagés pour devenir une collectivité exemplaire et pilote en matière de sobriété.

Parmi les projets annoncés, l’installation des récupérateurs d’eau de pluie, sur l’ensemble du patrimoine régional (lycées, bureaux, bâtiments) qui peut en être équipé d’ici 2025, 100 % des lycées régionaux équipés en matériel d’économies d’eau d’ici 2026 : robinets, toilettes, douches, arrosages d’espaces verts… Et le financement de récupérateurs d’eau de pluie pour les particuliers à partir de janvier 2024.

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