Basée dans les quartiers Nord de Marseille, l’association Le Paysan Urbain vient de lancer Nèrta, une pépinière de plantes locales. Peu gourmandes en eau pour la plupart, elles poussent à partir de graines récoltées dans les massifs alentours.

Perché entre ville et nature, sur un plateau de deux hectares verdoyants aux abords du Cloître de Saint-Jérôme à Marseille (13e), Le Paysan Urbain est un chantier d’insertion connu pour sa production de micro-pousses. Depuis deux ans, les équipes de l’association travaillent au développement d’une nouvelle activité : elles viennent de lancer Nèrta, une pépinière de plantes méditerranéennes.

En charge de celle-ci, Claire Roldès s’applique à faire germer des graines qu’elle prélève elle-même dans les massifs alentours, comme ceux de l’Étoile, de la Sainte-Baume, ou en contrebas de la montagne Sainte-Victoire. Après une première phase d’expérimentation commencée en 2020, avec cinq types de plants, elle propose aujourd’hui une soixantaine d’espèces à la vente.

Orpin, ciste, laurier, lavande… ces essences sont particulièrement adaptées au climat chaud et sec du pourtour méditerranéen. Nèrta n’est « pas dans la même logique que les pépinières conventionnelles, explique Claire. Au-delà de vendre des plants, nous voulons reproduire ce qui se fait dans la nature, renforcer la biodiversité et proposer des solutions au manque d’eau, qui devient un sujet crucial dans notre région ».

nèrta, Nèrta, une pépinière de plantes locales dans les quartiers Nord de Marseille, Made in Marseille Session de récolte au massif de la Sainte-Baume © Le Paysan Urbain

Des plantes endémiques pour végétaliser la ville

Alors que les plantes ornementales sont en grande partie importées d’autres pays, l’enjeu est également « de promouvoir la flore locale pour répondre à des projets d’aménagement urbain d’espaces verts », ajoute Sabine Bécard, responsable des partenariats au Paysan Urbain. Ces espèces résilientes pourront être « replantées localement et utilisées dans des politiques de renaturation, comme les trames vertes, qui relient les massifs à la ville ».

« Souvent, quand on évoque le réchauffement climatique à l’échelle urbaine, on va parler de diminuer la température et de désimperméabiliser les sols en plantant des arbres. Mais c’est aussi bien de planter du végétal, quelle que soit sa taille, souligne Claire. Surtout dans des zones où les plantes se sont adaptés en étant très repliés sur elles-mêmes, petites ou tapissantes. D’où l’intérêt de produire des arbustes, arbrisseaux, touffes et couvre-sols en plus des arbres : tous permettent de lutter contre le dérèglement climatique et ses impacts ».

Les deux jeunes femmes sont allées à la rencontre de plusieurs acteurs publics, comme la Ville de Marseille et le Parc national des Calanques, afin de leur présenter le projet. Car si cette filière est déjà bien enracinée dans des régions comme le Grand-Est, le Massif central ou l’Occitanie, elle est encore en développement dans le quart Sud-Est de la France. « Il y a tout à faire et tout à lier en termes de partenariats », estime la pépiniériste.

nèrta, Nèrta, une pépinière de plantes locales dans les quartiers Nord de Marseille, Made in Marseille

Pépinière et chantier d’insertion

À terme, Claire Roldès espère aussi signer des contrats de culture avec des clients privés, comme « des paysagistes ou des spécialistes de la restauration écologique ». Parallèlement à la production de plants, Nèrta propose un service de collecte de semences sauvages « en respectant les saisons propices à la récolte, de mars à juin puis de septembre à décembre », y compris pour d’autres pépinières.

À l’image de ses autres activités, Le Paysan Urbain a pour but de développer des emplois en insertion professionnelle autour de la pépinière, notamment pour assurer la collecte des semences et l’entretien des plants. « Notre modèle de production est compatible avec celui de chantier d’insertion, remarque Claire. Ça permet de prendre le temps, et de donner la possibilité aux gens d’apprendre de nouvelles compétences sans avoir d’obligation de rendement intensif derrière ».

Le label Végétal Local, gage d’engagement

Sur les soixante espèces du catalogue de Nèrta, 42 devraient bientôt obtenir le label Végétal Local, délivré par l’Office français de la biodiversité. La marque, très exigeante sur les règles de collecte et les méthodes de production, garantit une culture non-sélective des plantes « pour ne pas entraver le développement des plants et favoriser la diversité génétique, poursuit Claire. Cela nous apporterait un gage de qualité et d’engagement, et c’est aussi une manière d’être identifiés ».

Les producteurs doivent également retracer la provenance de chaque plant. Un procédé minutieux, presque autant que la phase de traitement des semences. « En plus de devoir la récolter au bon moment, il faut reproduire l’environnement de chaque graine, explique la responsable de la pépinière, titulaire d’une maîtrise en biologie. Selon l’espèce, on lève leur dormance en simulant le passage des saisons dans un réfrigérateur ou en utilisant la méthode de stratification avant de les replanter. Chaque plante a son cahier des charges ».

Aujourd’hui, plus de 5 000 plants d’arbustes, herbacées, plantes grimpantes, vivaces et aromatiques sont disponibles à la vente sur le catalogue de Nèrta. Des mois de travail qui ont porté leurs fruits.

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La serre de la pépinière © Le Paysan Urbain
Plus d’informations

La pépinière est, pour le moment, uniquement en mesure de répondre aux demandes de vente de la part de professionnels. Elle réfléchit actuellement à la forme adaptée pour de la vente au détail pour les particuliers, ainsi qu’à l’organisation de visites ponctuelles sur site pour faire découvrir le projet au grand public.

Pour toute demande, s’adresser à claire@lepaysanurbain.fr

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