La start-up aixoise Cearitis, qui développe une solution de biocontrôle pour combattre les insectes ravageurs, est présente au Salon de l’agriculture de Paris qui ouvre ses portes ce samedi 25 février.
La jeune pousse du secteur de l’agritech prend de la graine. La start-up Cearitis, créée en mars 2020, a mis au point une solution de biocontrôle pour protéger naturellement les oliviers des ravageurs. La cible principale : la mouche de l’olivier. Cette solution inédite a été présentée à l’occasion du CES de Las Vegas en 2022 par les cofondatrices Marion Canale et Solena Canale Parola.
Cette première participation a permis à l’entreprise, de gagner en visibilité et ainsi d’entrer dans une dynamique de développement. L’alternative responsable aux pesticides chimiques, néfastes pour l’environnement, proposée par Cearitis fait mouche auprès des producteurs, chambres d’agricultures, coopératives ou encore des industriels. « Cela nous a permis d’avoir un travail plus poussé et voir de quelle manière nous pourrions collaborer avec ces différents partenaires pour amorcer des homologations et permissions afin de mener des essais avec nos produits », explique Solena Canale Parola, depuis le Technopôle de l’Arbois à Aix-en-Provence.
Des résultats prometteurs
Chaque année, l’entreprise mène des essais BPE (bonnes pratiques environnementales) sur 3 à 4 hectares, lui permettant de déposer, s’ils sont validés, un dossier d’homologation. Les tests lancés depuis trois ans sur le ravageur de l’olivier en France (Maussane-les-Alpilles), au Portugal et en Espagne donnent de « bons résultats », affirme la jeune femme.
D’un côté, un insecticide. De l’autre, la solution Cereatis, qui utilise des odeurs répulsives. En les pulvérisant sur les cultures, elle crée une barrière anti-ravageurs, qui agit comme un leurre auprès des femelles pondeuses. Avec cette technique de biocontrôle, aujourd’hui, les chiffres varient entre 85 et 90% d’efficacité, contre 97% de protection avec un répulsif chimique. « L’année dernière, en Espagne, nous avons enregistrés les mêmes résultats si ce n’est plus que le chimique. Cette année, nous travaillons pour comprendre quels sont les facteurs (pulvérisation, météo…) qui nous ont permis d’atteindre ce niveau ».
Des élevages de mouches pour les étudier toute l’année
Pour ce faire, Cearitis a ainsi étoffé son équipe, principalement en recherche et développement (R&D), avec le recrutement de deux ingénieurs entomologistes et un technicien en biochimie qui passent au crible ces résultats, mais pas seulement. Chose extrêmement rare, ils ont réussi, au sein du laboratoire, à constituer des élevages de mouches qui permettent de les étudier toute l’année. « C’est très compliqué de garder des populations actives pendant plusieurs mois. Au début, on est même allé chercher nos mouches jusqu’en Autriche », confie la jeune entrepreneuse.
Si le domaine de prédilection de Cearitis reste l’oléiculture, la start-up explore d’autres champs. Elle a effectué ses premiers tests sur la culture de la cerise, notamment dans le Vaucluse. « On recommence avec plus d’hectares cette fois-ci. On ira d’ailleurs peut-être du côté de Lyon aussi, car nous avons été contactés par un industriel ». L’agrume reste aussi un marché à développer.
Dans ces deux domaines, la start-up a travaillé avec le CNRS et la Satt (société d’accélération du transfert de technologies) de Dijon. « On a racheté une licence qui nous permet aujourd’hui d’exploiter leurs molécules et leurs travaux sur trois des ravageurs que nous ciblons : la Bactrocera orealé (la mouche de l’olivier), la Drosophila suzukii (mouche de crise et d’autres fruits) et la ceratitis capitata qui est sur un spectre de 250 cultures dont les agrumes ».
La R&D est bien « avancée » sur les deux premiers ravageurs. Elle sera lancée pour le troisième dans un peu plus d’un an et à plus long terme sur la guêpe de l’amandier.
Solution de biocontrôle et agroécologie
C’est aussi une approche plus globale qu’entend avoir l’entreprise pour répondre aux demandes des producteurs et surtout à leurs problématiques.
Cearitis compte aujourd’hui dans ses rangs une ingénieure agronome qui développe un programme d’accompagnement, qui se traduit par un diagnostic, des propositions techniques et un suivi sur du moyen à long terme. Outre l’utilisation du biocontrôle, l’objectif est de proposer différentes alternatives en agroécologie, et de « réunir en un seul et même endroit toutes les solutions qui peuvent être nécessaires au bon développement de la parcelle. Nous aidons à leur application et au terme de deux ou trois ans, on dresse un bilan », poursuit Solena.
Pour poursuivre ses projets de développement, Cearitis a lancé sa levée de fonds qui doit s’achever dans quelques semaines. Objectif ? 800 000 euros. « Aujourd’hui, on aimerait bénéficier de l’expertise d’industriels ou de spécialistes de business des start-up », conclut Solena. Elle entend bien convaincre quelques investisseurs à l’occasion du Salon de l’agriculture qui ouvre ses portes ce samedi 25 février à Paris.