À Carpentras, la start-up Green Spot Technologies transforme la pulpe, les pelures et pépins des fruits et légumes en farine, ensuite utilisée pour faire du pain ou des biscuits.
Sa solution verte a déjà été récompensée par 7 prix de l’innovation. La nouvelle start-up Green Spot Technologies, créée en Nouvelle Zélande par la chercheuse brésilienne Ninna Granucci, a décidé de poser ses valises dans le Vaucluse, à Carpentras.
Son credo : transformer la pulpe, les pelures et les pépins des fruits et légumes en une farine nutritive, grâce à un procédé de fermentation innovant, dans un objectif de lutte contre le gaspillage alimentaire. « On estime qu’il y a environ un tiers des aliments qui sont gaspillés, déplore Benoît de Sarrau, responsable technique au sein de la société. Ce tiers ne peut pas être entièrement sauvé, mais il y a une part non négligeable qui peut être valorisée ».
Les résidus alimentaires trouvent ainsi une nouvelle vie avec Green Spot Technologies qui estime que « la fermentation représente une opportunité majeure pour l’essor d’une alimentation plus durable ».
Des synergies avec le bassin agro-alimentaires avignonnais
La jeune entreprise, créée en 2018, a donc choisi le Vaucluse pour installer ses activités. « Notre siège reste implanté à Toulouse. C’est là-bas que se font la recherche et le développement. Mais ici, à Carpentras, on réalise le changement d’échelle et la production industrielle » poursuit le responsable technique.
Un choix d’implantation motivé par la présence d’un important bassin agro-alimentaire. Et c’est dans le lieu emblématique du Marché Gare de la ville, véritable institution du tissu économique local, que l’entreprise a décidé de s’installer. Le site accueille un marché hebdomadaire et est en partie occupé par des entreprises de négoce en fruits et légumes. Une aubaine pour Green Spot Technologies qui souhaite obtenir sa matière première localement.
« Notre objectif est de collecter auprès des industriels les « coproduits », c’est à dire la partie des végétaux qu’ils n’utilisent pas, et de les rendre attractifs pour le secteur de l’alimentation. La tomate, la pomme et la bière sont nos trois « lead ingrédients » », détaille Benoît de Sarrau. Le bassin avignonnais concentre justement une grande partie des activités françaises de transformation de la tomate. À la clé, la récupération de la peau et des pépins.
Une innovation qui séduit jusqu’à Bruxelles
Les différents coproduits collectés sont ensuite transformés en une poudre hautement nutritive, via un procédé de fermentation, sans intrants additionnels, qui ne génère que de la vapeur d’eau : « Nous ajoutons nos ferments dans le substrat et la nature travaille pour nous afin de pré-digérer les fibres, augmenter et améliorer les protéines, consommer les sucres et apporter de nouveaux goûts ».
La farine obtenue est ensuite revendue à l’industrie des boulangeries, des boissons ou encore des biscuits. « Elle séduit aussi sur le marché des alternatives à la viande », précise le responsable technique.
Green Spot Technologies espère aujourd’hui conquérir le marché de l’agro-alimentaire avec sa « gamme d’ingrédients upcyclés et fermentés » et met en avant une « empreinte carbone optimisée ». Le concept séduit en tout cas jusqu’à Bruxelles. Le 7 décembre dernier, Ninna Granucci s’est vue remettre un prix par le Sommet européen de l’innovation. Elle est aujourd’hui considérée comme « une des femmes entrepreneurs les plus talentueuses en Europe ».
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