Le parc Longchamp est à l’aube d’un grand projet de réhabilitation engagé par la Ville de Marseille. Une première réunion de concertation avec les habitants s’est tenue le 6 décembre.
Protégé au titre des monuments historiques, le parc Longchamp s’est construit au fil des projets qui s’y sont succédés depuis le 19e siècle. Son palais néoclassique, imaginé par l’architecte Henri-Jacques Espérandieu pour célébrer l’arrivée des eaux de la Durance, en a fait l’un des sites les plus emblématiques du centre-ville marseillais.
Alors que le parc est l’un des plus fréquentés de la cité phocéenne, son état dégradé a conduit la Ville de Marseille à lancer en 2021 un projet de restauration qui vise à lui rendre son statut « remarquable ». Pour l’accompagner, elle a choisi l’agence d’architectes Fabrica Traceorum qui va l’aider à établir un état des lieux et à élaborer un plan d’actions.
Quatre phases d’étude pour définir le projet
Une première réunion publique était organisée, mardi 6 décembre, au Muséum d’histoire naturelle, en présence de Nassera Benmarnia, adjointe au maire de Marseille en charge des espaces verts et du retour de la nature en ville, afin de livrer un premier point d’étape aux habitants.
Une cinquantaine de curieux ont répondu présents ce soir-là pour venir glaner quelques informations sur le projet. Ceux qui sont venus chercher des annonces repartiront cependant bredouilles. Cette première réunion publique est seulement une restitution de la première phase de l’étude du parc, le volet historique qui doit servir de « plan de référence » pour la suite, annonce d’emblée l’équipe municipale.
Trois autres phases sont annoncées : l’état des lieux du parc, qui devrait être ponctué de trois débats publics, la formulation de scénarios de projets et enfin le chiffrage et la priorisation des actions.
Un état des lieux historique
« Un plan de gestion se fait sur un an. Il faut d’abord comprendre comment le parc est devenu ce qu’il est aujourd’hui. Quel est son état actuel ? Et trouver un projet qui fait sens, en lien avec les changements climatiques », explique Corrado de Giuli Morghen, architecte au sein de l’agence Fabrica Traceorum.
À ses côtés, Christelle Brindel, historienne et paysagiste, de l’agence Jardins d’Histoire. Elle fait défiler les plans et les images d’archives du parc et dévoile avec son confrère quelques anecdotes, comme l’emplacement au 19e siècle de « montagnes russes où les adultes glissaient sur des paniers en osier » ou encore la présence de dauphins, aujourd’hui inconcevable, dans l’ancien jardin zoologique du parc.
La construction du palais, de l’observatoire et du plateau au-dessus du réservoir d’eau sont également présentés, sous un angle architectural et paysager. « Vous avez une chance folle d’avoir un parc avec autant d’histoire et de symbolique au coeur de Marseille », lance-t-elle devant un public convaincu.
« Ce parc devrait offrir des sensations »
Quand s’ouvre la séance des questions, certains d’habitants aimeraient pouvoir brûler les étapes en empiétant sur la phase 2 de l’état des lieux. Corrado de Giuli Morghen leur livre un avant-goût de son diagnostic. « On a mesuré les espaces dégradés, non valorisés et complètement étanchéifiés. Ils représentent un tiers du terrain. C’est beaucoup ! » juge l’architecte qui estime qu’aujourd’hui « on n’arrive plus à voir la forme de ce parc qui devrait offrir des sensations ».
Avant de donner un horizon : « L’objectif est d’introduire à présent des usages qui n’étaient pas ceux du 19e siècle. C’est la phase qui s’ouvre devant nous. On veut proposer un projet qui soit compatible à la fois avec nos envies et avec ce que le lieu est capable de faire. On ne pourra pas tout réaliser mais on va essayer. Il y a un chemin de crête qu’on va emprunter ».
« Une gestion contemporaine » de cet espace vert, c’est aussi le souhait de Nassera Benmarnia qui rappelle que la Ville ambitionne d’y « faire revenir la nature ». Alors que la phase des débats avec les habitants doit s’ouvrir au début de l’année 2023, à des dates qui seront annoncées ultérieurement, elle précise que 2000 retours ont déjà été recueillis à travers « un questionnaire qui a circulé sur les réseaux sociaux ». Et 400 supplémentaires dans le cadre d’une nouvelle enquête mise à jour. Pas de doute, l’avenir du parc Longchamp intéresse et devrait alimenter les débats au cours des prochains mois.