Une grande fresque appelée « The Wall » vient d’être inaugurée au coeur du Panier à Marseille. Elle symbolise la résistance et l’unité des peuples du monde face à la guerre.
C’est un paradoxe et pourtant « The Wall » (le mur) est un projet de street-art à dimension internationale qui vise à unifier les peuples. Dans cette période d’instabilité et de guerre, les peintures murales symbolisent la résistance, telle une « armure » pour isoler l’Europe de la guerre.
« The Wall » a été lancé le 1er novembre par l’Institut ukrainien et l’agence culturelle Port Agency, à Vienne, Berlin, Genève, Ankara et Marseille. C’est dans la cité phocéenne que la troisième fresque au monde a été présentée cette semaine, au 7 rue du Petit Puits dans le 2e arrondissement.
L’art et les couleurs au service d’un message
L’artiste ukrainien Danylo Kovach, en collaboration avec l’artiste brésilienne Julia Mota Albuquerque, ont créé une peinture murale dont le concept principal porte sur l’avenir et les valeurs : unité, paix et liberté. Les illustrations qui recouvrent le mur ont été inspirées par le principe de conception de « l’unité ».
« Mon travail est basé sur des couleurs vives et lumineuses qui accompagnent des personnages simples et ondulés. Les plantes colorées et les personnages colorés sont des thèmes importants dans l’univers de mes dessins. Ils représentent mon lien fort avec la nature et les couleurs du Brésil. Ils sont également facilement traduisibles dans certains de mes thèmes préférés, comme la diversité, l’inclusivité, la durabilité et les projets à vocation sociale, », explique l’artiste brésilienne Julia Mota Albuquerque.
Pour ce projet en particulier, l’artiste a traduit ces couleurs vives et ce symbolisme abstrait en une idée d’un avenir radieux pour l’Ukraine, avec le reste du monde. Car l’objectif à travers cette œuvre est de montrer que l’Ukraine fait partie de la communauté de l’Union européenne. « L’Ukraine et l’Union européenne ont beaucoup en commun, les mêmes valeurs, objectifs et droits ».
Un dialogue sur l’attitude du monde envers l’Ukraine
Le titre de ce projet évoque aussi l’album culte de Pink Floyd, un opéra rock qui raconte l’histoire d’un héros isolé du monde entier par un mur derrière lequel il fait face à ses démons intérieurs. « L’Ukraine a affaire à un démon extérieur », commente Katya Taylo, fondateur et conservateur de The Wall.
Pour lui, le projet « The Wall nous permet d’entamer un dialogue sur l’attitude du monde envers l’Ukraine en tant que « nous et eux ». Nous souhaitons repenser cette idée et regarder le mur mental et historique qui nous sépare encore. Le mur doit être éliminé pour que nous nous sentions comme une seule communauté ».
Pour Emine Dzhaparova, vice-ministre des Affaires étrangères de l’Ukraine, qui soutient cette démarche, les peintures murales sont une réponse à « l’agression barbare russe sur le front culturel dans la guerre civilisationnelle lancée par Poutine. Dans nos territoires temporairement occupés, les envahisseurs russes ferment les écoles ukrainiennes et imposent leur langue et leur histoire. Ainsi, depuis le 24 février, les envahisseurs russes ont endommagé 514 sites culturels, au moins 174 sites religieux, 38 musées, 38 bâtiments historiques, 38 bâtiments dédiés aux activités culturelles, 18 monuments, 10 bibliothèques et 2660 établissements d’enseignement. La liste s’allonge chaque jour. Aujourd’hui, l’Ukraine se bat non seulement pour le droit d’exister, mais défend également son droit d’être un membre de la famille de l’Europe ».