La Ciotat Shipyards vient d’équiper le nouveau quai d’attente et de travail de la plateforme Atlas-4300t d’un système de nurseries artificielles recréant la structure des herbiers de posidonie, habitat naturel où s’abritent les jeunes poissons.
Le chantier naval de La Ciotat Shipyards devrait livrer, d’ici le mois de septembre, la nouvelle plateforme de réparation de yachts Atlas-4300t. Ce nouvel outil industriel, constitué d’un ascenseur à bateaux d’une capacité de levage de 4300 tonnes et de 7 emplacements à sec, viendra compléter les infrastructures du site sur le segment des « mega yachts », des navires de plaisance de plus de 80 mètres.
Suivant une demande préfectorale, 5 millions d’euros ont été investis par la société de construction navale pour compenser l’impact environnemental de ce chantier au coût total de 70 millions d’euros. L’une des solutions imaginées a été élaborée en partenariat avec la société montpelliéraine Seaboost : sur 450 m2, un système de nurseries artificielles est en train d’être installé, recréant la structure des herbiers de posidonie, habitat naturel où s’abritent les jeunes poissons.
En effet, les ports sont installés dans des espaces côtiers peu profonds. Or, c’est dans ces milieux que les jeunes poissons ont coutume de se développer, car il est plus facile de s’y cacher des prédateurs et la nourriture y est plus accessible.
Préserver un écosystème riche
Installé à l’entrée du port face au Môle Bérouard, ce dispositif a pour objectif d’accroître le potentiel du lieu à développer des populations de poissons qui transitent déjà par le port, ou à minima dans la baie de La Ciotat. La zone abrite un écosystème riche où plus d’une cinquantaine d’espèces de poissons ont été observées : mulets, sars, castagnoles, dorades, poulpes…
La nurserie, composée de 96 modules de « roselières » en fibres de coco, est accrochée à la verticale par des sangles dans la colonne d’eau, la rendant facilement amovible. Celle-ci reproduit structurellement les habitats des espèces endémiques en utilisant le concept de biomimétisme, favorisant leur reproduction.
Phase de test
Depuis 2014, Seaboost développe et fournit différentes solutions permettant une meilleure intégration environnementale des ouvrages maritimes dans leur écosystème. Ce projet est une première à la Ciotat, mais la société a déjà installé plusieurs dispositifs similaires dans les ports de Marseille, Menton, Monaco, Agde, Porquerolles ou encore dans la rade de Toulon. Selon les suivis scientifiques du projet GIREL (Gestion des Infrastructures pour la Restauration Ecologique du Littoral) réalisés dans le Grand Port Maritime de Marseille, les résultats semblent concluants : au sein des nurseries, l’abondance de vie des espèces est multipliée par 8 à 17, et leur diversité multipliée par 3 à 4.
Si ces roselières ont une durée de vie d’environ cinq ans et ne nécessitent que peu d’entretien, elles feront l’objet de quatre campagnes de surveillance par trimestre afin de mesurer l’évolution et la densité des populations de poissons. Des plongeurs et scientifiques compareront le quai équipé à différents autres points à proximité. Selon les résultats observés, ce qui n’est encore qu’un « test » pour La Ciotat Shipyards pourra éventuellement être étendu à d’autres parties du site maritime.