Un dispositif de purificateurs d’air en milieu scolaire a été testé durant un mois au lycée Diderot de Marseille. Les résultats sont concluants pour la filtration des particules fines, ultrafines, et la baisse des contaminations au Covid-19.
Ils ressemblent à un grand climatiseur mais ne rafraîchissent pas l’air, ils le nettoient. Six purificateurs d’air dernière génération, développés par la société Eurévia à La Ciotat, ont pris place dans le lycée Diderot à Marseille (13ᵉ) durant un mois. Une expérience en conditions réelles menée par AtmoSud (organisme local de surveillance de l’air agréé par l’État) et la fédération l’Air et moi, avec le soutien de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Ce mardi 3 mai, les résultats de cette étude étaient remis en présence des lycéens, qui y ont activement participé. Au-delà de la dimension pédagogique auprès des jeunes, elle a permis de « montrer que, même s’il faut agir sur les sources de la pollution, l’épuration de l’air est efficace et performante en milieu scolaire », conclut Dominique Robin, directeur d’Atmosud.
Piéger les particules fines et le Covid-19
En effet, d’après les résultats de cette expérimentation, « ces purificateurs filtrent entre 70 % et 90 % des particules fines, en permanence et de manière homogène dans toute la pièce, soit 170 m³ », constate Dominique Robin.
Deuxième observation : « ils filtrent aussi les particules ultrafines, qui viennent de l’industrie, des voitures, des navires ». Ces dernières sont les plus nocives d’après Victor-Hugo Espinosa, professeur d’université et fondateur de la fédération l’Air et Moi. « En dessous de 2 microns, elles entrent dans les poumons puis dans le système sanguin ».
Enfin, les particules fines sont également pointées du doigt dans la propagation du Covid-19, qu’elles transportent dans l’air tout en favorisant les contaminations.
Fermer les fenêtres au lieu de ventiler ?
Dominique Robin estime que les résultats du dispositif testé au lycée Diderot montrent que « la filtration est très performante pour lutter contre la pollution intérieure ».
L’expérience vient un peu bousculer le discours général qui « encourage à ventiler pour diluer la pollution et les contaminations », poursuit le directeur d’AtmoSud. C’est l’inverse avec un purificateur d’air, rappelle Victor-Hugo Espinosa : « là, on ferme pour éliminer les particules fines ».
Le prix de la santé
S’il faudrait avant tout réduire les émissions de polluants et la présence d’établissements dans les secteurs les plus touchés, Dominique Robin rappelle que dans la région « 154 établissements publics (crèches, écoles, collèges, lycées et établissements de soin) sont encore en zone de dépassement des valeurs limites de qualité de l’air pour la protection de la santé. Les purificateurs sont pertinents dans ce cas ».
154 sur 7 000. Ramené à cette proportion, il juge que le coût élevé des machines, 4 000 euros tout de même, « est raisonnable pour garantir une qualité de l’air aux élèves ou aux patients ». Victor-Hugo Espinosa va plus loin : « la pollution en France coûte 101 milliards d’euros par an selon un rapport du Sénat. Le même rapport dit que l’on peut diviser par 12 la facture avec une bonne politique ».
Au-delà de l’économie, la santé reste la question centrale : en 2021, Santé publique France estime que la pollution de l’air causait encore 40 000 décès annuels.