Après l’annonce du ré-enfouissement des vestiges antiques de la Corderie par la ministre de la Culture, revenant sur l’engagement de l’État, associé à la colère des défenseurs du site, la Ville de Marseille réagit fermement. Benoît Payan dénonce la promesse non tenue, sans annoncer d’action particulière pour contrer la décision du gouvernement.
La militants pour la préservation des vestiges de la Corderie attendaient une prise de position ferme de la Ville suite à la décision du ministère de la Culture de ré-enfouir la carrière antique. Elle arrive, une semaine plus tard, par un communiqué officiel du maire de Marseille, Benoît Payan.
« Depuis l’arrivée de la nouvelle municipalité, la Ville défend une seule position : la création d’un espace de valorisation sur site, accessible par toutes et tous ». C’est ce que rappelait l’adjoint à la Culture, Jean-Marc Coppola dans notre précédent article sur le sujet, sans pour autant convaincre les défenseurs du site de l’engagement concret de la Mairie.
Sur ce point, « la Ville de Marseille a toujours été disposée à trouver une solution pour préserver le site dans de bonnes conditions mais aucune alternative n’a été proposée par l’Etat et la Ville n’a pas été concertée sur la décision finale », répond le communiqué de presse.
« L’État se dédit de ses propres engagements »
Pour rappel, Emmanuel Macron et la ministre de la Culture de l’époque, Françoise Nyssen, s’étaient engagés à préserver et valoriser auprès du public 635 m² de la carrière antique qu’ils avaient fait classer au titre des monuments historiques.
Pour le Maire de Marseille, « l’État se dédit de ses propres engagements sans aucune concertation ou négociation et à notre détriment et fait un choix clair : protéger les intérêts privés, quitte à négliger l’intérêt général, celui de Marseille et des Marseillais ». Et d’ajouter : « En décidant de réenfouir les vestiges antiques de la Corderie, la ministre de la Culture Roselyne Bachelot enfouit une partie de la mémoire de Marseille ».
Des blocs de la carrière exposés au Musée d’Histoire
Quelles suites ? La Ville n’a, à ce stade, pas annoncé d’action concrète, d’autant que l’Etat est « le seul responsable et décideur en matière de patrimoine historique, sous l’autorité du ministère de la Culture », justifiait chez Made in Marseille, Jean-Marc Coppola.
La municipalité s’est toutefois engagée à « tenir ses engagements » sur « la valorisation de la découverte dans les collections du Musée d’Histoire, la création d’un dispositif de valorisation et de médiation dans le jardin attenant ».
En effet, comme nous vous l’expliquions ici, face à cette décision qu’elle juge aujourd’hui « unilatérale » la Ville de Marseille souhaitait exposer des blocs extraits par les archéologues. L’historien Jean-Noël Bévérini va plus loin et propose d’en extraire d’autres, significatifs, et même de permettre à un artiste de réaliser une sculpture « taillée dans ce calcaire originel de Marseille ».
Quiproquo autour de la venue de Roselyne Bachelot
Les militants comptaient sur la potentielle visite de Roselyne Bachelot, ce jeudi, dans la cité phocéenne, pour faire entendre leurs arguments. La ministre de la Culture était attendue du côté du Mucem, notamment. Déplacement, par ailleurs, relayé par nous-même, d’autres médias locaux, et confirmé par des élus locaux.
Malgré toutes nos sollicitations, la Préfecture était restée silencieuse. C’est finalement le Mucem qui nous précise que sa visite n’a jamais été prévue. Une mauvaise interprétation d’invitations, signées par la ministre, et adressées à différents partenaires ont, en effet, pu induire en erreur, alors qu’il ne s’agissait que d’une formule purement « protocolaire ».