Le musée dédié à la vie et l’oeuvre de Marcel Pagnol devrait ouvrir ses portes à Allauch en 2024, au coeur d’une ancienne usine entièrement réhabilitée. Le lieu accueillera également une médiathèque, un espace de co-working, un restaurant… Son petit-fils, Nicolas Pagnol, revient sur ce projet ambitieux à vocation internationale.
C’est au sein d’une ancienne usine électrique, aujourd’hui à l’abandon, que le musée Marcel Pagnol verra le jour, à l’entrée du vieux village d’Allauch. « Un lieu superbe, très bien placé », nous confie Nicolas Pagnol, petit-fils du l’écrivain et cinéaste français. Cela fait plus de 20 ans qu’il est en quête d’une municipalité susceptible d’accueillir ce projet et de l’accompagner.
À Marseille, la création de ce nouvel espace consacré à l’auteur venait en double du château de la Buzine qui doit notamment sa célébrité à Marcel Pagnol, qui l’évoque dans ses Souvenirs d’enfance, avant d’en devenir le propriétaire. Il est aujourd’hui un établissement culturel complet proposant des expositions permanentes et temporaires, dont une médiathèque et un espace entièrement dédié à Pagnol.
Nicolas Pagnol nourrit d’excellentes relations avec l’équipe du lieu et a d’ailleurs contribué en tant que commissaire d’exposition à « Pagnol raconte Pagnol », qui ouvre ses portes au public le 1er mars. « C’est une étape importante. Elle permet d’annoncer le musée d’Allauch, de le conforter et d’inviter des fondations à nous rejoindre financièrement. Il faut montrer que les expositions sont là, elles existent et elles sont belles ».
À lire aussi
1 200 m² pour vivre une expérience conviviale
À Aubagne, où Marcel Pagnol est né « sous le Garlaban couronné de chèvres, au temps des derniers chevriers », ce musée aurait eu toute sa légitimité. Seulement « la commune n’avait tout simplement pas l’opportunité », poursuit Nicolas. C’est donc à Allauch qu’il ouvrira ses portes en 2024, là où se trouve la Bastide neuve, maison qui abritait ses étés d’enfant. « Il y a un ancrage territorial ici, mon grand-père est enterré au cimetière de la Treille (11e) donc cette fois, on ramène l’œuvre chez elle ».
L’ancienne usine va être entièrement réhabilitée, soit un pôle culturel de 2 500 m2 au total, pour un budget de 6,3 M€. À l’étage, 1 200 m2 pour créer un « musée digne de ce nom ». Au rez-de-chaussée, « il y aura une médiathèque, un espace de co-working, un restaurant… », ainsi que les services administratifs et autres services à destination du public. « On a envie d’un lieu où on peut rester boire un café, discuter, avoir un espace convivial ».
Un parcours initiatique dans les pas de Marcel Pagnol
Des caméras, des manuscrits, du mobilier, des tableaux… la scénographie va être travaillée en son temps, mais d’ores et déjà Nicolas Pagnol parle « d’un parcours initiatique qui fera voyager dans le théâtre, le cinéma, la littérature, la Provence… »
Pour toucher tous les publics et particulièrement les plus jeunes, Nicolas Pagnol a « sa petite idée », inspirée par les lieux qu’il a visités à plusieurs reprises. « Il faut qu’ils soient accessibles à tous et intéressent les enfants comme les adultes. On réfléchit à des angles plus pointus pour intéresser tout le monde. Il faut avant tout éveiller immédiatement la curiosité du visiteur, il faut surprendre. On mettra sûrement un guidage audio. On pourra le visiter en plusieurs langues ».
« On peut parler de Pagnol comme on parle de Charlie Chaplin »
Car l’ambition est de lui donner une dimension internationale. « Les gens ne connaissent pas Pagnol, ils le confondent souvent avec Raimu [acteur français qui a joué dans plusieurs films réalisés par Marcel Pagnol, ndlr]. Nul n’est prophète en son pays : les Provençaux aiment Pagnol pour son côté folklorique, mais il y a un autre aspect pour les personnes hors de la région. On l’oublie aussi, un peu comme un vieux meuble au fond de la salle. Le musée n’aura pas une vocation régionale mais nationale et internationale. Nous voulons raconter la vraie grande aura internationale. On peut parler de Pagnol comme on parle de Charlie Chaplin », poursuit le commissaire d’exposition du futur musée.
Si l’œuvre de Pagnol « n’a pas besoin de musée », l’intérêt de ce lieu est « un autre moyen de la rendre pérenne. Où les passionnés pourront se promener mais où l’on peut aussi sensibiliser les collégiens, les lycéens ». Avec aussi cette vocation pédagogique, le musée devrait utiliser des formules et des techniques innovantes pour capter les adolescents, en s’appuyant par exemple, sur la bande dessinée. « Je ne l’ai pas connu, j’aimerais faire en sorte que d’autres le connaissent. Il a beaucoup apporté à l’humain, les valeurs, tout ce dont on a besoin pour bien vivre en société ».
Sont également prévues des expositions temporaires toujours en relation avec la Provence, les valeurs portées par Marcel Pagnol. Son petit-fils compte d’ailleurs « sur de jeunes artistes ayant travaillé sur des thématiques communes avec mon grand-père. Les supports pourraient être différents : arts plastiques, peintures, manuscrits… C’est important de créer un dialogue entre les hommes et leurs œuvres ».
Le chantier devrait durer deux ans pour une ouverture prévue en 2024. Une fois lancée, Nicolas estime qu’il aura « accompli [sa] mission. J’aime le sentiment du travail bien fait. Mon grand-père le mérite pour tout le bonheur qu’il a donné aux gens, au pays. Pour lui, il n’y avait rien d’impossible. Tout le monde s’attendait à des échecs, qu’il a transformés en réussite ».
À propos de l’adaptation du film Le temps des secrets en salles ce mois de mars :
C’est une très belle adaptation de Christophe Barratier, mon grand-père l’adorerait. J’ai déjà eu la chance de la voir. Elle est magnifique, très poétique. Il y a beaucoup de projets en préparation du côté du cinéma et des séries. On est porté par des projets de plus en plus grands. Sylvain Chomet réalisera le prochain biopic en film d’animation, qui sortira en 2024/2025. Avec le Covid, on a envie de se rattacher à de vraies valeurs, on ne veut pas être dans la superficialité. Beaucoup m’appellent pour ce genre de projets.Nicolas Pagnol