Ancien dompteur de tigres, André-Joseph Bouglione a décidé de se réinventer. Plus d’animaux, une démarche pour limiter les émissions carbone… Après Montpellier, son chapiteau s’implante sur les plages du Prado jusqu’au 27 février. Entre tradition et innovation, entrez dans les coulisses de l’Écocirque.
Équipé de son chapeau et de ses lunettes de soleil, son chien Attila, dit Titi, à ses pieds, André-Joseph Bouglione supervise le montage du chapiteau. À quelques jours de la première représentation, le samedi 22 janvier, il se prépare à convaincre le public marseillais.
Cela fait déjà cinq ans que le représentant de la dynastie de dompteurs de tigres a cessé d’exploiter des animaux. Le premier parmi les grandes familles circassiennes. « Nous ne supportions plus de les voir en cage ». Il a souhaité se lancer car « nous ne voulions pas attendre d’être criminalisés pour le faire ».
La loi du 30 novembre 2021, visant à lutter contre la maltraitance animale a édicté plusieurs interdictions, dont la présence d’animaux sauvages dans les cirques itinérants d’ici 2028 et l’acquisition et la reproduction de ces animaux d’ici 2023.
L’innovation pour célébrer les animaux
« Nous ne tournons pas la page de notre histoire, c’est comme une fusion. Nous gardons ce symbole, qui est très important. ». Ainsi, pour continuer à les célébrer, la famille a décidé d’innover grâce à des hologrammes mettant en valeur quatre animaux ancestraux du cirque et désormais même marins : tigre, éléphant, béluga, baleine bleue.
Ils apparaîtront au total dix minutes sur les deux heures de spectacle. « C’est un hommage à ce qu’ils nous ont permis de faire et de raconter ». Le petit-fils du célèbre créateur André Bouglione, le sourire aux lèvres, explique que « quelque part, ce sont eux les partenaires de la sauvegarde de notre business. On les remercie ».
Vers une démarche plus verte
C’est un grand pas pour la famille Bouglione, qui a décidé de ne pas s’arrêter là, en tentant aussi de passer au vert. Pour l’escale marseillaise, l’équipe a investi dans des conteneurs plutôt que dans l’achat de camions, comme traditionnellement. Plus polyvalents, ils s’adaptent aux transports les moins carbonés.
C’est une nouvelle voie même si « nous avons été obligés de faire le trajet par la route avec un véhicule loué cette fois-ci, mais nous voyons grand. Si un jour nous pouvons faire Paris-Moscou en voie ferroviaire grâce à ces conteneurs, ce serait génial ! », s’enthousiasme André-Joseph.
Ces conteneurs colorés, tels des pétales de fleurs, sont disposés autour du chapiteau noir et jaune, en «hommage aux abeilles ». Ils servent aussi de stands à l’éco-village du cirque, grâce à un système d’ouverture. Il accueillera de nombreuses associations et des entreprises en lien avec la défense des animaux et la préservation de la nature. « C’est important de les inviter mais il faut que le village reste un endroit de sourires », précise gaiement le créateur de ce cirque. Pour rester dans une démarche zéro déchet, des poubelles de tri sont également installées, l’usage de récipients en verre plutôt qu’en plastique et exit les pailles.
« Un voyage dans les émotions »
Le premier stade, c’est de passer l’entrée de l’écovillage pour pénétrer dans un univers où « les odeurs sont essentielles : celle de la barbe à papa, des crêpes, des gaufres, pour éveiller la fibre de l’enfance dans le cœur des gens », poursuit André-Joseph. Mais c’est toujours à l’intérieur que la magie opère.
Ces représentations ont vocation à rassembler et émouvoir le monde. Sandrine, sa femme, « a fait la mise en scène comme un voyage, un voyage dans les émotions, comme un livre d’images ». Le charme, l’humour ou encore la peur : tout se mêle lors de ces deux heures de spectacle. Hologrammes, écrans et jeux de lumière, les différentes installations offrent au spectateur « trois champs de vision », accessibles à l’œil peu importe l’emplacement dans les gradins.
Les shows orchestrés sur des compositions originales
Acrobates, clown, lanceuse de couteaux… et André-Joseph dans le rôle de Monsieur Loyal, pour garder l’attention du public entre les shows. Chaque numéro est savamment orchestré. Et pour cause, Benjamin Parienti a composé des morceaux sur mesure pour chacun d’entre eux. « C’est comme s’il avait créé une symphonie », sourit l’ancien dompteur.
Les membres du groupe de rock se dispersent dans différents lieux du chapiteau pour jouer au milieu du public. Les Markin, la célèbre famille russe d’acrobates, évoluent ainsi sur ces musiques. « Je les appelle les machines de guerre », précise André-Joseph, tandis qu’ils sont à l’entraînement en enchaînant des figures multiples. « Et encore, là ils s’échauffent seulement ! »
Roman, Elena et leur fils Dima, 14 ans, sont très heureux d’être ici. « On est en face de la mer, alors après une journée d’entraînement, j’adore aller me baigner ! Il fait chaud pour nous ici », confie en anglais, Roman, qui nous raconte également ses tours avec une perche de 7 mètres, qu’on vous laisse découvrir.
Une douzaine de groupes d’une dizaine de nationalités différentes se produiront pendant ces shows, avec pour point commun la passion des arts du cirque. À Montpellier, avant de démarrer la tournée, l’Écocirque a comptabilisé 90 000 entrées sur un an et demi.