A l’occasion du tournage de sa nouvelle émission « Suivez le Guide » qui sera diffusée dans quelques mois sur France 2, Stéphane Bern était ce week-end à Marseille. Il nous a accordé un entretien pour parler du patrimoine marseillais à sauvegarder et notamment de la polémique sur les vestiges antiques de la Corderie (7e). 

Celui que l’on nomme depuis peu « Monsieur Patrimoine » du fait de sa nomination par le président de la République, Emmanuel Macron, pour réaliser un état des lieux du patrimoine en péril, était à Marseille de vendredi à dimanche. Il en a profité pour rencontrer les protagonistes du dossier de la Corderie, notamment le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin (LR), Samia Ghali (socialiste) qui l’avait interpellé la semaine dernière ou encore Marie-Françoise Palloix (Front de Gauche) et des archéologues.

, Stéphane Bern sur la Corderie « arriver à un accord pour que Vinci protège davantage », Made in Marseille
Rencontre avec Stéphane Bern pendant le tournage de son émission au palais du Pharo

« Je me suis pris d’affection pour le site de la Corderie que je défends, je pense qu’on va arriver à un accord de telle sorte que Vinci protège davantage. Les archéologues disent qu’il y a des choses à préserver et je crois, de mes conversations avec la ministre (Ndlr : Françoise Nyssen, en charge de la Culture), que c’est en bonne voie. Elle a fait tout ce qu’elle pouvait faire, je suis sure de sa bonne foi. Peut-être simplement que c’est au moment où la ville était propriétaire du terrain, avant de le vendre à Vinci, qu’il aurait fallu faire quelque chose. On peut rappeler que c’était un terrain militaire qui a été vendu à la ville et on savait qu’il y a avait des vestiges. »

Faire en sorte que Vinci préserve et finance peut-être aussi les études archéologiques notamment pour les colonnes qui sont transversales, qu’on étudie le puits, et là peut être qu’on pourra trouver un accord qui assurera la pérennité du site.

La vision de la société sur la préservation du patrimoine a-t-elle évoluée ces dernières années ?

« Je ne veux pas jeter la pierre, c’est le cas de le dire, mais oui les temps ont changé. On est devenu beaucoup plus pointilleux sur les questions de patrimoine. Alors, je crois qu’il faut entre gens de bonne volonté aujourd’hui faire en sorte que Vinci préserve et finance peut-être aussi les études archéologiques notamment pour les colonnes qui sont transversales, qu’on étudie le puits, et là peut être qu’on pourra trouver un accord qui assurera la pérennité du site. J’ai eu la chance de voir Jean-Claude Gaudin, la ministre, j’ai vu les élus d’ici et de là, les archéologues, pour en parler. L’idée, c’est de ne pas abandonner ce site comme ce fut le cas lorsque l’on a découvert des vestiges sous la Grand Rue, qui ont été recouverts sous les parkings… »

Sur la Corderie, le dossier avance, la ministre est pleine de bonne volonté, elle est passionnée par le patrimoine, elle l’a toujours défendu, je ne la soupçonne pas du tout de vouloir détruire la Corderie, bien au contraire.

, Stéphane Bern sur la Corderie « arriver à un accord pour que Vinci protège davantage », Made in Marseille
Stéphane Bern et Lorant Deutsch tournaient ce week-end au Pharo leur nouvelle émission d’histoire

Justement, beaucoup disent qu’à Marseille, dès que l’on creuse, on trouve un vestige, qu’on ne peut pas vivre en « muséifiant » la ville… Qu’en pensez-vous ?

« Absolument, c’est tout à fait normal. Il faut aussi accepter cette idée que si on veut aller de l’avant, on ne peut pas toujours tout déterrer, on ne va pas vivre dans une ville de Marseille « phocéenne », au milieu des vestiges grecs, donc il faut comprendre l’attente des habitants. Mais, quand on a la chance de trouver le site où il y a la source même de Marseille, il faut le respecter. Je sais que dans les quartiers nord, on a trouvé un cimetière italien, on l’a protégé. Moi ce qui m’inquiète de plus en plus, c’est que maintenant, des usines désaffectées sont détruites au profit de nouveaux projets. Et, je pense qu’il est important aussi de préserver et transformer le patrimoine industriel pour le partager avec les générations futures. On trouve beaucoup de ces usines aujourd’hui dans les quartiers Nord et Sud, dont on parle peu. 

Sur la Corderie, le dossier avance, la ministre est pleine de bonne volonté, elle est passionnée par le patrimoine, elle l’a toujours défendu, je ne la soupçonne pas du tout de vouloir détruire la Corderie, bien au contraire. »

Quand on a la chance de trouver le site où il y a la source même de Marseille, il faut le respecter.

Sur la Corderie, vous avez pris la parole publiquement sur Twitter notamment, est-ce que cela n’a pas été mal accueilli ?

« Oui, on m’a demandé de calmer le jeu, mais je suis un citoyen comme un autre, donc je dis ce que je veux, j’ai le droit de m’enthousiasmer ou à l’inverse de m’énerver quand quelque chose ne me plait pas. En même temps, je me rends compte que ma parole engage, il faut ainsi que je fasse peut-être plus attention à ce que je dis…

Mais, toujours est-il, qu’au moins ma voix est entendue, et que maintenant tout le monde va se mettre autour d’une table et réfléchir à sortir par le haut de cette impasse. Il faut que l’immeuble puisse être construit, et qu’en même temps, non seulement on protège les vestiges grecs, mais surtout qu’on valorise ce patrimoine. J’ai demandé à la ministre d’aller dans ce sens. »

Comme ce qui a été fait pour le jardin des vestiges du Centre Bourse ?

« Oui exactement, mais il faut que ce soit plus qu’un jardin à la Corderie, qu’on puisse lire les strates historiques de la ville à travers une mise en valeur pédagogique pour les jeunes générations… Même, si je ne sais pas si les habitants des 100 appartements vont apprécier d’avoir des gens qui passent en permanence au pied de chez eux ! On va trouver une solution… »

Au moins ma voix est entendue, et que maintenant, tout le monde va se mettre autour d’une table et réfléchir à sortir par le haut de cette impasse.

Qu’est ce qui a résulté de votre échange avec Samia Ghali, qui vous a interpellé dans la presse la semaine dernière ? 

« Nous avons beaucoup échangé sur divers sujets notamment la Corderie, l’Oppidum du Verduron, on a parlé aussi de la convention de Faro et de tout ce qui est possible de faire. Samia Ghali est une actrice importante de la vie politique et culturelle marseillaise. C’est normal que je la rencontre comme j’ai rencontré le maire de Marseille et Marie-Françoise Palloix, du Front de Gauche. Je trouve que c’est toujours intéressant de voir les uns et les autres. Moi j’écoute… Vous savez les gens viennent me chercher maintenant car je deviens « Monsieur Patrimoine » parce que je suis un animateur du service public, je me dois donc au public. Et si je peux faire avancer les dossiers comme un porte voix, cela me va. Je suis plutôt un garçon de bonne volonté. J’aime mettre en lumière de beaux projets. 

Cela vous oblige à être à l’écoute de tout le monde, en permanence…

Oui, et à titre personnel, c’est beaucoup d’énergie surtout pendant un tournage, mais je pense que c’est important. Vous savez, le pire c’est de ne pas prêter attention aux gens, de faire comme s’ils n’existaient pas. Moi je ne suis pas un homme politique, donc j’écoute tout le monde, et si je peux être une sorte de médiateur, je le fais volontiers. »


A l’issue de sa rencontre avec Stéphane Bern, Samia Ghali a adressé un courrier au Président de la République pour protéger le site de la Corderie.

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