Avec l’arrivée du printemps dans les prochaines semaines, la question de la privatisation des plages de Marseille refait surface. Votée au Conseil Municipal en octobre dernier, une délibération autorise la privatisation de 20 % de la plage des Catalans à partir de l’été 2016.
Transats, cocktails et parasols seront donc le nouveau credo de cette plage populaire du centre-ville. Mais cette tendance doit-elle se généraliser ? Nous sommes allés à la rencontre de Didier Réault, adjoint au Maire (UMP) de Marseille chargé de la Mer, du Littoral, du Nautisme et des Plages pour en savoir un peu plus.
Dans la foulée de la plage des Catalans, celles de la Pointe-Rouge et du Prado devraient être concernées. L’objectif pour la municipalité ? Ne pas laisser cette manne financière d’amateurs de transats à 10 € de l’heure, filer vers d’autres plages en dehors de la ville, notamment les plages prisées de Bandol. Cet argent, en moyenne 60 euros par jour et par chaise longue, permettrait selon la ville de créer des emplois saisonniers et réinvestir dans l’aménagement du littoral. Surtout que comme l’affirme Didier Réault, adjoint au Maire (UMP) de Marseille chargé de la Mer, du Littoral, du Nautisme et des Plages, que nous avons interviewé hier, « il y a une réelle demande pour ce type d’offre sur Marseille, et il faut satisfaire tous les Marseillais« .
En face, un groupe de Marseillais s’oppose à cette mesure, il s’agit du Collectif de défense du littoral 13, présidé par Gérard Jeanson, que nous avons contacté. Pour lui, cette privatisation « s’apparente à du clientélisme de la part de la ville, car elle favorise les plus riches« . Le collectif est d’ailleurs soutenu par « des élus du Front de Gauche et d’EELV« . Gérard Jeanson, lui, s’oppose surtout « au bétonnage d’une partie de la plage », et il compte aller jusqu’au bout pour ne pas laisser faire la mairie.
Le site du collectif par là, et celui pour signer la pétition contre le projet ici
Reportage sur le projet de réaménagement de la plage des Catalans
[L’interview]
Un rappel sur le contexte juridique autour de cette décision ?
Didier Réault : « Cette démarche s’inscrit dans une concession que nous avons obtenu de l’Etat il y a bientôt deux ans. Parce qu’il faut savoir que jusqu’à présent, les plages de Marseille étaient propriétés de l’Etat, qui assurait uniquement la gestion des Autorisations Occupations Temporaires (Ndlr : les fameuses AOT autorisent ou non un restaurateur ou au volley club à installer sa structure sur la plage). La ville assurait de son côté la sécurité du public d’où la présence d’un poste de secours et l’hygiène des plages et de l’eau de baignade. Désormais, la ville détient toutes les compétences sur les plages et la gestion sera beaucoup plus dynamique. C’est quelque chose que nous aurions du faire depuis 40 ans« .
En récupérant cette compétence à l’Etat, la ville a ainsi pu lancer un chantier sur la plage des Catalans pour « remettre en service les dalles sous la station Richelieu et en l’état les arcades, notamment au bénéfice des clubs de volley, car les infrastructures sont bien fatiguées ».
Il y aura donc une privatisation d’une partie de la plage des Catalans ?
« Oui, mais cette privatisation ne concerne que 20% de la plage des Catalans. Il reste donc 80% de la plage en accès gratuit aux Marseillais« . Et à ce titre il poursuit « sachant que la plage des Catalans est actuellement en chantier et sera agrandie de 40% de sa superficie actuelle, l’accès à la plage gratuite sera plus important qu’auparavant« . C’est une mesure autorisée par un décret* qui rend légal sur tout le territoire français la privatisation de maximum 20% des plages, par délégation de service public (DSP). Il continue en argumentant qu’ « il y a une réelle demande de la part de certains Marseillais, qui me disent qu’ils veulent avoir accès à ce type de service sans devoir se rendre sur les plages à l’extérieur de la ville« . En précisant que « les futurs commerçants devront respecter la loi Littoral, et pratiquer leurs activités dans des constructions démontables« .
Concrètement, où en est-on ?
« Un appel d’offres a été lancé par la ville il y a un mois et demi, nous attendons donc un retour des propositions d’entreprises qui viendront s’installer sur 20% de la plage. Mais, le projet de privatisation ne prendra forme qu’à l’été 2016. Il concerne d’ailleurs uniquement la partie Sud de la plage ».
Et les autres plages suivront-elles la tendance ?
« Oui, mais uniquement celle de la Pointe-Rouge dans un premier temps, suivi plus tard par les plages du Prado. Nous sommes en discussion pour une reprise de concession à l’Etat sur la Pointe-Rouge, comme nous l’avons fait aux Catalans. Nous n’avons pas encore signé avec l’Etat. Mais là, la situation est différente car il existe déjà un bon nombre de restaurateurs sur la plage, qui ont aujourd’hui une AOT en accord avec l’Etat. Si cette concession se fait, ce n’est donc plus l’Etat qui touchera les loyers des restaurateurs, mais la ville directement. La signature est prévue courant 2016, car ce n’est pas simple à gérer. Sur les Catalans par exemple, nous avons mis 4 ans à finaliser ce contrat de concession « .
En contrepartie de cette récupération des loyers, « la ville doit s’engager à réaliser des travaux de mise en valeur de ses plages, comme c’est actuellement le cas sur la plage des Catalans. Sur la Pointe-Rouge, la ville prévoit de réaliser des investissements destinés à protéger la plage. C’est à dire, aménager des digues permettant d’empêcher le grignotage de la plage « .
Pour les plages du Prado, la ville souhaite « récupérer la concession à Sogima qui prend fin en 2018″. Mais concrètement, cela ne fait pas de différence pour les Marseillais, car l’installation de transats est une pratique qui existe déjà. Elle est mise en place chaque été par les restaurateurs de l’Escale Borély. En revanche, l’élu insiste sur le fait que « pour l’instant, la plage des Prophètes n’est pas concernée pas cette mesure, car la plage s’y prête moins et nous ne voulons pas faire ça partout « .
Que répondez-vous aux Marseillais qui s’opposent à cet accès payant à la mer ?
« D’abord, l’accès à la mer restera gratuit, je vous signale quand même que sur les Catalans, on augmente la superficie de l’accès à la plage. Que sur la Pointe-Rouge, si nous la protégeons c’est pour que plus de monde puisse en profiter. Après, il y a d’autres Marseillais qui veulent des services liés aux plages, c’est à dire matelas, buvettes, etc. tels qu’ils les trouvent à Bandol, Saint-Cyr, La Ciotat ou ailleurs, et où ils vont d’ailleurs dépenser de l’argent au lieu de le dépenser à Marseille. Et, je pense que s’il était dépensé à Marseille, ça serait mieux. On essaye de satisfaire tout le monde. Ceux qui veulent y accéder gratuitement et ceux qui veulent bénéficier de la plage avec des services connexes. Et, ça on ne peut pas l’ignorer ». Il poursuit dans ce sens, « Aujourd’hui, si l’on veut que nos plages soient mieux gérées, il faut aussi passer par une dynamique différente. Une plage, c’est un endroit qui est certes un espace de liberté, mais qui n’est pas géré. Et la gestion, c’est aussi la présence d’acteurs économiques importants. »
On peut donc imaginer qu’avec ces mesures, vous allez mettre le paquet sur la qualité de l’eau et des plages ?
« On le fait déjà ! Je vous signale que les derniers résultats que nous avons sont satisfaisants sur l’ensemble des plages de la ville et conforment à la directive 2015 (Ndlr : la directive 2015 divise par 4 le seuil de tolérance des polluants bactériologiques présents dans les eaux de baignade). On a des progrès à faire et on les fait. Par exemple, c’est ce que nous faisons avec le bassin de rétention de Ganay qui nous permettra d’avoir une meilleure gestion de l’eau lors des orages. Ceux sont des investissements très importants qui sont destinés à améliorer la qualité de l’eau de mer. Et, la concession sur la plage nous permettra sans doute d’être aussi plus performant dans ce domaine là ».
* Un décret autorise à chaque mairie le droit de concéder l’exploitation du domaine public littoral pour un espace représentant au maximum 20% de l’espace total des plages de la commune, il s’agit du décret 2006-608 du 26 mai 2006 relatif aux concessions de plage, en application de l’art. L.321-9 du code de l’environnement. Depuis 2006, une plus grande partie des plages est libre de toute occupation durant la saison touristique : au minimum 80 % de la surface et de la longueur du rivage au lieu de 70 % précédemment pour les plages naturelles, 50 % au lieu de 25 % pour les plages artificielles (plages initialement créées par l’homme).
Je suis contre archi contre. Que la Ville modernise l’accès aux plages, avec des transports dignes d’une vraie ville écologique, avec une déambulation piétonne pourquoi pas! que les restaurateurs respectent le règlement démontable, ok, mais la Pointe Rouge avec des transats payants non merci! N’ont-ils pas vu que ce sont des plages populaires ? qui dépensent 60 euros par jour sur les plages à Marseille ? une minorité! Je ne connait que des privilégiés qui peuvent aller sur la Côte d’Azur tous les week-ends pour y trouver du m’as-tu vu et c’est tout. Ceux qui viennent aux plages à Marseille y cherchent autre chose, justement ce qu’on ne veut pas de la Côte d’Azur. les plages Marseillaises doivent avant tout correspondre aux Marseillais! Pourquoi devrions-nous voir notre espace de liberté réduit : ne me dîtes pas que les zones privatisées du Prado ne suffisent pas ! Par contre oui un peu plus d’animation musicale le soir à la pointe rouge oui! mais ça on suppose que ça dérange les riverains. N’ont-ils pas assez de nos impôts pour payer les intérêts du montage financier du Vélodrome, il faut encore gagner des sous en créant des besoins artificiels !