« Je suis candidate à la présidence de la métropole en 2020« , c’est avec ces mots que Martine Vassal, présidente (LR) du conseil départemental des Bouches du Rhône depuis bientôt deux ans, et vice-présidente de la Métropole Aix Marseille Provence depuis un an, nous a annoncé son nouveau défi.
L’élue se confie également sur l’actualité nationale, les élections présidentielles, le cas Fillon, sa proposition de suppression de 500 000 postes de fonctionnaires à laquelle elle s’oppose, car elle concernerait principalement les agents des collectivités territoriales ou encore la surpression du département pour fusionner avec la métropole, une mesure qu’elle ne trouve pas envisageable.
La fusion département – métropole, pas vraiment envisageable
« Je pense qu’il y a une cohésion entre ce que fait le département et la métropole, et je serai candidate en 2020« . Aujourd’hui à la tête d’une institution dont l’existence même est vivement remise en question par certains observateurs, et notamment par Patrick Mennucci, député socialiste marseillais, Martine Vassal se positionne pour que les deux collectivités, département et métropole continuent à coexister.
« Je pense qu’avant de commencer à penser que l’on puisse faire fusionner les deux institutions, il faudrait voir s’il est possible de légiférer sur le changement de département d’une commune. Il y a 29 communes qui sont dans le département et hors de la métropole, plus deux communes qui sont dans deux départements différents. Il faudrait m’expliquer comment on fait pour les intégrer ? Par exemple, le maire de Pertuis voudrait rentrer dans le département des Bouches du Rhône et quitter le Vaucluse, mais c’est compliqué ».
« La difficulté de la métropole aujourd’hui, c’est que l’on perd cette action de proximité. Moi, je suis pour une métropole qui mène de grands axes : transports, économie, université, santé. Des thématiques qui couvrent tout, sans obligatoirement aller dans le détail. A l’inverse, le département est une collectivité de proximité, que ce soit avec les MDS ou notre proximité avec les maires. On travaille énormément avec les maires sur tous leurs sujets. Il faudrait donc réussir à trouver un système métropolitain pour qu’on aille tous dans le même sens. Après, il y a un problème financier énorme. On n’a pas les moyens dès le départ de mener les projets. »
Le ministre socialiste Jean-Michel Baylet, en charge de l’Aménagement du Territoire, est venu faire un chèque de 13 millions d’euros à la métropole la semaine dernière. Pour Martine Vassal, c’est largement insuffisant. « C’est gentil, mais c’est une goutte d’eau ! Pour la métropole, il faut une agence comme à Paris, qui s’occupe des transports sur la totalité du territoire, et ce n’est toujours pas créé, on est déjà en février… » Et la situation ne risque pas de s’accélérer avec les élections présidentielles et législatives, qui limitent les prises de décision en ce moment.
« Il faut que l’on réfléchisse maintenant à comment être utile aux populations et comment éviter les strates supplémentaires. Comment éviter la dilution des prises de décision. C’est là le fond du problème, après qu’elle est la structure adaptée, l’avenir nous le dira. Le conseil général est menacé de disparition depuis 1982, et on est toujours là… Il faut comprendre, que moi personnellement, je ne suis pas attachée à une institution en particulier, mais aux résultats qu’elles donnent. Ici (Ndlr : au département), ça fonctionne. »
Sous entendu donc que la métropole ne fonctionne pas bien pour le moment. L’élue rétorque « MPM a mis 10 ans pour se mettre en place, cela risque d’être un peu pareil avec la métropole, mais on n’a pas le temps d’attendre. C’est pour ça que je voulais une métropole progressive, sur des thématiques précises comme l’économie. En ce moment, nous travaillons sur la stratégie économique de la métropole, que l’on va présenter au mois de mars, on a bien avancé, on a travaillé en concertation avec les territoires, c’est quelque chose qui se fait au niveau macro et pas micro. Pour les transports, c’est pareil, on sait ce qu’on veut. On attend maintenant que l’Etat nous aide. Au fond, tout ce que l’on veut, c’est que la métropole soit traitée au même titre que celle de Paris. Pas plus, pas moins. »
Une vision de proximité accentuée pour rendre Marseille plus propre
L’un des autres grands défis de la métropole se trouve précisément dans la capacité à rendre Marseille « plus propre », en reprenant la main à la fois sur le comportement malveillant de certains citoyens et sur le travail de certains employés des services de propreté. Pour cela, Martine Vassal envisage de réorganiser la répartition du travail des cantonniers par exemple.
« Dans les plus petites communes du territoire, on ne rencontre pas ce problème de propreté comme à Marseille. Pourquoi ? A cause de la proximité. Prenez Gémenos par exemple, le maire connaît son équipe, ses cantonniers, il sait qui travaille dans quelle rue. A Marseille, le problème est que la ville est tellement vaste que personne ne fait attention à ce qu’il fait, qu’il y a des dépôts d’ordures n’importe où. En ce moment, des caméras sont en train d’être installées pour surveiller un peu mieux… Mais, avant, on connaissait le cantonnier de son quartier. » Et quand on lui parle de Paris ou Bordeaux, l’élue est ferme : « Paris est une ville sale, on n’a rien à lui envier, et Bordeaux, c’est un arrondissement de Marseille. Comparons ce qui est comparable ».
Avant de poursuivre « On a eu des résultats en 2004 – 2005, quand on faisait les campagnes de propreté par secteur, c’est-à-dire avec les élus de secteurs et avec les responsables de MPM à l’époque. Il faut arriver à avoir un nombre suffisant de cantonniers et une fidélisation de leur travail. Comment voulez-vous qu’un cantonnier, quand vous le mettez un jour aux Cinq Avenues, le lendemain, boulevard de la Concorde, il puisse connaître son secteur et se l’approprier ? Il faut aussi davantage cibler les secteurs qui en ont le plus besoin pour y augmenter le nombre de cantonniers. »
Quant à savoir si la privatisation des missions de propreté de la métropole est une solution, l’intéressée ne semble pas convaincue. « Non pas plus que le fonctionnement public. La différence, c’est que vous tapez sur l’entreprise si elle fait mal son travail. Mais tout cela dépend surtout du cahier des charges que vous avez passé avec l’entreprise. Tout dépend en fait de la demande que vous faites. Si vous privatisez un secteur et que vous dites à l’entreprise qu’il y a quatre rues à nettoyer alors qu’il y en a cinq, la cinquième ne sera pas nettoyée. La vraie solution est d’avoir le reflet de ce qui se passe au quotidien, de savoir où est la problématique. Après, en parallèle, il faut avoir une sensibilisation au niveau de la population, pour pas qu’on fasse n’importe quoi, qu’on jette n’importe quand et n’importe où. Je pars du principe que la saleté attire la saleté et la propreté attire la propreté. Mais ces dernières années, je dois dire qu’il y a quand même eu des améliorations et les élus comme Guy Teissier et Monique Cordier y ont participé. Après, c’est un travail de tous les jours. »
Contre la surpression de 500 000 postes de fonctionnaires proposée par François Fillon
S’il apparaît clairement que Martine Vassal dénonce un manque de moyens financiers, à la fois pour le département, mais aussi pour la métropole, il est tout aussi clair de voir qu’elle s’oppose à la proposition du candidat de son parti à l’élection présidentielle. Une mesure qu’elle avait déjà taclée à l’occasion de sa cérémonie des voeux, début janvier, et qui selon elle devrait être au coeur du débat. Mais le débat médiatique a la « tête ailleurs », du côté de l’affaire « PénélopeGate ».
@MartineVassal « Nous devons continuer à faire des économies là où ça ne nuit pas au service public » @departement13 pic.twitter.com/mibT6HbyT6
— Made in Marseille (@MadeMarseille) 6 janvier 2017
Un regret pour l’élue : « Quand on annonce des chiffres, il faudrait derrière nous dire comment on va faire. Alors, au fur et à mesure, on commence à comprendre que cette suppression de 500 000 fonctionnaires ne concernera ni les policiers, ni les infirmiers… donc effectivement, cela va s’appliquer sur la fonction territoriale. Moi, j’aimerais qu’on m’explique comment ? Prenons un exemple qui nous concerne, les collèges. Dans les collèges, on a des ATC (Ndlr : adjoints techniques en charge de l’accueil, de l’entretien, des réparations, etc.) et des cuisiniers. Si demain, sur les 1500 fonctionnaires des collèges du département, on me dit que je dois en supprimer le tiers, qui va faire le travail ? On fera appel à une société privée. Cela revient au même. Je pense qu’il faut vraiment faire une analyse fine des besoins, collectivité par collectivité, mais surtout pas annoncer des chiffres de 500 000 fonctionnaires ou rien… Et dans les MDS, je vais supprimer des postes d’assistants sociaux ? Moi au contraire, pour faire face à l’augmentation de la précarité, je suis en train d’augmenter ce nombre… Donc, si je suis ce raisonnement, je ne devrais pas le faire. Quand on m’aura expliqué où je supprime des postes, je pourrais dire si je suis d’accord ou non ».
On s’est alors demandé si Martine Vassal n’avait pas pu échanger avec Valérie Boyer, porte parole de François Fillon, sur ces questions primordiales. L’élue nous répond : « Non, parce qu’avec les affaires en cours, on n’a pas pu se pencher sur ce sujet. Tout le monde est complètement focalisé sur le candidat et on n’arrive pas à travailler sur le programme. Sur la question de la santé, j’ai une totale confiance en Valérie Boyer qui connaît très bien le sujet, mais sur le reste et sur les postes de fonctionnaires, je n’ai pas plus d’informations. »
Avant de conclure sur le cas Fillon « Il faudrait qu’à la fin de semaine, on ait pris une décision, pour qu’on puisse se remettre à travailler « .