Situé dans le village de Château-Gombert (13e), le musée du Terroir Marseillais n’est plus ouvert aujourd’hui que sur rendez-vous faute de moyens. C’est pourquoi les responsables viennent de lancer une campagne de crowdfunding afin de réparer le matériel défectueux et ouvrir de nouveau l’établissement en semaine, au moins pour les fêtes de fin d’année.
Le musée du Terroir Marseillais a été créé en 1928 par Jean-Baptiste Julien-Pignol, dernier descendant d’une famille d’entrepreneur et entrepreneur lui-même. À l’époque, il porte le nom de « Muséon d’Art Prouvençau » et a été imaginé sur le modèle du Muséon Arlaten, situé en Arles, et inauguré en 1908 sous l’impulsion du poète Frédéric Mistral. Tous deux ont la même vocation : conserver les traces d’une culture locale menacée de bouleversements à l’aube du monde contemporain et légitimer une culture régionale singulière. Ces deux établissements sont aujourd’hui les deux musées d’ethnographie provençale dans les Bouches-du-Rhône et celui du terroir est même le seul présent à Marseille.
Cependant aujourd’hui, et depuis l’été 2016, le musée du Terroir Marseillais tourne au ralenti. Car faute de moyens, il ne peut plus ouvrir que sur rendez-vous. Le nombre d’employés a aussi été réduit ces dernières années, passant de huit à deux actuellement. Pour autant, l’équipe encore en place composée des deux directeurs et du conservateur bénévole est bien déterminée à trouver des fonds pour continuer à faire vivre ce patrimoine gombertois.
Objectif : 10 000€ à atteindre
Pour trouver des fonds et permettre à tous Marseillais qui le souhaitent de se mobiliser pour le musée, une campagne de crowdfunding a été lancée à la fin du mois de novembre. L’objectif est fixé à 10 000€ qui permettront de financer la réouverture de l’établissement en semaine pour les fêtes de fin d’année et le début 2017. « Grâce à ces dons, nous pourrons également réparer le matériel qui permet la mise en scène des expositions ainsi que les équipements audiovisuels et sonores, aujourd’hui défectueux », souligne Evelyne Brémond, directrice du musée.
Car le musée n’est pas qu’un simple lieu où sont exposés des objets. En plus des reconstitutions de scène de vie d’époque, comme une cuisine de ferme et une chambre bourgeoise qui permettent de se faire une idée du cadre de vie dans l’ancienne Provence, l’établissement a misé sur les nouvelles technologies et l’animation pour rendre ses expositions plus vivantes. Le musée est même doté du robot humanoïde Nao. « Nous travaillons en lien avec les universités et les formations locales comme Polytech Marseille et le Technopôle de Château-Gombert. Grâce à eux, nous bénéficions de technologies de qualité, mais qui nécessitent aussi de la maintenance », explique Evelyne Brémondy.
Parmi les richesses du musée, on retrouve sa grande collection de costumes, en particulier de costumes féminins. Cette dernière se compose de pièces de différentes catégories sociales, de la ville et de la campagne et d’époques très variées depuis le 17ème siècle jusqu’au 20ème siècle. Surtout, c’est la collection de santons de l’établissement qui est impressionnante, constituée des premiers santons en papier mâché du 18ème siècle jusqu’aux œuvres des santonniers contemporains, en passant par les plus grands noms de la tradition provençale comme Jean-Louis Lagnel ou encore l’Abbé Sumien.
Un déclin depuis plusieurs années
Evelyne Brémondy le reconnaît, la situation financière du musée n’est pas au beau fixe. Car outre le fait que l’établissement est situé dans un village en périphérie du centre-ville peu desservi en transports en commun et que sa fréquentation a beaucoup baissé, il fait en plus partie de l’Espace Pignol, un domaine culturel et touristique dédié à la mémoire des modes de vies provençaux. En plus du musée, cet espace compte diverses activités qui permettent de se financer les unes et les autres telles qu’une boutique, une librairie, un restaurant et un hôtel.
Or les travaux de rénovation et de restauration des bâtiments qui ont été mis en œuvre au cours des années 2000 ont largement fragilisé les finances de l’association qui en a la charge. Si les collectivités publiques, à savoir la Ville de Marseille, le Département des Bouches-du-Rhône et la Région Paca, accordaient des subventions au musée jusqu’à présent, elles ont été suspendues depuis 2016 pour les deux premières institutions. « La suppression des aides est une décision collective décidée par la Préfecture. Elle est la conséquence de la mauvaise situation financière de ce musée privé », explique Sabine Bernasconi, déléguée à la Culture au sein du Conseil départemental.
Une suppression que ne comprend pas Evelyne Brémondy pour qui une structure culturelle ne peut pas s’autofinancer aujourd’hui uniquement sur ses propres fonds. Si la Région a maintenu sa subvention de 27 000€, les 90 000€ de la Ville et 57 000€ du département manquent cruellement à l’établissement. Pour autant, l’équipe du Terroir Marseillais ne baisse pas les bras et espère bien pouvoir compter sur la mobilisation des habitants pour sauver le « seul musée qui défend l’identité provençale et la culture marseillaise » dans la ville.
Par Agathe Perrier