Six mois après la fin officielle du rejet des « boues rouges » dans les calanques, remplacé par un effluent liquide moins polluant, les rejets de l’usine Altéo de Gardanne se révèlent supérieurs aux normes européennes. Il y a quelques jours, l’État par le biais du Préfet de région a alors mis en demeure l’entreprise de rectifier la situation dans un délai de deux mois.
En décembre dernier Stéphane Bouillon, préfet de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur et préfet des Bouches-du-Rhône a autorisé l’usine Altéo de Gardanne à continuer à exploiter à compter du 1er janvier 2016 ses usines sur le site de Gardanne et a autorisé, pour une durée de six ans, le rejet dans la mer d’effluents aqueux dépassant les limites réglementaires. Une décision qui avait suscité beaucoup de réactions, certaines favorables, d’autres non car craignant que la situation des dernières décennies ne se répète.
Mais le 21 juin dernier, « coup de théâtre ». Après des contrôles inopinés effectués par la DREAL, l’instance chargée de mettre en œuvre les politiques de l’État dite Direction régionale pour l’environnement, le logement, le développement et l’aménagement durables, dont une partie des résultats s’avèrent supérieurs aux seuils fixés en décembre, le Préfet a mis en demeure Altéo de se mettre en conformité dans un délai de deux mois.
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Quatre contrôles inopinés en seulement deux mois
L’usine Alteo assure elle-même une surveillance de ses rejets. D’après les éléments issus de cette auto-surveillance, certains rejets sont conformes aux seuils fixés par l’arrêté du 28 décembre 2015 voire même inférieurs. Mais des « dépassements ponctuels » ont également été constatés par l’entreprise.
Un constat confirmé par la DREAL qui, en l’espace de deux mois, a effectué quatre contrôles inopinés sur commande de l’État à l’usine de Gardanne. « La DREAL a opéré, de son côté, une série de contrôles inopinés qui ont, d’une part, confirmé que certains taux étaient inférieurs aux seuils réglementaires et, d’autre part, établi la non-conformité de rejets en mer sur certains paramètres dont le pH et les matières en suspension », souligne la préfecture des Bouches-du-Rhône dans un communiqué.
Face à ces résultats, le préfet Stéphane Bouillon a agi en mettant en demeure Altéo, dans un délai de deux mois, de mettre tous ses rejets en conformité par rapport aux dispositions de l’arrêté de décembre. Une décision qui a peut-être surpris certains, mais qui a surtout été appréciée par de nombreux acteurs.
« C’est la première fois qu’Altéo est rappelé à l’ordre aussi fortement et en si peu de temps, seulement un mois après les dernières études. Enfin l’État prend son rôle de contrôleur et de censeur de l’activité d’Altéo à cœur alors que cela fait des décennies qu’il ne fait rien », nous a confié Didier Réault, Adjoint à la Mer au maire de Marseille et président du Parc national des Calanques.
Quelle sanction risque Altéo ?
Conformément à ce qui est prévu dans le code de l’Environnement, si Altéo ne réduit pas sa pollution d’ici deux mois, l’entreprise risque diverses sanctions. Cela peut aller de la « simple » amende voire à une suspension de son activité.
« Jusqu’à maintenant, l’usine Altéo a déjà fait des efforts pour réduire sa pollution, comme le révèlent les résultats d’analyse, mais il y en a encore d’autres à faire pour aller vers les normes acceptables. Il faut que l’entreprise cherche encore des solutions et fasse des efforts pour en trouver d’autres afin de respecter les normes européennes », tient à souligner Didier Réault.
Si elle parvient à réduire sa pollution dans le délai qui lui est imparti, Altéo pourra poursuivre les rejets de ses effluents liquides pendant encore cinq ans et demi. Autant d’années qui lui ont été accordées pour trouver une solution afin de cesser définitivement tout rejet dans le futur.
Par Agathe Perrier