À 80 ans, Michèle Bichon est une figure emblématique du tennis marseillais. Double championne de France et d’Europe, elle a encore décroché en mars dernier deux nouvelles médailles d’or lors de la Coupe du monde de tennis.

Voilà une sportive marseillaise qui balaie les idées reçues à coups de revers. Michèle Bichon, 80 ans au compteur, a décroché deux nouveaux titres mondiaux, en simple et par équipes, lors des championnats du monde d’Antalya en Turquie en mars dernier.

Ces deux médailles d’or viennent étoffer un riche palmarès, tant au niveau national qu’international. Licenciée au Tennis Club de Marseille (8e), Michèle Bichon est une habituée des podiums : cette compétitrice acharnée a déjà été couronnée championne de France et d’Europe à deux reprises.

Une sportive accomplie

Autant dire que les médailles, l’octogénaire ne les compte plus. Pourtant, cette ancienne professeure d’EPS a commencé à pratiquer le tennis « sur le tard », à 35 ans, avant d’entrer en compétition à l’âge de 58 ans, après le décès de son mari.

« Je suis une pièce rapportée, ironise-t-elle. Des copines m’ont proposé de jouer avec elles pour me changer les idées, et j’ai remis le pied dans la compétition. À partir de là, tout s’est enchaîné ».

Avant de fouler la terre-battue ou le gazon, Michèle Bichon s’est illustrée dans de nombreux sports de balle. Elle a été membre de l’équipe de France de handball et championne de France de basket. L’ancienne athlète a même participé aux Jeux olympiques de Tokyo en 1964, où elle a battu le record national du lancer de javelot, avec un jet à 52,88 mètres.

La philosophie du beau jeu

Malgré ce parcours impressionnant, Michèle Bichon reste humble et focalisée sur le plaisir du jeu. « Je n’ai pas une balle de tennis à la place de la tête ! », aime-t-elle répéter.

« Il y a des gens qui jouent pour gagner, quitte à faire de l’anti-jeu. Moi, j’aime bien les beaux gestes, j’essaie de pratiquer du tennis esthétique et du tennis d’attaque. Et si je perds, tant pis, je veux pratiquer du beau jeu. C’est ça qui me fait plaisir, et je m’entraîne pour ça », confie-t-elle.

Valérie Battle, coach de tennis au SMUC (Stade Marseillais Université Club) où Michèle Bichon vient régulièrement échanger quelques balles, la décrit comme « une attaquante, qui aime bien monter à la volée. Si elle perdure, c’est qu’elle a toujours ce plaisir du jeu. À bientôt 81 ans, elle a toujours une joie de vivre, une envie de progresser, une humilité… C’est une grande dame ».

michèle bichon, Vidéo | Michèle Bichon, tenniswoman marseillaise de 80 ans, collectionne les médailles d’or, Made in Marseille
Michèle et son équipe, championnes du monde au tournoi de tennis d’Umag, en Croatie, en 2019.

L’expérience de l’âge

Mais quel est donc le secret de sa longévité ? « C’est surtout une question de chance », tempère-t-elle. Adepte du régime méditerranéen, elle recommande de « bien manger, des fruits, des légumes, du poisson, un peu de viande, pas trop d’ingrédients trafiqués ou industriels. Ne pas boire à outrance… Mais ça ne m’empêche pas de boire du whisky ou du champagne quand j’en ai envie ! ».

Quand elle n’est pas sur le court, Michèle Bichon maintient une « daily routine » très active : vélo, marche, randonnée, renforcement musculaire… elle voit le tennis comme « un bon moyen de rester en forme, en plus de tout ce que ça apporte autour : les amitiés partagées, les voyages qu’on peut faire avec…».

« Au tennis, quand on prend de l’âge, on perd des qualités de vitesse et de force. Ça va moins vite, moins fort, mais on joue plus intelligemment, concède-t-elle. On fait des choses qu’on ne faisait pas quand on était jeunes, on construit mieux ses points, on parfait sa technique… Il y a toujours des petits plaisirs ».

Infatigable, Michèle Bichon s’entraîne actuellement pour les championnats de France senior qui auront lieu le 18 juin prochain, déplacés de Roland-Garros au Touquet-Paris-Plage en raison des Jeux olympiques. Un challenge de plus pour cette athlète exceptionnelle, qui ne semble pas prête à ranger sa raquette de sitôt.

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