Quelques centaines de Marseillais et figures politiques ont honoré la mémoire de Jean-Claude Gaudin, ancien maire et pilier de la droite française, lors de ses obsèques à la cathédrale de la Major, ce jeudi 23 mai.

Il était 14 heures, ce jeudi 23 mai, lorsque le cortège funéraire a quitté la maison natale de Jean-Claude Gaudin, dans le quartier de Mazargues, sous les applaudissements. L’église de ce noyau villageois marseillais (9e), où il avait grandi, a sonné le glas quelques minutes pour rendre un dernier hommage à l’ancien maire de Marseille.

Après un bref arrêt devant l’Hôtel de Ville, sa deuxième maison, où il avait exercé ses fonctions de 1995 à 2020, sous les yeux de la Bonne-Mère, la corne du navire des marins-pompiers a retenti avant que le cortège ne rejoigne la cathédrale de la Major pour la célébration des obsèques, présidée par le cardinal Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille.

Jean-Claude Gaudin, Les derniers adieux de Marseille à Jean-Claude Gaudin, Made in Marseille
© Margot Geay

Loin de la ferveur populaire, quelques centaines de Marseillais étaient présents sur le parvis pour faire leurs derniers adieux à Jean-Claude Gaudin, qui avait incarné la cité phocéenne pendant un quart de siècle. En revanche, de nombreuses personnalités politiques locales et nationales étaient présentes pour saluer la mémoire de cet ancien pilier de la droite, à commencer par sa famille politique.

Un important parterre de politiques de premier plan

D’anciens adjoints et élus qui siégeaient à ses côtés, à l’instar d’Alain Caraplis, son fidèle chef du protocole, Bernard Susini, délégué autrefois à la politique de la Ville, Bruno Gilles, ancien sénateur des Bouches-du-Rhône, Guy Teissier, ex-président de MPM, Lionel Royer-Perreaut, Martine Vassal, Renaud Muselier, Roland Blum, ancien adjoint aux finances, ainsi que les maires de droite des communes proches ou plus éloignées, à l’instar d’Éric Ciotti, président des LR, de Christian Estrosi, maire de Nice, Hubert Falco, ancien maire de Toulon, Patrick De Carolis, maire d’Arles… Tous sont venus témoigner leur respect et leur affection pour l’homme qui, à leurs yeux, avait tant œuvré pour Marseille.

Les bancs de la Major étaient garnis de figures marquantes, parmi lesquelles Brigitte Macron, le Prince Albert II de Monaco, Nicolas Sarkozy, François Bayrou, Jean-Pierre Foucault, d’anciens ministres Jean-François Mattei, Jacques Blanc, Gérard Longuet… mais également des représentants du gouvernement à l’image de Christophe Béchu et Sabrina Agresti-Roubache.

Respect et solennité

Les murs de la cathédrale vibraient des mots prononcés par ceux qui le connaissaient et le côtoyaient de près. Gérard Larcher, président du Sénat, a ouvert la série des discours qui dressaient tous le portrait d’un homme aux origines modestes, décrit comme un « redoutable débatteur » et l’un des « derniers grands dinosaures de la vie politique ».

Avec une solennité empreinte de respect, il a rappelé, d’une voix grave et posée, le parcours exceptionnel de Jean-Claude Gaudin, son dévouement inlassable à Marseille et son rôle prépondérant sur la scène politique nationale. « Jean-Claude n’était pas seulement un maire, a-t-il déclaré, il était le gardien de l’âme marseillaise, un homme de conviction et de passion, dont l’héritage marquera pour longtemps notre République ».

Jean-Claude Gaudin, décédé le lundi 20 mai à l’âge de 84 ans d’un arrêt cardiaque, « n’avait d’autre famille que Marseille, et pas de vie en dehors de la politique », a souligné Patrice Faure, au nom du président Emmanuel Macron.

Sur une note plus institutionnelle, le directeur a poursuivi en soulignant la reconnaissance de l’État envers un homme qui avait su marier tradition et modernité. « Jean-Claude Gaudin a su porter Marseille vers de nouveaux horizons, tout en préservant son identité unique. Il a été un pont entre le passé et le futur, un exemple de gouvernance et de proximité ».

Bien que formel, le discours laissait transparaître la profonde admiration d’Emmanuel Macron pour l’homme politique et « l’homme de cœur ».

Jean-Claude Gaudin, Les derniers adieux de Marseille à Jean-Claude Gaudin, Made in Marseille
Les obsèques de Jean-Claude Gaudin ont réuni de nombreuses personnalités politiques. © Alain Robert

« Marseille, c’était son épouse et les Marseillais ses enfants »

Puis, Yves Moraine, ancien adjoint de Jean-Claude Gaudin, a pris la parole, retenant son émotion et ponctuant son propos d’anecdotes touchantes emplies de tendresse et de malice, qui ont fait sourire, rire et même applaudir les quelque 1500 personnes présentes, parmi lesquelles 700 invités. « Quand on se voyait, on parlait 30 secondes de sa vie, 30 secondes de la mienne et une heure… de politique », a-t-il dit, déclenchant une salve d’applaudissements. « Marseille, c’était son épouse et les Marseillais ses enfants. Aujourd’hui, toute la ville ne parle que de lui, là où il est, il est heureux ».

Son ancien adjoint a peint un portrait haut en couleur de son mentor « habité par un idéal », évoquant ses petites manies, ses éclats de rire contagieux et son attachement profond à sa ville. « Il était plutôt FR3 que BFM, pieds et paquets que quinoa », a-t-il rappelé avec humour, préférant le couscous à la course à pieds, et le whisky au pastis… « Jean-Claude, c’était aussi ces moments partagés, ces cafés pris sur le Vieux-Port, ses éclats de voix dans les réunions, mais toujours pour la bonne cause. Il aimait les gens, et les gens l’aimaient en retour ».

Parmi les souvenirs partagés, l’évocation de Claude Bertrand, fidèle compagnon de route de Gaudin. « Claude et Jean-Claude, c’était un duo inséparable, deux âmes dédiées à la même passion : servir Marseille. Ils se comprenaient sans mots, partageaient les mêmes visions et les mêmes rêves pour cette ville », a-t-il appuyé, mettant en exergue l’importance de l’héritage politique « injustement vilipendé. Je pense que l’histoire nous rendra grâce ».

Jusqu’au bout, Yves Moraine a contenu sa tristesse qu’il a laissée l’envahir au terme de son éloge funèbre, en faisant ses adieux dans un sanglot : « Vous allez beaucoup nous manquer ».

Jean-Claude Gaudin, Les derniers adieux de Marseille à Jean-Claude Gaudin, Made in Marseille
Yves Moraine a prononcé l’éloge funèbre de Jean-Claude Gaudin © Narjasse Kerboua

« C’est un livre entier qui se referme sur plus d’un demi-siècle d’histoire politique  »

Clôturant la série de discours, Benoît Payan a également rendu un hommage appuyé à Claude Bertrand, soulignant combien il avait été un pilier aux côtés de Jean-Claude Gaudin, partageant ses combats et ses succès avec une loyauté indéfectible. « Tout au long de votre parcours, dans les tourments de la vie, dans l’intimité des doutes, des joies et des peines, dans les défaites et les victoires, et jusqu’à votre dernier souffle un lundi de Pentecôte, vous avez pu compter l’un sur l’autre ».

Lui aussi a touché un mot sur un bilan souvent critiqué, « dont seul le temps sera le casuiste », l’heure étant au recueillement, aux hommages et à l’unité. Un dernier point dont les deux hommes ont souvent parlé : « Sans trahir le secret de nos échanges, et les conseils que vous m’avez donnés, je crois comme vous que l’unité est notre premier devoir ».

Avec une touche de poésie, le maire actuel de Marseille, son successeur et adversaire politique, a déclaré : « Vous étiez Marseille dans toute sa complexité, dans ses envolées, dans ses travers parfois, ses fulgurances toujours (…) Aujourd’hui, ce n’est pas une page qui se tourne, c’est un livre entier qui se referme sur plus d’un demi-siècle d’histoire politique », a-t-il conclu avant son dernier « au-revoir monsieur le Maire ».

Jean-Claude Gaudin, Les derniers adieux de Marseille à Jean-Claude Gaudin, Made in Marseille
L’actuel maire de Marseille, Benoît Payan © Narjasse Kerboua

Le cardinal Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille, qui présidait la cérémonie, a rappelé pour sa part : « Comme chacun d’entre nous, vous n’êtes pas un saint. Malgré vos défauts et vos manquements, vous aimiez vraiment les habitants de notre ville et vous vouliez les servir du mieux que vous pouviez ». Il a également loué ce fils d’un maçon et d’une ouvrière qui avait gravi les échelons « grâce à son travail, pas à ses relations ».

« Jusqu’au bout », Jean-Claude Gaudin « avait Marseille au fond du cœur », a affirmé Brigitte Macron à l’issue de la messe, excusant l’absence d’Emmanuel Macron, retenu à Nouméa, alors que le cercueil faisait route vers le cimetière de Mazargues pour une cérémonie sobre et dans la stricte intimité de la famille. Une trentaine de gerbes ont été déposées sur la tombe marquée par le nom de l’ancien maire, sans épitaphe, gravé dans le marbre rose.


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